Expositions
The Good Culture
De la BNF au MET, The Good Life vous dévoile les expositions de photographie à visiter sans plus tarder.
Des mosaïques d’une France qui regarde dans le rétroviseur à la fabrique de l’image scientifique et commerciale, on laisse défiler le panorama de photographes qui décortiquent le monde, un cliché à la fois. Visite de quatre expositions de photographie.
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1 – Archiver le présent
Que restera-t-il des années 2020 ? La BNF tente de répondre à cette question à travers l’œuvre de 200 photographes de presse, commissionnés par le ministère de la Culture au sortir de la pandémie de Covid-19. Les quelque 450 clichés reviennent sur les bouleversements sociaux intervenus dès les années 2010, et témoignent de nos manières de vivre et de rêver la société. L’exposition, structurée autour des trois valeurs qui composent la devise nationale, révèle un pays à la fois fragmenté et ultraconnecté.
Le premier volet de l’exposition explore la liberté de culte, de mouvement (en pleine crise) et la liberté de parole, tandis que la partie intitulée « Égalités » explore le monde du travail, les rapports hommes-femmes et les différentes marginalités. On regarde autrement le chiasme entre le quotidien d’Antonin, 15 ans, devant son tracteur, de Samuel Kirszenbaum, le portrait de Bryan Attache, 18 ans, pris à La Réunion par Lewis Joly, et le cliché quasi surréaliste du Surfeur, plage de la Côte des Basques, de Pablo Baquedano, tous pris en 2022.
La section « Fraternités » porte l’espoir du vivre-ensemble sous toutes ses formes, de la réfugiée M’Balia accueillie à Marseille à l’équipe Oui-Oui saisie sur le vif lors d’une course de caisses à savon. Les images abordent aussi en filigrane les définitions de vie privée et de succès, alors que leurs auteurs se tournent parfois vers une expression numérique qui dématérialise autant qu’elle déforme la réalité.
Le désir de capter le moment présent façonne également des lanceurs d’alerte salvateurs, autant qu’il entraîne la prolifération de rapporteurs amateurs sans codes journalistiques ou mal intentionnés. L’exposition se referme avec la partie « Potentialités », qui synthétise les problématiques du parcours en offrant de possibles solutions pour le monde de demain. L’une des expositions de photographie à ne pas manquer ce printemps.
> La France sous leurs yeux, BNF, jusqu’au 23 juin. Bnf.fr
2 – Les mots d’Annie Ernaux
Prix Nobel de littérature 2022, Annie Ernaux écrit pour « venger sa race » des inégalités politiques et sociales. À la Maison européenne de la photographie, 150 tirages de Dolorès Marat, Daido Moriyama et Janine Niepce se mêlent aux extraits du Journal du dehors (1993), dans lesquels Annie Ernaux souligne la condition humaine à travers l’observation de fragments du quotidien. La collection d’instantanés littéraires opère un travelling du RER parisien à l’intérieur d’une galerie d’art, avec des vies qui se croisent parfois, mais ne se rencontrent jamais.
> Extérieurs – Annie Ernaux et la Photographie, MEP, jusqu’au 26 mai. Mep-fr.org
3 – Mathématique argentique
Laurent Millet tâtonne dans la chambre noire pour révéler des théorèmes mathématiques qui régissent le monde. Ses œuvres prennent racine dans la sculpture ou le dessin pour explorer la fabrique de l’image et de l’imaginaire. Des polyèdres de Jamnitzer aux géométries d’Euclide, il expérimente avec la gomme bichromatée couleur, qui permet d’intervenir directement sur la photo. L’une des expositions de photographie à ne pas manquer ce printemps.
> Laurent Millet. Former l’hypothèse, Centre photographique Rouen Normandie, du 24 mai au 7 septembre. Centrephotographique.com
4 – Culture pub
Quel est le point commun entre un tube de dentifrice, un chapeau et une pierre tombale ? Ces objets anodins ont tous été photographiés à des fins publicitaires, de manière littérale ou déformée, mais toujours assujettis à des velléités commerciales. Des innovateurs de la république de Weimar comme August Sander ou Ringl and Pit, en passant par Paul Outerbridge et les catalogues anonymes d’images alléchantes ultracodifiées, le Metropolitan Museum of Art de New York révèle comment la publicité a participé à la construction du langage visuel moderniste.
> The Real Thing: Unpackaging Product Photography, The Met, jusqu’au 4 août. Metmuseum.org
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