Andrea Ferrari

Fendi Factory :
Zoom sur la manufacture de demain

Patrimoine, écologie, formation, architecture… La Fendi Factory est un modèle d’excellence inspirant pour toute l’industrie du luxe. Et pas uniquement sur son territoire transalpin…

Inauguration de la nouvelle usine de maroquinerie Fendi près de Florence. Un lieu conçu en harmonie avec la nature.
Inauguration de la nouvelle usine de maroquinerie Fendi près de Florence. Un lieu conçu en harmonie avec la nature. Andrea Ferrari

Qui dit Fendi dit Rome, mais ce jour-là, c’est la capitale toscane que l’on quitte pour filer à une quinzaine de kilomètres, à Bagno a Ripoli, où la Maison romaine a ouvert, à l’automne dernier, sa nouvelle manufacture de sacs. Le lieu n’a pas été choisi par hasard.


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Fendi Factory, une manufacture de style

L’entreprise possédait déjà dans cette campagne du centre de l’Italie un atelier de production. C’est sur l’emplacement d’une ancienne briqueterie qu’elle a souhaité faire construire sa fabrique, un modèle inspirant d’écologie architecturale.

Ⓒ Andrea Ferrari.
Ⓒ Andrea Ferrari.

De la route, on l’aperçoit à peine. Toit en ondulations végétalisé, béton teint en terre de Sienne, elle a été conçue par l’agence milanaise Piuarch pour se fondre dans la nature environnante et le paysagiste Antonio Perozzi a été impliqué dans le projet dès son démarrage. D’où les vignes, le champ d’oliviers, le jardin aux essences endémiques et la totale harmonie entre extérieur et intérieur.

Il ne s’agit pas d’un habillage de façade : cette Factory, dont les -bâtiments s’étendent sur un seul niveau, fonctionne avec une énergie photovoltaïque, son eau se recycle, la qualité de l’air et son acoustique sont optimalement maîtrisées.

Les espaces de travail, se prolongeant vers l’extérieur, invitent les artisans à laisser pleinement s’exprimer leurs talents.
Les espaces de travail, se prolongeant vers l’extérieur, invitent les artisans à laisser pleinement s’exprimer leurs talents. DR

Résultat : elle est la seule usine de maroquinerie au monde à avoir obtenu la certification Leed Platinum. Ce qui en fait un modèle pour le groupe LVMH, lequel a engagé sa conversion à la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) pour toutes ses griffes et pour l’artisanat italien. On le sait, l’une des spécificités du luxe italien est d’être produit par des petits ateliers souvent familiaux qui forment un tissu dans toute la péninsule. Environ 90 % de la production Fendi est ainsi faite à façon.

Les espaces de travail, se prolongeant vers l’extérieur, invitent les artisans à laisser pleinement s’exprimer leurs talents.
Les espaces de travail, se prolongeant vers l’extérieur, invitent les artisans à laisser pleinement s’exprimer leurs talents. DR

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Une passerelle entre l’artisanat et l’industrie

La mondialisation de la fabrication des dernières décennies a fragilisé ces structures à taille humaine, tout comme la crise sanitaire. L’inauguration de cette fabrique par Antoine Arnault lors des dernières Journées Particulières est donc un symbole fort. Au-delà de la stratégie business, des objectifs économiques, il s’agit de redonner leur prestige aux savoir-faire, de créer des passerelles entre l’artisanat et l’industrie et de transmettre cette culture et ses compétences.

Ⓒ DR.
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En 2020, Fendi a ainsi lancé Hand in Hand. Dans chaque région, elle a demandé à un artisan de réinterpréter un sac Baguette en fonction de sa spécialité. Outre l’attraction que ces luxueuses œuvres d’art peuvent avoir pour les acheteurs, il s’agissait de sauvegarder et de promouvoir des pratiques manuelles précieuses.

En Sicile, Platimiro Fiorenza, 73 ans, est le dernier artisan à travailler le corail. Personne ne projetait jusqu’à présent de prendre sa succession… mais depuis qu’il a imaginé ces sacs de cuir rouge ornés d’un dessin typiquement sicilien de coraux, l’intérêt revient. Dans le Val d’Aoste, la coopérative de femmes Lou Dzeut a tissé sur des métiers en bois anciens du chanvre naturel et l’a brodé de fil rouge suivant des motifs locaux.

Ⓒ Andrea Ferrari.
Ⓒ Andrea Ferrari.

Dans les Abruzzes, le sac a été réalisé avec de la dentelle « tombolo aquilano » selon une tradition de fils cousus, noués, dont chacun représente plus de cent heures de travail. Cinq de ces artisans sont venus récemment à la fabrique. Si, pour plus de rationalité, Fendi regroupe sur ce site tous ses départements, soit le développement, la production et le stockage – minimiser les déplacements est un aspect de la RSE –, ses ateliers forment également ses propres apprentis via des masterclasses et, à travers ces artistes, leurs pupilles se sont découvert des tuteurs extraordinaires.

Ce qui prolonge le partenariat que la Maison a mis en place avec l’institut Russell–Newton pour former des jeunes au travail sellier. La Fendi Factory a six mois, ce n’est donc qu’un début. Entre passé et futur, c’est aussi son propre héritage que la patrimoniale Maison des belles peaux lègue aux nouvelles générations. 


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