Lifestyle
The Good News
Journaliste, fondatrice d’un studio d’écriture et “permotcologue”, Claire Byache invente un mot dans chaque numéro de The Good Life pour poétiser le réel. Elle vient d’éditer un coffret miraculeux de 111 nouveaux mots pour – c’est un vaste programme, avouons-le – « refaire l’amour ». Un objet indispensable par les temps qui courent...
Elle aime le kitesurf, les chevaux, ses filles, les livres, la Bretagne et, par-dessus tout, les mots. Tous les mots, surtout ceux qu’elle invente depuis quelques mois dans les colonnes de The Good Life et dans son atelier d’écriture breton de « permotculture ».
La permotculture ? Laissons Claire Byache répondre : « C’est l’action de trouver les mots, quitte à les inventer, dit-elle. Pour redonner du sens à l’histoire qu’on construit jour après jour, et à toutes les histoires qu’on a envie de réparer. Pour réussir à dire, enfin, ce que jusque-là, on parvenait seulement à tressaillir. Pour avancer sans détruire. Pour revivre. Et rêver. » C’est lors d’une formation à la permaculture que cette touche-à-tout littéraire a eu l’idée lumineuse d’appliquer les méthodes de cette forme d’agriculture, qui s’inspire de la nature pour développer des systèmes en synergie basés sur la diversité, la résilience et la productivité naturelle, à l’univers des mots.
Lire aussi : Les Français et les pourboires : une grande histoire de (dés)amour
Plus qu’une révélation, une élévation. « Le mot n’est qu’une convention, explique de son côté ma sémiologue Mariette Darrigrand. Il est fortement chargé d’idéologie : c’est sa définition même. Tout mot cristallise donc une vision du monde. Cette vision, il est toujours nécessaire de la questionner, de chercher à capter si l’on est d’accord ou pas, de voir si d’autres visions alternatives peuvent entrer quand-même dans le mot, de s’interroger : le mot a-t-il été popularisé à travers une étymologie fausse, ou complètement politique, voulue par le capitalisme, l’hygiénisme, peu importe ? Oui, ce travail est absolument nécessaire. Il a toujours été réalisé par certains esprits. »
Claire Byache est de ceux-là. Elle le prouve en éditant 111 coffrets signés de 111 mots pour « refaire l’amour ». Cet objet est un OVNI poétique. Plus concrètement, il s’agit d’une belle boîte aimantée en kraft et coverlin fabriquée sur-mesure dans laquelle se trouvent un livret de 20 pages à reliure verte, noire ou rose cousue main et 111 cartes-mots exclusives imprimées sur de magnifiques papiers artisanaux. Un exemple ? « Amendre : t’attendre avec amour. » Ou encore « Jouire : et puis, rire. »
Véritable lexique poétique, ces 111 cartes à poster, offrir, encadrer ou garder pour soi sont les nouveaux mots de l’amour « pour être en mesure de le faire, de le refaire, avec ce qui est, avec ce qu’on a. « Ces 111 mots sont une bribe, un interstice, détaille Claire Byache. Un premier pas. Ils ont été dictés par mes antennes, qui comme les vôtres captent parfaitement, pour peu qu’on les libère, les ondes de la vie. » A la rédaction de The Good Life, on adore cette idée de fabriquer à la main des mots et des sentiments. Notre préféré ? « Plumarder : rester au lit toute la journée et, peut-être, parler. »
Refaire l’amour. Coffret intégral. Exemplaires numérotés de 1 à 111, signés, 129 euros. Disponible en ligne.
