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portrait d'un jeune homme en noir et blanc
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Le libertin parisien : une espèce en voie de révolution

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Sous un sujet aussi glissant qu’un pot de vaseline, une réalité plus délicate qu’il n’y paraît. Entre clubs bien ouverts et maisons définitivement closes, portrait d’un libertin parisien au XXIème siècle.

On l’imagine volontiers blanc ivoire, ancien chasseur d’éléphant, la soixantaine bien tapée, une calvitie naissante et une épouse bien rangée dans un terroir en plein XVIème. Si l’image d’Épinal qui colle au libertin parisien a encore la peau plus dure que la cuisse légère, sachez que vous n’êtes pas au bout de vos surprises. Et quelle ne fut pas la nôtre en découvrant qu’à la nuit tombée, bien au-delà des clubs glauquissimes et des hammams sans option gommage qui s’alignent sur les premières pages de requêtes en ligne, la nuit libertine était aussi labyrinthique qu’une enfilade de catacombes, peuplée de créatures à mille lieues du sempiternel couple échangiste un brin vulgaire en quête d’un nouveau souffle.


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Le libertin parisien

Voilà maintenant deux ans que Quentin, 27 ans, fréquente un club échangiste du nord-Marais, à raison de trois à quatre fois par mois. Arrivé à Paris en 2019 pour terminer sa formation de développeur web, il se décrit comme un post-adolescent timide, à la limite de l’agoraphobie : « Je ne connaissais personne et passais mes soirées et week-ends à me demander ce que je faisais là. Paris est une ville d’une violence extrême pour les garçons qui comme moi n’ont pas le courage d’aller se frotter au monde extérieur et j’ai bien cru mourir de solitude et de chagrin », se souvient-il, visiblement amer.

La crise sanitaire aura été pour lui un véritable déclic. « Comme beaucoup de jeunes Parisiens, je me suis inscrit sur des sites de rencontres et ai commencé à faire quelques dates clandestins, qui m’ont permis de sortir peu à peu de ma coquille. Au fil des semaines, je découvrais un monde dont je ne soupçonnais pas l’existence et dont je m’étais volontairement exclu ».

Un soir, il tombe sur une jeune femme de deux ans sa cadette, Rose, avec laquelle il entame une liaison épistolaire. Au fil de leurs échanges, il découvre une fille « qui n’a pas froid aux yeux, et fréquente les clubs libertins depuis sa majorité ». Il accepte bon an mal an de se laisser convaincre de s’y rendre en duo, la perspective de la réouverture des débits de passion lui paraissant encore lointaine, voire hautement improbable. « C’est arrivé beaucoup plus vite qu’escompté ! se remémore-t-il d’un air rieur. Le premier soir, je tremblais de tous mes membres. J’ai finalement été frappé par l’écart entre ce que l’on croit être un univers de débauche et le sérieux avec lequel on est accueilli ».

Plus en sécurité qu’à la sortie du métro

Au programme, un règlement quasi-militaire, condition sine qua non de passer par la case entrée. Gratuit ou presque pour les femmes, moyennant un petit pécule pour les hommes, la plupart des clubs libertins fonctionne sur un principe de liberté bien ficelée : « nudité exigée, protections à volonté, aucune obligation de conclure… On se sent plus en sécurité ici qu’à la sortie du métro ! Au départ, j’étais étonné de voir que la parité était quasiment respectée. Maintenant, je comprends qu’il s’agit pour les femmes d’un terrain de jeu immense, à des années lumières des pressions qu’elles subissent au quotidien », analyse le quasi-trentenaire.

Si le Covid aura eu raison de nombreux lieux emblématiques ayant été forcés de mettre la clé sous la porte, les plus selects ont survécu au choc. A ce jour, aucun chiffre tangible ni aucune étude n’a été rendue publique, mais nos différents échanges et recueils de témoignages auront fini de nous convaincre que la vie libertine parisienne avait encore de belles nuits devant elle.


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