Books
The Good Culture
The Good Life décrypte l'album qui retrace le parcours du père fondateur de Star Wars.
Quand George Lucas était enfant, il préférait regarder les aventures de Flash Gordon à la télévision plutôt que de faire ses devoirs de classe. On voit où ça l’a mené : en 1977, avec Star Wars, il obtient le plus grand succès de l’histoire du cinéma. « Les Guerres de Lucas » racontent la jeunesse du réalisateur et son long combat pour mener à bien ce film auquel personne ne croyait. Moteur !
A lire aussi : George Lucas, de Star Wars au rosé de Provence
Un accident de voiture peut changer une destinée, et ce n’est pas George Lucas qui dirait le contraire. Sorti indemne d’une collision qui aurait pu lui coûter la vie alors qu’il venait de fêter ses 18 ans, le jeune George décida, sur son lit d’hôpital, de renoncer à sa vocation pour la course automobile et de suivre des études de cinéma.
Ce qui, au passage, n’enchantait guère ses parents, qui rêvaient de le voir reprendre la papeterie paternelle. Jusqu’alors, leur fils avait manifesté une fâcheuse tendance à faire leur désespoir, préférant se gaver de comic books et rêver aux exploits de Flash Gordon plutôt que de tondre la pelouse, de suivre le catéchisme et de travailler en classe.
Bien entendu, personne, à ce moment-là, ne se doutait qu’il deviendrait, quinze ans plus tard, le réalisateur du plus gros succès de l’histoire du cinéma. Son titre ? Star Wars…
« Un film de science-fiction avec des soldats de l’espace »
Lire la biographie de George Lucas a quelque chose de rassurant pour les lecteurs qui se disent que rien n’est jamais perdu et qu’il faut toujours garder l’espoir. « On m’a sous-estimé toute ma vie, j’ai l’habitude », avait dit un jour le réalisateur à Gary Kurtz, son bras droit.
L’album retrace le parcours semé d’embûches d’un gamin né à Modesto, en Californie. Une ville dont le nom a déteint sur ce jeune homme dont la modestie naturelle n’a d’égale que sa capacité à rêver.
Après des débuts encourageants avec Electronic Labyrinth: THX 1138 4EB, son court métrage de fin d’études qui fit sa réputation de petit génie et qui lui valut l’admiration d’un certain Steven Spielberg, il remporta cinq Oscar en 1974 pour American Graffiti, un film qui rendait hommage à sa jeunesse et au rock’n’roll lui servant de bande-son.
Devenu millionnaire, George Lucas pouvait enfin se consacrer à son grand projet, ce film de science-fiction « avec des soldats de l’espace », comme il le résumait luimême. C’est à ce moment-là que ses ennuis commencèrent…
Retrouver, à travers Star Wars, la magie de l’enfance
Laurent Hopman et Renaud Roche s’appuient sur une solide bibliographie – et une passion commune pour Star Wars – pour retracer, outre la jeunesse de Lucas, le parcours du combattant que fut la conception et la réalisation de ce film mythique.
À la narration parfaitement maîtrisée par le scénariste répond le graphisme très expressif du dessinateur, qui a su mettre à profit son expérience du story-board pour privilégier le rythme et l’efficacité.
Il conjugue science du mouvement et capacité à saisir les expressions des personnages, sans s’attarder sur les décors ou sur les figures secondaires afin de mieux se concentrer sur l’action et de capter l’attention du lecteur, tout en rehaussant sa bichromie de touches de couleur, comme autant de ruptures de ton.
Le récit salue la dimension universelle de Star Wars, qui puise son inspiration dans ces mythes de l’histoire humaine qui nourrissent toutes les grandes sagas. Au-delà des anecdotes – George Lucas tenait à ce que le vaisseau Faucon Millenium ressemble à un mélange entre… un burger et une côte de porc ! –, l’album met en scène l’incompréhension mutuelle entre les costards-cravates qui dirigeaient le studio, dont l’aveuglement artistique apparaît au grand jour, et les ambitions créatives du réalisateur.
« Avec ce film, il essayait juste de retrouver la magie de son enfance », résume Marcia, l’épouse et monteuse de George Lucas. Les auteurs brossent le portrait plein d’humanité d’un personnage attachant, à des années lumière de ces cinéastes caractériels et mégalomanes qui ont fait la (mauvaise) réputation d’Hollywood, pour mettre en scène la simplicité d’un homme en proie au doute et qui a passé son temps à réécrire son scénario – un comble pour lui qui détestait écrire.
Dédiées « à tous les rêveurs qui n’abandonnent pas », Les Guerres de Lucas sont à la fois l’histoire passionnante d’un moment clé de l’histoire du cinéma et une leçon de vie dont la philosophie tient en quelques mots : pour peu que l’on décide de croire en nos rêves, la Force sera toujours avec nous…
Les Guerres de Lucas
Laurent Hopman et Renaud Roche, Deman Éditions, 208 p., 24,90 €.
A lire aussi : Quand la bande dessinée se projette dans le futur
