×
À 46 ans, l’Allemand Benedikt Böhm parvient à conjuguer sa pratique des sports de haute montagne avec la direction de la société Dynafit, 2023 - TGL
À 46 ans, l’Allemand Benedikt Böhm parvient à conjuguer sa pratique des sports de haute montagne avec la direction de la société Dynafit, 2023 - TGL
Marine Mimouni

The Good Business // Profiles

Dynafit : la montagne pour les athlètes, par des athlètes

Profiles

The Good Business

À 46 ans, l’Allemand Benedikt Böhm parvient à conjuguer sa pratique des sports de haute montagne avec la direction de la société Dynafit. Qui mieux que cet athlète hors pair pour porter les couleurs d’une marque dont les produits experts, conçus pour arpenter tout type de terrain en altitude, se doivent d’être infaillibles ?

Le 7 octobre dernier, Benedikt Böhm parvenait à gravir les 8 188 mètres du Cho Oyu (Tibet, Chine) en moins de treize heures. Uniquement accompagné de son ami guide de montagne Prakash Sherpa, le CEO de Dynafit posait un nouveau temps de référence (12 h 35) pour avaler les 2 588 mètres de dénivelé qui séparent le camp de base du sommet de la sixième plus haute montagne du monde.


A lire aussi : Les plus belles stations de ski pour un hiver tout schuss !


À un détail près : Benedikt Böhm n’est pas exactement un sportif à 100 % professionnel, puisqu’il consacre la majeure partie de son temps à diriger la société d’équipements de montagne Dynafit.
À un détail près : Benedikt Böhm n’est pas exactement un sportif à 100 % professionnel, puisqu’il consacre la majeure partie de son temps à diriger la société d’équipements de montagne Dynafit. DR

Évidemment, l’Allemand n’en est pas à son coup d’essai dans le domaine, puisqu’il a déjà établi au cours de la décennie passée des records de vitesse au Mustagh Ata (7 546 m), au Gasherbrum II (8 035 m) ou encore au Manaslu (8 163 m).

À un détail près : Benedikt Böhm n’est pas exactement un sportif à 100 % professionnel, puisqu’il consacre la majeure partie de son temps à diriger la société d’équipements de montagne Dynafit.

Essayer Dynafit, c’est l’adopter

Beni, comme on le surnomme, est tombé très jeune dans la marmite du ski d’ascension.
Beni, comme on le surnomme, est tombé très jeune dans la marmite du ski d’ascension. DR

Voilà désormais vingt ans que cet adepte de la montée et descente à ski a intégré la marque qui a révolutionné le monde du ski de randonnée. « À partir du jour où j’ai essayé le combo chaussures-­fixations Dynafit, que l’on m’avait, soit dit en passant, un peu forcé à tester, en me le proposant à une cinquantaine d’euros, j’ai été totalement convaincu par la force et l’intelligence de ce produit », confesse-t-il.

Beni, comme on le surnomme, est tombé très jeune dans la marmite du ski d’ascension. Enfant plutôt hyperactif, il arrive à canaliser son énergie lorsqu’il découvre le ski de fond, d’abord, puis le ski-­alpinisme – la version sportive du ski de randonnée.

Très rapidement, il va s’affirmer comme l’un des meilleurs pratiquants de cette discipline, qui consiste à gravir puis descendre un sommet aussi vite que possible, skis aux pieds.

À 46 ans, l’Allemand Benedikt Böhm parvient à conjuguer sa pratique des sports de haute montagne avec la direction de la société Dynafit, 2023.
À 46 ans, l’Allemand Benedikt Böhm parvient à conjuguer sa pratique des sports de haute montagne avec la direction de la société Dynafit, 2023. DR

Il rejoint sans peine l’équipe allemande, puis, durant son service militaire, celle chargée de défendre les couleurs de la nation lors de courses comme la Patrouille des glaciers. Pour autant, Beni ne perd pas de vue son envie de mener des études supérieures.

Ainsi, il intègre en 1998 l’Oxford Brookes University (Royaume-Uni), puis l’université du Massachusetts, à Amherst (États-Unis). Mais l’univers de la montagne est toujours présent dans son esprit, a fortiori lorsqu’il se met en quête d’un emploi.

Après une période faste dans les années 70 et 80, la marque Dynafit se retrouve embarquée dans le rêve fou d’un passionné de ski de randonnée, Fritz Barthel, qui en a assez de devoir soulever des kilos à chaque pas – les fixations pèsent alors 1,5 kg chacune.
Après une période faste dans les années 70 et 80, la marque Dynafit se retrouve embarquée dans le rêve fou d’un passionné de ski de randonnée, Fritz Barthel, qui en a assez de devoir soulever des kilos à chaque pas – les fixations pèsent alors 1,5 kg chacune. DR

« Dynafit était le type de boîte dans laquelle je rêvais de travailler », affirme-t-il. Sans doute parce que l’histoire de Dynafit n’est pas des plus banales, rythmée de challenges et de remises en question. « Je suis arrivé dans cette aventure en 2003, lannée du rachat de Dynafit par la société Salewa, se souvient-­­il. C’était pile le bon moment, car le challenge consistait à rendre le ski de rando cool, glamour… En gros, il fallait avoir une vision pour ce sport. Et ça a décollé grâce à la qualité des produits, au design et à notre côté intuitif. »

Normalement, dans l’industrie, il est d’usage de respecter certaines règles évidentes permettant au consommateur de se fier à ce qu’il voit. « En d’autres termes, tu achètes ce en quoi tu crois », résume-t-il. Dans le cas des fixations Dynafit, le dispositif semblait d’une telle fragilité qu’il semait le doute chez celui qui ne l’avait jamais testé.


A lire aussi : The Good Mountain : 5 stations de ski culte en Argentine


Une efficacité à toute épreuve

Benedikt Böhm, jamais sans ses skis Dynafit, aux pieds ou, le temps de l’ascension, fixés sur son sac à dos.
Benedikt Böhm, jamais sans ses skis Dynafit, aux pieds ou, le temps de l’ascension, fixés sur son sac à dos. DR

« Et pourtant, ce que propose le combo chaussures-fixations inventé par Fritz Barthel est tout l’inverse, car d’une efficacité et d’une solidité à toute épreuve. » Et Benedikt Böhm de le démontrer à chacune des expéditions qu’il entreprend, lors desquelles il utilise exclusivement du matériel maison. « Nous avons développé Dynafit comme une marque pour les athlètes imaginée par des athlètes, détaille-t-il. La performance et la vitesse sont au cœur de notre ADN. »

Résultat : le speed climbing va vite devenir le credo de ce patron d’un nouveau genre. Le speed climbing ? Une ascension d’une seule traite, sans oxygène, le plus léger possible, sans sherpa, mais entouré d’une poignée de grimpeurs à armes égales face à la montagne. Aussi bizarre que cela puisse paraître, cette approche est pour lui un gage de sécurité.

Benedikt Böhm est tombé très jeune dans la marmite du ski d’ascension.
Benedikt Böhm est tombé très jeune dans la marmite du ski d’ascension. DR

« Avec toute l’adrénaline qu’elle procure, la très haute montagne, celle au-delà des 7 000 mètres, est aussi une zone de mort, relève-t-il. À ces altitudes, le manque d’oxygène [20 % de moins, NDLR] rend un périple encore plus dangereux. Moins de temps on y reste, plus les risques sont réduits. D’où d’ailleurs l’intérêt, lorsque c’est possible, de pouvoir redescendre à ski. »

Des projets durables

Il va cependant côtoyer le drame à plusieurs reprises, notamment en 2012, lorsqu’il se retrouve parmi les tout premiers à secourir des alpinistes touchés par une avalanche nocturne survenue sur les pentes du Manaslu. Et pourtant, il ne renoncera pas au défi lancé par la nature en gravissant la montagne en une quinzaine d’heures.

« Il fallait rendre ­hommage à ceux qui avaient laissé leur vie là-bas… » Au ­quotidien, il partage son existence avec sa femme et ses trois enfants, entre le siège de ­Dynafit, près de Munich, celui ­d’Oberalp, à Bolzano, en Italie, et sa maison de Kitzbühel, en Autriche, où il s’impose, tous les matins, des promenades de santé d’au moins 1 000 mètres de dénivelé.

Benedikt Böhm va côtoyer le drame à plusieurs reprises, notamment en 2012, lorsqu’il se retrouve parmi les tout premiers à secourir des alpinistes touchés par une avalanche nocturne survenue sur les pentes du Manaslu.
Benedikt Böhm va côtoyer le drame à plusieurs reprises, notamment en 2012, lorsqu’il se retrouve parmi les tout premiers à secourir des alpinistes touchés par une avalanche nocturne survenue sur les pentes du Manaslu. DR

Côté business, il aime développer des projets durables, comme l’extension de garantie sur dix ans. « Nous proposons même de réparer les produits à ceux qui le souhaitent », souligne celui qui est, par ailleurs, ambassadeur WWF depuis 2022.

Parallèlement, il a porté le projet du tout nouveau siège de Dynafit, conçu par l’agence d’architecture Barozzi Veiga, qui sera livré au ­printemps 2024, aux pieds des montagnes, à ­Kiefersfelden, au sud‑est de Munich.

« Le long de l’autoroute qui relie ­l’Allemagne à ­l’Autriche, ce ­bâtiment sera immanquable et offrira une visibilité énorme à la marque, s’enthousiasme-­t-il. Surtout, il sera ouvert au public, avec un restaurant et une boutique où l’on pourra venir découvrir l’univers des sports que nous ­accompagnons, et même concevoir ses propres skis. » Une adresse incontournable pour ceux qui souhaitent redonner leur juste place aux pratiques sportives alpines sans artifice.


A lire aussi : 6 choses à retenir sur le ski éco-responsable

Voir plus d’articles sur le sujet
Continuer la lecture