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6 choses à retenir sur le ski éco-responsable

Reports

The Good Business

Face à l’urgence climatique, les différents acteurs de la montagne prennent des mesures pour continuer à pratiquer les sports d’hiver. Oui mais, dans le respect de la transition écologique. Vous ne vous y retrouvez plus ? The Good Life dresse pour vous les 6 choses à savoir à propos du ski éco-responsable.

La station La Pierre Saint Martin, en France.
La station La Pierre Saint Martin, en France. OTHB -Abaco Digital.

Les hivers toujours plus chauds et les glaciers qui fondent ne découragent pas les amateurs de la glisse sur les pistes enneigées. Année après année, l’industrie du ski se fait d’ailleurs plus puissante. Selon l’Institute Ibis world, rien qu’aux Etats-Unis, le marché des ski resorts vaut 4,6 milliards de dollars, avec une croissance moyenne de 5,5% par an depuis 2018. Pourtant, dans le même temps, le réchauffement climatique est une épée de Damoclès pour le sport d’hiver le plus apprécié du monde et force progressivement les stations à adopter la neige artificielle. 

Les études les plus pessimistes affirment que la fin du XXIe siècle marquera le début des vraies difficultés pour la montagne.

Transition écologique, choix obligé et opportunité 

Les études les plus pessimistes affirment que la fin du XXIe siècle marquera le début des vraies difficultés pour la montagne. Pour l’instant, dans les conditions climatiques actuelles, 609 des 666 domaines skiables des Alpes (soit 91%), en Autriche, France, Allemagne, Italie et Suisse, peuvent être considérés comme snow-reliable (c’est-à-dire que sept hivers sur dix, on peut y skier pendant au moins 100 jours entre le 1er décembre et le 15 avril, ndlr). Les 9 % restants opèrent déjà dans des conditions non optimales. Et si la température venait à augmenter de deux degrés dans le monde, le nombre de zones naturellement enneigées chuterait à 404; à 202 sous un réchauffement climatique de 4 °C.

©OTHB -Abaco Digital.
©OTHB -Abaco Digital.

D’où la nécessité mais aussi l’opportunité pour les acteurs de l’industrie de changer leur modèle de business. Une transition écologique – annoncée depuis des années -,  qui, selon le rapport Case for Green Certification de l’Institut Green Business Bureau, est aussi l’occasion d’augmenter l’attractivité et les performances des stations. 84% des consommateurs choisissent en fait des marques engagées pour la durabilité écologique, alors que 61 % des entreprises affirment qu’ils ont bénéficié d’une stratégie verte.  

L’ univers complexe du ski vert 

A la manière d’une matriochka, le ski éco-responsable est un sacré morceau, qui comporte de grandes et des petites problématiques. 

©Foad Roshan.
©Foad Roshan.

1. La voiture, l’ennemi numéro un 

La voiture est d’habitude le moyen de transport choisi par les skieurs et les randonneurs, souvent empêchés de se déplacer en bus ou en navette sur place à cause de la pénurie de transports publics dans les stations alpines. Selon le cabinet Utopies, les déplacements en voiture pour une journée de ski au Grand Bornand, en Haute Savoie, sont responsables de l’émission de 25,4 kg de CO2 (soit le 50 % du total) équivalent à un voyage de 10000 km environ en TGV ! 

2. Les hébergements, une réflexion devenue obligatoire

Une réflexion le méritent aussi les hébergements et les stations, qui mettent en cause le risque de pollution du sol et de l’atmosphère tout comme la production de déchets, ou encore les consommations d’électricité, de carburant et d’eau.

Le Summit Hotel du Big Sky Resort.
Le Summit Hotel du Big Sky Resort. Jake Rothing

Une étude de réalisée par l’Association nationale des maires de stations en montagne (ANMSM) et l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) a montré en ce sens que le développement des complexes hôteliers est responsable de 35 % des émissions de CO² dans les stations en montagne. Dans ce sens, GreenGo est une plateforme alternative qui réunit plus de 3000 logements engagés pour la démarche verte. 

3. Quelle station labellisée choisir ?

Reconnaître les destinations les plus respectueuses de l’environnement n’est pas toujours facile, mais ils ne manquent pas de moyens pour s’orienter. Parmi les autres, se distingue certainement le Flocon Vert, un projet créé par l’association Mountain Riders qui évalue les différentes destinations selon 20 critères (gouvernance, économie locale, dynamiques sociales et culturelles, gestion durable des ressources) et récompense celles qui le méritent avec son label.

Camille Rey-Gorrez, présidente de Mountain Riders.
Camille Rey-Gorrez, présidente de Mountain Riders.

Trois questions à Camille Rey-Gorrez, présidente de Mountain Riders.

The Good Life : Quels sont aujourd’hui les points les plus critiques pour le ski  ?

Camille Rey-Gorrez : Tout d’abord, la pénurie de neige. Les stations aujourd’hui ont besoin de produire de la neige artificielle, ça veut dire consommer de l’énergie. On voit partout, du coup, que les domaines de ski essayent de décarboner. Ce n’est pas compliqué, mais il n’est pas la solution non plus. Le vrai sujet c’est comment mettre en des politiques de sobriété énergétique : ouvertures partielles, moins de pistes, une gestion différente des flux de personnes. Bref, une réduction de l’activité. 

TGL : Les priorités de Flocon Vert ont-elles changé au fil des années ? 

C.R.G : Tous les cinq ans nous sommes appelés à mettre à jour notre référentiel. Nous avons apporté beaucoup de modifications par rapport à la stratégie d’adaptation climatique des territoires. Aujourd’hui l’enjeu pour nous n’est pas d’obtenir le consensus unanime de tous les acteurs sur l’ensemble des questions. L’enjeu est d’amener chacun à fournir sa part dans un projet collectif.  

TGL : Quel acteur a le plus de responsabilités par rapport à une transition écologique de la filière?  

C.R.G: La politique a sans doute une responsabilité, mais aujourd’hui la balle est dans le camp des investisseurs immobiliers, parce que dans les localités de ski de demain il faudra un équilibre entre hébergements touristiques et locations résidentiels.  

4. Les matériaux 

Skis, chaussures, casques, masques, gants… Les passionnés de ski adorent choisir leurs propres équipements. Cela pose aussi des questions. Un ski traditionnel en fin de vie, par exemple, est composé de 6% de matières récupérées et 94% enfouies ou brûlées. Il y a bien des alternatives dans le marché, comme le confirme le ski “Essential” de Rossignol, qui attend un taux de recyclabilité de 77%, en misant majoritairement sur l’acier, le bois et l’aluminium.

Vincent Wauters, PDG du groupe Rossignol.
Vincent Wauters, PDG du groupe Rossignol. Courtoisie Rossignol

Mais les experts recommandent plutôt la location du matériel ou au moins de se tourner vers la seconde main, précieuses pour faire des économies et limiter l’impact carbone de la filière. Dans ce sens, l’application Everide, lancée en novembre 2021, est considérée comme le Vinted des sportifs. 

5. Stop au hors piste ? 

Trop souvent on oublie que la montagne est le foyer d’espèces d’animaux et de plantes qui souffrent de notre invasion. Vous nous voyez venir ? Les bien-aimés hors piste déjà dangereux pour notre propre sécurité en montagne restent la première menace pour la faune sauvage. C’est le cas du Tetras Lyre, un oiseau de montagne qui pendant l’hiver se construit une sorte d’igloo dans la neige. Le passage fréquent des skieurs peut le déranger au point de le forcer à fuir de son nid et de compromettre sa survie. 

©OTHB -Abaco Digital.
©OTHB -Abaco Digital.

 

6. Où faire du ski ecofriendly ?

Quelques stations portent fièrement leur démarche écologique depuis des années et s’affirment comme des exemples vertueux dans le milieu du ski éco-responsable.

La Pierre Saint-Martin, la plus futuriste

Dans les Pyrénées françaises, la Pierre Saint Martin, nommée “station du futur” par le Flocon Vert, a mis en place un skibus et une navette pour faciliter l’accès aux pistes, réduit de 5% la quantité d’énergie pour la production de neige artificielle et de 20% la consommation énergétique des bâtiments dans la station.

©OTHB -Abaco Digital
©OTHB -Abaco Digital

Dans la vallée de Chamonix, un plan Climat Energie Territorial 

Toujours en France, la vallée de Chamonix, entre le massif du Mont-Blanc et celui du massif des Aiguilles Rouges, a lancé en 2009 un plan Climat Energie Territorial et offre aujourd’hui une libre circulation pour les visiteurs de même que des hébergements à l’efficacité énergetique ameliorée.

Le Pejo 3000, la toute première station plastic-free

Par-delà nos frontières, en Italie, le Pejo 3000 dans le Trentin est devenu en 2019 la toute première station plastic-free d’Europe. Trois centrales hydroélectriques fournissent de l’énergie renouvelable à l’ensemble de la vallée, où tous les bâtiments publics, les hôtels et même les maisons sont chauffés par un système de chauffage à bois alimenté par des déchets. 

Au Vail Resort, l’avant-garde des machines

À l’autre bout du monde, aux Etats-Unis, le Vail Resort dans le Colorado a misé sur des machines pour la fabrication de neige artificielle à faible consommation d’énergie, en établissant en même temps pour tous les bâtiments des standards écologiques à respecter. Sans oublier la restauration en cours des forêts touchées par les activités dans la station.

Le Big Sky Resort et ses remontées carbon-free

Enfin, un peu plus loin au Big Sky Resort dans le Montana, les skilift sont toutes carbon-free et la température des hôtels est optimisée grâce à des détecteurs de présence infrarouges.


L.P.

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