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48 heures à saint-paul-de-vence en provence village des surréalistes
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The Good Guide // 48 heures à

48 heures à Saint-Paul-de-Vence, village surréaliste

48 heures à

The Good Guide

Pourquoi autant d'artistes ont-il élu Saint-Paul-de-Vence comme demeure éternelle à leurs œuvres ? L'histoire ne le dit pas. On peut en revanche les admirer aux autres coins du village...

Une œuvre pour une dizaine d’habitants. C’est peu ou prou l’estimation que l’on peut tirer de la concentration exceptionnelle d’art qu’abrite Saint-Paul-de-Vence, village d’à peine plus de 3000 âmes située dans les Alpes-Maritimes. C’est ce ratio dingue qui attire aujourd’hui les plus grandes stars internationales à y faire une halte, souvent sur le chemin de la « French Riviera », le temps d’un diner-selfie à La Colombe d’Or ou d’un défilé de mode à la Fondation Maeght. Si ce beau monde ne prendre peut-être pas la peine de s’ébahir devant l’extraordinaire puissance artistique des lieux, s’offrir un week-end à Saint-Paul-de-Vence ne requiert pas leur compte en banque — et vous en rendra d’autant plus riche.


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Que faire à Saint-Paul-de-Vence ?

Malgré sa relative grande distance avec les grandes villes du nord ou de l’ouest de la France, Saint-Paul-de-Vence n’est pas un village isolé. D’un coup de taxi (une compagnie, celle de Patrice, dessert Vence et ses environs), on rejoint aisément le centre du village en moins de 20 minutes. Sur place, plus besoin de moyen de locomotion, les points d’intérêt se situent à distance de marche.

Quelques charmants hôtels nichent dans la vieille ville. Hors saison, le séjour peut prendre une saveur folklorique à dormir dans les remparts mais alors que les beaux jours arrivent, les touristes suivent. Cap hors du village vers la Fondation CAB, inaugurée en 2021 par Hubert Bonnet, homme d’affaires, entrepreneur et collectionneur déjà aux manettes d’un opus belge, qui a eu la bonne idée d’intégrer quatre chambres à sa bâtisse et d’élever une maison démontable originale de Jean Prouvé dans son jardin.

La fondation CAB s’ouvre sur une œuvre de Felice Varini.
La fondation CAB s’ouvre sur une œuvre de Felice Varini. Fanny Liaux Gasquerel

Manger, dormir et visiter la Fondation CAB

Cette fondation dédiée à l’art contemporain et au design, « minimal et conceptuel », orchestre chaque été deux expositions majeures (Edith Dekyndt et Muller van Severen cette année) et donne, sur les temps calmes de l’hiver, la chance à des artistes de s’y établir en résidence ou d’y présenter leur travail.

Dans les méandres de la fondation, originellement une galerie d’art dédiée au nouveau réalisme (César, Niki de Saint Phalle y furent exposés) agrandie et remise en beauté par Charles Zana, on dort « chez le collectionneur ». En chambre, ce sont des originaux faisant partie de la collection d’Hubert Bonnet, passionné de design, qui donnent au lieu sa fonction. Aux murs se succèdent des œuvres plus contemporaines, elles aussi propriétés du grand patron, selon ses acquisitions.

Vue de l’exposition actuelle dédiée au duo de designers Muller Van Severen (jusqu’en octobre 2024).
Vue de l’exposition actuelle dédiée au duo de designers Muller Van Severen (jusqu’en octobre 2024). Fanny Liaux Gasquerel

La décoration de la maison démontable Jean Prouvé évolue quant à elle peu, voire pas, imaginée par Hubert Bonnet sous le même principe que les chambres de la fondation, avec du mobilier édité dans les années 40-50 Prouvé lui-même (deux chaises Model 306, une table « Cafétéria », une armoire « Cachan »), Pierre Jeanneret (fauteuils Chandigarh et table basse) et un lit Perriand. Une expérience à part.

Non seulement dort-on à proximité d’œuvres d’art contemporaines, peut-on aussi y manger du matin au soir. Sol, le restaurant de la fondation CAB, nommé en hommage à Sol LeWitt (artiste minimal et conceptuel, on s’y retrouve…), propose un petit-déjeuner original à faire pâlir n’importe quel coffee-shop parisien (une brioche salée à la truffe à tomber) et un dîner tout aussi séduisant dans un mini écrin en arc-de-cercle baigné de lumière naturelle jouxtant une terrasse.

La fameuse brioche salée aux truffes du chef.
La fameuse brioche salée aux truffes du chef. Fanny Liaux Gasquerel

Visiter l’un des plus beaux centres d’art au monde à Saint-Paul-de-Vence

De passage hors de remparts de la ville, la bonne idée sera de tirer jusqu’aux hauteurs de la Fondation Maeght. Doit-on encore présenter ce lieu hors du temps ? Né de l’envie d’Aimé et Marguerite Maeght d’offrir à leur époque le libre accès à leur collection incroyable d’art surréaliste (mais pas que) dans un lieu non moins monumental, sa réalisation fut confiée à l’architecte catalan Josep Lluis Sert.

Dans la plus pure tradition moderniste, ce paquebot biscornu qui fête cette année ses 60 ans, néanmoins baigné de lumière grâce à des percées dans le plafond, fut dès sa constructions considérées comme une œuvre en elle-même par les artistes amis du couple Maeght. Ainsi devint-il la toile de Miró et de Giacometti qui firent pousser dans son jardin, sur ses murs intérieurs et extérieurs et sur ses différentes terrasses des œuvres XXL toujours en place aujourd’hui, un peu comme certains aurait garni leur pelouse de nains de jardin…

Personnage par Joan Miró, 1972.
Personnage par Joan Miró, 1972. Fanny Liaux Gasquerel

La visite se fait et se refait. A la fondation Maeght, il faut passer d’intérieur en extérieur, se perdre dans le labyrinthe de Miró pour accéder à cette terrasse qui surplombe les environs, puis jeter un œil à la bibliothèque (publique), prendre un café avec vue sur les sculptures de Jean Arp, Eduardo Chillida, Erik Dietman, Barbara Hepworth…

Au pas de course, l’ensemble de la collection se balaye en une heure — ça, c’est pour ceux qui auront une réservation à la Colombe d’Or avant de reprendre leur train — mais le vrai luxe est d’y prendre un ticket dès l’ouverture et d’y flâner jusqu’à connaitre chaque recoin de la propriété. Mais pour ceux qui ne voudraient pas sauter le déjeuner, direction le centre du Saint-Paul-de-Vence, où se tient, juste en bas des remparts, la Colombe d’Or, comme une vigie sur son village adoré.

Une sculpture de Giacometti dont le marchand fut Aimé Maeght.
Une sculpture de Giacometti dont le marchand fut Aimé Maeght. Fanny Liaux Gasquerel

Déjeuner ou dîner sous un Picasso à la Colombe d’Or

Jay-Z et Beyoncé y ont récemment été aperçu. L’auberge n’a pourtant pas attendu l’avènement du selfie pour concentrer, déjà en son temps, les vedettes de l’époque, du couple Montand-Signoret qui s’y rencontra, à Roger Moore et Romy Schneider.

Ouvert sous le nom de « À Robinson » en 1920, le restaurant alors doté de trois chambres prend son nom actuel pour réinventer son histoire. Naguère repaire de loubards, le couple Baptistine et Paul Roux donne son envol à la Colombe, comme pour effacer le passé, en 1931. On ne saura jamais pourquoi elle est « d’or ». Mais cette Colombe a depuis fait le tour du monde.

La Colombe d’Or est un lieu éclectique, incomparable et fascinant.
La Colombe d’Or est un lieu éclectique, incomparable et fascinant. Fanny Liaux Gasquerel

En son temps, donc, elle aimante un microcosme flamboyant. Braque, Léger, Miró, Chagall (les mêmes qui se retrouvent chez les Maeght) et plus tard Calder, Arman, César et même Prévert. Tous y laisseront leur empreinte, certains plus que d’autres (« Calder avait une affection particulière pour ma belle-mère, nous glisse Danièle Roux, épouse de François, le petit-fils de Baptistine et Paul. Il lui offrait une œuvre à chacun de ses passages »). En résulte une fondation non-officielle, ouverte à tous (même à ceux qui voudraient juste jeter un œil au Picasso sans y dîner), où le menu n’a pas changé depuis des années.

La Colombe d’Or est une institution à visiter une fois dans sa vie tant l’expérience est à part. Son équipe y est pour beaucoup, bien veillante et consciente d’avoir entre ses mains plus qu’un simple hôtel-restaurant (15 chambres et 10 appartements sont désormais disponibles à la réservation grâce à une extension). Et puis, que dire de ce méli-mélo incroyable d’art surréaliste ? Rien. Il faut le vivre.

Un diner comme au musée.
Un diner comme au musée. Fanny Liaux Gasquerel

Fondation CAB
5766 Chem. des Trious

Fondation Maeght
623 Chem. des Gardettes

Colombe d’Or
Place du Général de Gaulle, 06570 Saint-Paul-de-Vence


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