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The Good Guide

La maison de Serge Gainsbourg ouvre ses portes au public

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C'est la « maison d’un solitaire qui n’aimait pas la solitude ». Ces mots sortent de la bouche de Charlotte Gainsbourg qui se fait l'hôte de la visite de l'antre où son père a tant vécu. Après des années d'incertitude sur le sort du 5 bis rue de Verneuil, la famille de l'artiste a finalement concrétisé un projet de longue haleine, celui de restituer au public l'âme de Serge Gainsbourg capturée dans les murs de sa maison historique.

La maison de Serge Gainsbourg ouvre enfin ses portes au public. Si, depuis le décès de l’auteur-compositeur-interprète préféré de toute une génération, ses fans avaient pris l’habitude de se retrouver en pélerinage devant la façade du 5 bis, rue de Verneuil, ceux-là pourront désormais franchir le seuil d’une adresse devenue mythique.


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Bien plus que la maison de Serge Gainsbourg

Ceci n’est pas un musée. Ceci est une vie qui s’est figée le 2 mars 1991.

Charlotte vous invite chez Serge…
Charlotte vous invite chez Serge… Alexis Raimbault

Comment ne pas s’émouvoir quand, dans son casque, la voix fragile de Charlotte Gainsbourg nous propose de franchir les portes de la maison de Serge. « C’est là ou je venais broyer du noir. » Cette tanière aux murs noirs dans laquelle il recevait des flics — qui finissaient par lui laisser son insigne, la collection s’affiche un peu plus loin —, des chauffeurs de taxi pour un dernier verre ou encore sa fille qui, à pas feutrés attendait toujours que son papa soit prêt à la recevoir.

On rentre chez Serge Gainsbourg par l’entrée des artistes, la même qu’ont franchi tous ceux qui ont travaillé avec lui sur l’un des trois pianos trônant dans le salon. Charlotte, qui y a enregistré « Lemon Incest » en 1984, elle, passait par la porte au bout du couloir à ciel ouvert, celle juste à côté de la cuisine ou père et fille refaisaient le monde, une micro-pièce ou le compositeur aimait conserver les bouteilles de vin qui comptaient pour lui – un Château Haut-Brion de 1928, son année de naissance, par exemple. Fantaisie du chanteur, son frigo est transparent — « il était toujours impeccable » — et une rôtissoire est accrochée au mur.

Charlotte Gainsbourg dans le salon du 5 bis rue de Verneuil.
Charlotte Gainsbourg dans le salon du 5 bis rue de Verneuil. Jean Baptiste Mondino

En toute intimité

À regarder le salon via cette nouvelle perspective — une porte s’ouvre côté cuisine également —, on se sent déjà dans l’intimité de Gainsbarre, celle que l’on partage pendant trente minutes à travers les yeux de sa fille. L’un des plus grands bonheurs de sa vie ? Devenir un figure publique. Il a donc affiché près de la seconde entrée du salon son portrait avec sa marionnette des guignols. Sa plus significative obsession ? Les Zizi, modèle de de souliers style Richelieu de la marque Repetto dont on retrouve une dizaine de paires usées jusqu’à la corne dans le vestiaire XXS niché à l’étage alors que Charlotte nous susurre à l’oreille qu’il n’était composé que de quelques chemises, jeans et vestes.

Les 130 m2 de la maison de Serge Gainsbourg ne permettent pas à la foule d’y pénétrer en masse. Alors c’est deux par deux que la visite s’effectue, un système qui provoquera probablement des files d’attente record à l’extérieur malgré la réservation par créneau — misez sur les premiers horaires ! Pas de photo, pas de vidéo, les souvenirs ça s’absorbent avec les yeux. « C’est la volonté de Charlotte », nous precise-y-on. « Elle souhaite recevoir chez son père les fans comme s’ils étaient des amis de la famille, pas des étrangers. »

Dans le bureau de Serge Gainsbourg.
Dans le bureau de Serge Gainsbourg.

Une faille temporelle

Car depuis 1991, rien n’a bougé au 5 bis, rue de Verneuil. 30 ans après la disparition de Serge Gainsbourg, cette ouverture prend des allures de miracle tant fut à de si nombreuses reprises repoussée. Le deuil a été difficile : Charlotte, pourtant pudique, se laisse aller à raconter sa dernière rencontre avec son père dans cette chambre où, allongée avec Bambou, la dernière madame Gainsbourg, et Kate, sa demie-sœur, elles passèrent « ce qui semblait être deux jours » à ses côtés, sur le lit, en écoutant à travers la fenêtre les fans entonner « Je suis venu te dire que je m’en vais » dans un dernier hommage.

Ouvrir enfin la maison de Serge Gainsbourg est un dernier adieu. L’enregistrement qui défile à nos oreilles, intime, lyrique et amical, un hommage thérapeutique. En réserver l’accès en tout petits groupes en préserve la beauté, un geste rare aujourd’hui.

Le public sera invité chez Serge Gainsbourg dès le 20 septembre 2023. Un musée, quelques numéros plus loin dans la rue de Verneuil, complètera l’expérience des fans de l’homme à tête de chou. Un bar ouvrira aussi ses portes, habillé de sa couleur favorite, le noir.

Le Gainsbarre.
Le Gainsbarre.

Maison historique de Serge Gainsbourg
5 bis Rue de Verneuil, 75007 Paris
Réservations

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