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Nice se transforme à toute allure. Ce changement d'identité ouvre de nouveaux horizons à la cinquième ville de France. Visite, 2023 - TGL
Nice se transforme à toute allure. Ce changement d'identité ouvre de nouveaux horizons à la cinquième ville de France. Visite, 2023 - TGL
Marine Mimouni

Voyage

L’incroyable effervescence économique de Nice

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Climat idéal, architecture remarquable, accès à la mer et à la montagne... Ces atouts n’attiraient hier que les touristes et les retraités. Mais Nice se transforme à toute allure, en inventant une nouvelle mobilité urbaine, en embellissant le centre-ville et en érigeant de gigantesques écoquartiers d’affaires et d’habitation. Aujourd’hui, ce sont des cadres, des étudiants et des entrepreneurs qui s’y installent. Ce changement d’identité ouvre de nouveaux horizons à la cinquième ville de France.

Nice la Belle se réinvente à toute allure pour devenir, aussi, Nice l’Attractive : ce changement d’identité ouvre de nouveaux horizons économiques à la cinquième ville de France.


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Il y a deux ans, Augustin P., un jeune architecte parisien, a trouvé un job dans un cabinet niçois. Ni lui ni sa compagne, une graphiste, ne regrettent d’avoir changé de vie : « Les balades en bateau dans la rade de Villefranche, les randonnées dans l’arrière-pays, le ski à Auron et les week-ends en Italie compensent largement une offre culturelle plus limitées qu’à Paris.« 

Parmi ses amis niçois, certains sont venus de Montpellier, de Bordeaux et de Paris. Ils sont médecins, architectes, cadres dans l’industrie alimentaire ou les télécoms…. D’autres sont des Niçois partis faire leurs études à Marseille ou Lyon, revenus : un phénomène récent, car il était auparavant très difficile de décrocher un premier poste avec Bac + 5 à Nice.

Ⓒ Julien Oppenheim.
Ⓒ Julien Oppenheim.

Tout ce petit monde se retrouve le soir dans les bars du Vieux-Nice, du port ou du quartier Libération, fréquenté par les jeunes. « La ville change, en bien : des quartiers se transforment, d’autres sortent de terre. Contrairement à Paris, on a plutôt l’impression qu’on vivra mieux demain. » conclut notre Niçois de fraîche adoption.  

Cet afflux de jeunes très qualifiés contribue à débarrasser Nice de l’image d’immobilisme qui lui a longtemps été associée. Il y a dix ans, les seuls nouveaux arrivants étaient des retraités attirés par le soleil. Un quart des habitants de l’agglomération ont d’ail- qu’on retrouve, en Europe, seulement à Lisbonne.

Depuis quinze ans, la métropole de Nice-Côte d’Azur a aussi vu sa population stagner (550 000 habitants dans 51 communes), alors que celle de Montpellier a gagné 80 000 habitants, et celle de Toulouse, 100 000. Quant à son économie, elle repose en grande partie sur le tourisme, qui fournit 40 % des emplois, mais dont les salaires sont loin peu de grandes entreprises – Schneider Electric, Arkopharma (compléments alimentaires) ou Virbac (santé animale) faisant partie des têtes de gondole.

Nice est la 5e commune de France par son nombre d’habitants, dont beaucoup sont de nouveaux installés, attirés par la présence de la mer, la proximité de la montagne et les activités sportives et de loisir qui y sont liées.
Nice est la 5e commune de France par son nombre d’habitants, dont beaucoup sont de nouveaux installés, attirés par la présence de la mer, la proximité de la montagne et les activités sportives et de loisir qui y sont liées. Julien Oppenheim

Le troisième aéroport de France

Le dynamisme actuel de la région niçoise et sa rapide transformation n’en sont que plus étonnants. À commencer par le secteur du tourisme, qui a entamé sa mutation. « L’année 2022 a été splendide, avec 4,4 millions de nuitées, et 2023 s’annonce en forte croissance. Nous avons un atout formidable, c’est l’aéroport, qui dessert toute l’Europe, les États-Unis et l’Asie, grâce aux liaisons directes vers le Golfe. Notre stratégie consiste à multiplier les évènements qui attirent des visiteurs séjournant longtemps, à proposer des hôtels très haut de gamme et à promouvoir Nice comme une destination d’hiver. », explique Lauriano Azinheirinha, directeur de l’Office du tourisme métropolitain de Nice.

Côté événements, outre l’Ironman (triathlon), la Coupe Hopman (tennis), l’Ultra trail du Mont-Blanc et le Concours Eurovision de la chanson junior, l’agenda 2023 comporte la Coupe du monde de rugby (quatre matchs, l’équipe d’Écosse résidente). En 2024, la ville organisera six matchs de football des jeux Olympiques, et elle a décroché l’arrivée du Tour de France – qui n’aura pas lieu à Paris, pour la première fois depuis 118 ans.

La villa Arson accueille 230 étudiants en art qui y suivent un cursus sur cinq ans.
La villa Arson accueille 230 étudiants en art qui y suivent un cursus sur cinq ans. Julien Oppenheim

En 2025, elle accueillera la Conférence des Nations unies sur les océans, à laquelle participeront plus de 100 chefs d’État et 20 000 délégués. D’ores et déjà, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur est candidate pour les JO d’hiver 2034, et Nice espère en tirer bénéfice. « Ces grandes manifestations nous rapportent plus que le tourisme d’affaires. Mais le Palais des expositions polyvalent et hyperconnecté, qui sera inauguré en 2027 à deux pas de l’aéroport, et le Palais des congrès, qui verra le jour sur le port en 2025, répondront aux nouvelles attentes des organisateurs de conférences et d’expositions », affirme Magali Altounian, adjointe au maire chargée, entre autres, du rayonnement de la ville.


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En ce qui concerne l’offre hôtelière, Nice dispose de 32 000 chambres, et en comptera 3 000 de plus en 2025. Surtout, la résurrection du Negresco, qui s’équipe d’un immense spa, l’inauguration récente de l’Anantara Plaza et l’ouverture prochaine des 5‑étoiles Hôtel du Couvent de la Visitation et Maison Albar Victoria vont replacer la ville sur la carte de l’hôtellerie de grand luxe. Et permettre ainsi de récupérer une partie de la riche clientèle qui préférait séjourner à Cannes ou Monaco… Enfin, l’inscription de Nice au patrimoine mondial de l’Unesco comme « villégiature d’hiver de Riviera », en 2021, lui donne l’occasion d’attirer les visiteurs durant la basse saison, comme le font Barcelone et Lisbonne.

Ⓒ Julien Oppenheim.
Ⓒ Julien Oppenheim.

L’idée ? D’abord, créer des circuits culturels, autour des musées Matisse, Chagall et Renoir, et du kaléidoscope de styles architecturaux de la ville – baroque, victorien, russo–byzantin, néoclassique, Art déco, éclectique… Ensuite, faire la promotion du carnaval de Nice à l’étranger, en prenant pour modèles ceux de Venise et de Rio. Nice entend aussi mettre en valeur son offre shopping – des boutiques de luxe du Carré d’Or aux très chic Galeries Lafayette Masséna… – et sa gastronomie – 12 étoilés Michelin et 32 restaurants labellisés « Cuisine nissarde ». De quoi espérer mieux remplir ses grands hôtels de novembre à mars, quand ceux de Cannes sont fermés… 

Renouveau et transformation de la Nice économique

La nouvelle attractivité de la métropole niçoise est aussi due à la métamorphose du centre-ville et au nouveau réseau de transports en commun. Inaugurée en 2013, la promenade du Paillon, un espace vert de 1,2 kilomètre de long permettant de relier la promenade des Anglais au Théâtre national, a aéré et embelli les abords du Vieux-Nice. Ce projet fétiche du maire va être prolongé sur un kilomètre, au prix de la démolition du Théâtre national et du vieux Palais des congrès Acropolis, seul le musée d’Art moderne et d’Art contemporain étant préservé sur ce nouveau parcours paysagé. Le centre-ville sera ainsi entièrement traversé d’ouest en est par une coulée verte, l’axe nord-sud qu’est l’avenue commerçante Jean–Médecin étant lui aussi sans voitures.

Nice est la 5e commune de France par son nombre d’habitants, dont beaucoup sont de nouveaux installés, attirés par la présence de la mer, la proximité de la montagne et les activités sportives et de loisir qui y sont liées.
Nice est la 5e commune de France par son nombre d’habitants, dont beaucoup sont de nouveaux installés, attirés par la présence de la mer, la proximité de la montagne et les activités sportives et de loisir qui y sont liées. Julien Oppenheim

Quant à la mobilité urbaine, elle s’est transformée depuis l’ouverture, en 2019, des lignes de tramway 2 et 3, la liaison directe entre l’aéroport et le cœur de Nice (avec un ticket à 1,5 euro !) constituant un atout majeur pour le tourisme. En 2028, la réalisation de la ligne 4 – qui reliera l’aéroport à Saint-Laurent-du-Var et Cagnes-sur-Mer – et de la ligne 5 – qui remontera la vallée du Paillon jusqu’à Drap – inaugurera l’ère des liaisons régionales par tramway, ce qui devrait faire baisser une circulation automobile souvent qualifiée d’infernale. Enfin, la ligne 2 sera prolongée par un téléphérique franchissant le Var jusqu’à la mairie de Saint‑Laurent‑du‑Var.


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L’avenir de Nice se joue en partie à l’ouest de la ville, à Grand Arénas et Méridia, les nouveaux quartiers en devenir de la vallée du Var. Déjà reliés au centre-ville par tramway, ils sont conçus pour favoriser les implantations d’entreprises, et accueillir des habitants. « À proximité immédiate de l’aéroport, Grand Arénas, dont la construction est déjà avancée, comprendra, à terme, des immeubles de bureaux accueillant 20 000 salariés, une dizaine d’hôtels, 2 000 logements et le futur Palais des expositions de Nice. Dès 2028, l’attractivité de ce quartier bénéficiera de l’ouverture d’un pôle d’échanges multimodal regroupant une gare ferroviaire TGV et TER, une gare routière pour les bus et les autocars grandes lignes, et le tramway relié à l’aéroport et au centre-ville », explique Sarah Bellier, directrice de l’EPA Écovallée, responsable de l’aménagement de la plaine du Var.

La promenade des Anglais, à Nice.
La promenade des Anglais, à Nice. Julien Oppenheim

Quant à la technopole Méridia, sa feuille de route affiche « 5 000 habitants, 5 000 étudiants, 5 000 emplois ». Ces deux quartiers ont déjà fait le plein d’établissements d’enseignement en attirant l’Edhec, le CNAM, Centrale, l’école 42, Le Wagon, Simplon . co, l’ISART (jeux vidéo), le Campus sud des métiers, les écoles hôtelières Vatel et Ferrandi, en attendant, peut-être, une antenne de Sciences‑po. En quinze ans, Nice a d’ailleurs réussi à faire doubler son nombre d’étudiants, qui approche la barre des 40 000. Pour ce qui est de la recherche, l’Institut méditerranéen du risque, de l’environnement et du développement durable jouxte l’Institut de physique.

Quant aux entreprises, des start-up telles que Caranx Médical (robotique médicale), Wallbox (chargeurs électriques), Kléaria (monitoring de l’eau), Inalve (production de microalgues) ou Berlin Packaging (emballages hybrides) voisinent avec IBM et EDF. « Nice a désormais la capacité de faire venir des talents pour développer ses filières santé, biotech, alimentation et clean tech », se félicite Jacques Richier, président du Conseil de développement de la métropole. Certains immeubles d’habitation de ces nouveaux écoquartiers, où les espaces verts sont légion et où l’énergie provient en partie d’un réseau de géothermie, sont dessinés par Jean Nouvel, Marc Barani, Sou Fujimoto et d’autres grands noms de l’architecture.

Qui sait ? Dans dix à quinze ans, Nice aura peut-être la chance et le bonheur d’avoir érigé, à l’opposé géographique de la cité historique et du port, un exemple de ville nouvelle… presque idéale.


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