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Trains miniatures Au Pullman le temple des ferrovipathes - the good life
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The Good Guide

Trains miniatures : Au Pullman, le temple des ferrovipathes

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Depuis 1946, la boutique Au Pullman vend des trains miniatures, fabrique des plateaux et conseille les ferrovipathes (les amoureux du ferroviaire) du monde entier. Visite guidée, attention au départ !

La gare Saint-Lazare est, comme nombre de ses consœurs de Paris et des grandes villes, une fourmilière rythmée par les sifflets, les bruits de pas comme ceux des freins, et les annonces au micro. Et, au cœur de cette foule compacte, un petit garçon, hypnotisé par le TER direction Le Havre dans lequel il est sur le point de grimper. Et si on tenait là un futur ferrovipathe ? Si c’est le cas, et qu’il décide de jouer les chefs de gare dans son salon avec un train miniature, il trouvera son quartier général à quelques pas d’ici, rue d’Amsterdam, Au Pullman.

Cette boutique, caverne d’Ali Baba des passionnés de « petits trains », a ouvert ses portes juste après la libération, en 1946. Si, au fil des ans, le nombre de boutiques consacrées aux trains miniature a drastiquement diminué – on en compte aujourd’hui une vingtaine dans tout le pays – Au Pullman a survécu et a même réussi à se réinventer.

Frédéric Battut, ancien agent de voyage et client de la boutique, est entré au capital de l’entreprise en 2013, devenant ainsi co-actionnaire et directeur commercial d’Au Pullman. Il a notamment relevé le défi de connecter le magasin à sa clientèle, en modernisant son site internet : « C’est avant tout un complément de communication pour le client, mais, parce qu’il y a de moins en moins de magasins en France et dans le monde, on expédie tous les jours une vingtaine de colis de Strasbourg à New York en passant par Dubaï ». Et si les ventes par internet ne représentent encore que 10 % du chiffre d’affaires d’Au Pullman, cette diversification lui aura tout de même permis de résister à la crise sanitaire. La boutique physique et ses 32 000 références joue toujours un rôle central dans la vie de l’entreprise et sa relation avec sa clientèle qui « vient au magasin pour se rincer l’œil, se faire plaisir, discuter avec nous, recevoir des conseils techniques et d’installation, des conseils techniques… Aujourd’hui, pour bien piloter une centrale, ça demande d’en maitriser la technologie donc on accompagne les clients, en boutique ou chez eux, pour le développement de leur train existant ou leurs premiers pas » explique l’ancien de Nouvelles Frontières et Lastminute.com.

Le rajeunissement de la clientèle

Si Au Pullman fait le plein toute la semaine et « continue de croître chaque année depuis sept ans » selon Frédéric Battut, ce n’est pas le cas de certains concurrents dont une écrasante majorité a mis la clé sous la porte. Les ferrovipathes seraient-ils une espèce en voie d’extinction ? Si la moitié des clients ont plus de 50 ans, le directeur commercial constate, « depuis une quinzaine d’années » un rajeunissement de la clientèle, dès 3 ans, porté par le développement de produits adaptés aux enfants par les grandes marques, Märklin en tête, dont les boîtes sont omniprésentes chez Au Pullman.

« Il y a aussi de plus en plus de parents fatigués des jeux vidéo, des téléphones, des tablettes, qui crient au miracle lorsqu’ils arrivent à intéresser les enfants à la construction, l’électronique », affirme Frédéric Battut. Des 5-10 ans accompagnés d’une génération de milléniaux à fort pouvoir d’achat qui, comme ils achètent des vinyles et se passionnent pour la photographie argentique, tombent amoureux de l’objet, le vrai, le physique. Cela n’empêche pas les constructeurs d’infuser un peu de modernité dans leurs nouveautés, avec des centrales équipées d’écrans qui permettent de contrôler son plateau, du son des trains à leur vitesse.

La passion pour les trains miniatures semble donc se transmettre aux nouvelles générations. C’est moins le cas pour les magasins. « C’est la principale raison de l’effondrement du nombre de boutiques, explique le co-actionnaire d’Au Pullman, les enfants des propriétaires sont de moins en moins intéressés par le commerce et, comme on voit disparaître des boulangeries, des boucheries et des cordonniers, notre métier souffre du manque de repreneurs. » Pas la faute d’internet donc, que ce Corrèzien, qui possède lui-même un plateau de 25m², considère comme « un employé de plus ».

Au Pullman et la transmission

Au Pullman, la question de la transmission n’est pas encore sur la table car Fédéric Battut et Wenceslas Dumazau, l’actionnaire majoritaire et « âme du lieu », sont encore là et bien là. Pourquoi penser au départ quand les pièces en édition limitée « sont vendues avant même d’arriver en magasin », contre un acompte de 10 % et quand « des locomotives américaines à près de 10 000 € partent en une matinée » ? Au Pullman est au service de passionnés et constate tous les jours la véracité de l’adage « quand on aime on ne compte pas ».

Mais la clientèle de l’entreprise n’est pas uniquement composée de ferrovipathes. Une grande partie du chiffre d’affaires vient de plateaux réalisés sur commande pour des particuliers, des entreprises (dont la SNCF, of course) et même des ambassades ! C’est d’ailleurs Au Pullman qui avait réalisé le plateau qui trônait au Good Concept Store du Printemps : « un tel succès qu’on nous a demandé plusieurs fois s’il était possible de l’acheter », confie Frédéric Battut. Malheureusement, il s’agissait d’une création destinée à un client qui avait gentiment accepté de nous prêter son train avant de l’installer chez lui…

Aussi, la boutique abrite un atelier qui permet à quelque 1000 clients par an de donner un coup de jeune au train de leur enfance en y ajoutant de la lumière et du son. Frédéric Battut détaille : « sur certains trains couchettes de luxe, on nous demande d’ajouter des ronflements, des tintements de couverts, où d’autres bruits plus coquins ! » Une preuve supplémentaire que pour s’amuser, ce n’est pas la taille (du train) qui compte.

Au Pullman, 70 Rue d’Amsterdam, 75009 Paris, 01 48 74 56 17, www.aupullman.com.

Quelques chiffres :

Chiffre d’affaires 2021 :  1 250 000 €
Nombre de références : 32 000
Part du e-commerce dans les ventes : environ 10%
Vente par correspondance : Entre 15 et 20 colis par jour
Service « amélioration » de pièces anciennes : 1000 par an en moyenne sur les 10 dernières années
Best-seller : le TGV français, sous toutes ses formes, du Ouigo dernier cri à la locomotive orange des années 80 rééditée par Jouef.

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