Voyage
Un des terrains de jeu favoris du photographe français Alex Profit : les paysages surexposés d’une Californie fantasmée ultraensoleillée. Ses compositions épurées et graphiques font ressortir l’architecture rasante, surmontée d’un ciel plus bleu que nature.
Octobre 2016, j’atterris en Californie après une quinzaine d’années d’hésitation. Petit retour en arrière : j’acquiers mon premier appareil photo argentique en 2002, un Hasselblad, en vue de démarrer une carrière de photographe professionnel, avec une inspiration fortement orientée vers le paysage et l’architecture.
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À l’époque, je viens de quitter mon emploi de directeur artistique au sein d’une grande agence de communication parisienne réputée, après trois années durant lesquelles je me suis nourri d’une profusion d’images exceptionnelles venant de books de photographes du monde entier, suscitant chez moi une passion subite pour la photo.
Les États-Unis sont un sujet récurrent, très exploité, spécialement l’Ouest américain pour sa photogénie incroyable et son imaginaire. Mes références en la matière sont William Eggleston et Stephen Shore, pour leur travail sur la couleur et la composition, mais également des contemporains qui renouvellent le genre.
Pour ma part, je préfère me concentrer sur le territoire français en vue de construire mon écriture, tout en ayant en tête, inconsciemment, cet esprit graphique et coloré un peu vintage de l’Amérique. En 2016, je finis par céder à la tentation et décide de partir pour un premier voyage photographique personnel de quinze jours dans l’Ouest américain.
Et tout naturellement, mon itinéraire prévoit une halte incontournable à Palm Springs, un concentré de toutes mes inspirations en matière d’architecture, de design, de végétation, de minéralité, de lumière et de teinte. Une perfection de la contemplation.
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La ville a été conçue, à l’origine, à partir d’un modèle simple : les maisons devaient être basses pour laisser apparaître les montagnes en arrière-plan. Une contrainte qui a donné un style particulier à Palm Springs et une photogénie parfaitement cadencée entre l’architecture, les montagnes et le ciel.
La conception de l’urbanisation est surprenante, les maisons s’exposent comme des oeuvres d’art aux regards des visiteurs qui arpentent les rues résidentielles. Les compositions végétales, mélange de cactus, plantes grasses et palmiers, et le minéral dessinent l’espace extérieur de manière graphique et épurée. Je repense évidemment au film Mon oncle, de Jacques Tati, inspiration de mon enfance, et je finis par me demander qui a influencé qui.
Pour cette première série de photos à Palm Springs, présentée ici, je choisis de travailler avec une lumière très solaire, un peu surexposée, qui suggère la chaleur écrasante du désert aux alentours et permet de mettre en valeur les teintes légères. La réalité est à la hauteur du rêve et le sujet est euphorisant, d’une richesse inépuisable. Il m’est impossible d’explorer tous les recoins en un seul voyage.
En 2018, je décide de m’envoler à nouveau pour continuer à chercher les pépites de Palm Springs et de l’Ouest américain, et cette fois-ci, plus d’hésitation, j’ai définitivement contracté le virus de l’imaginaire américain.
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