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Luc Donckerwolke a signé nombre de dessins majeurs au sein du groupe Volkswagen et de sa constellation de marques, 2023 - TGL
Luc Donckerwolke a signé nombre de dessins majeurs au sein du groupe Volkswagen et de sa constellation de marques, 2023 - TGL
Marine Mimouni

Horlogerie

Luc Donckerwolke, icône du design automobile

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Parmi les grands noms du design automobile, rares sont les personnages aussi influents. Le Belge Luc Donckerwolke a signé nombre de dessins majeurs au sein du groupe Volkswagen et de sa constellation de marques, avant de faire bouger les lignes du constructeur coréen Hyundai, aujourd’hui troisième mondial et l’un des plus innovants visuellement. Nous l’avons rencontré lors d’un de ses passages à Paris.

Si le terme « multiculturel » employé pour définir un parcours professionnel pouvait avoir une incarnation, Luc Donckerwolke serait parfait pour le rôle. Ayant vécu partout, parlant huit langues, designer avant tout, mais aussi président et Chief Operating Officer (COO) de Hyundai Motor Group (Hyundai, Kia, Genesis et de nombreuses marques annexes comme les robots Boston Dynamics), responsable de la communication et du design, l’homme a un panel de compétences simplement exceptionnel, en plus d’être sympathique.


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Qui est Luc Donckerwolke ?

 

Modèle numérique du nouveau SUV Kona Hybrid, Hyundai.
Modèle numérique du nouveau SUV Kona Hybrid, Hyundai. DR

Son parcours atypique, c’est lui qui le raconte le mieux: « Je suis devenu designer automobile par accident. Je suis né au Pérou, mes parents étaient diplomates et j’ai fait ma scolarité en Amérique du Sud et en Afrique, donc je n’étais pas vraiment dans la Mecque de l’automobile. J’avais surtout de vieilles Jeep et des pick-up autour de moi. À 4 ans, au Burundi, j’ai eu une diphtérie, et mon père m’a trouvé un album de Michel Vaillant, Le Grand Défi, pour me distraire à l’hôpital. Depuis, Michel Vaillant ne m’a plus quitté. Comme je n’avais pas l’environnement pour vivre cette passion, je l’ai créé et j’ai commencé à dessiner beaucoup (des Vaillante, puis des Porsche 911, après avoir entendu le moteur d’une RSR préparée). Puis j’ai voulu faire du design automobile en arrivant, à 18 ans, en Europe. J’ai suivi des études d’ingénieur avant d’apprendre l’existence de l’Art Center, à Vevey, en Suisse. C’est là que j’ai fait mon apprentissage de designer. » affirme Luc Donckerwolke.

Après un stage chez Peugeot, il rejoint l’équipe de design d’Audi en 1992. Il passera vingt-trois ans dans le groupe Volkswagen, envoyé en sauveur pour relancer successivement Skoda, Lamborghini (où il fait la supercar Murciélago seul!), puis Seat et Bentley… À son palmarès, citons des réalisations aussi différentes que les Skoda Octavia (1996), Audi A2 (2000) et les Audi du Mans, Lamborghini Gallardo (2004), Seat Ibiza (2008) ou Bentley EXP 10 Speed 6 (2015).

Le grand saut

«Ce qui fait un design, c’est la rébellion. Si je n’avais que des soldats, je n’obtiendrais pas un bon résultat. Je ne me vois pas comme un pape du design, mais comme un designer» affirme Luc Donckerwolke.
«Ce qui fait un design, c’est la rébellion. Si je n’avais que des soldats, je n’obtiendrais pas un bon résultat. Je ne me vois pas comme un pape du design, mais comme un designer» affirme Luc Donckerwolke. DR

C’est alors que les Coréens l’ont contacté et, après plus d’un an de travail de persuasion, ils le convainquent de quitter Wolfsburg pour Séoul… Il a 50 ans, il est temps pour lui de changer. Le tout-puissant patron de VW ne pourra rien pour le retenir. Chez Hyundai, il a les mains libres, il suffit d’analyser la gamme actuelle pour s’en apercevoir.

« La chance que j’ai, c’est que mon chairman choisit toujours le modèle le plus extrême parmi les différentes propositions. Je dessine beaucoup plus qu’avant. Mon grand avantage, c’est que je ne suis pas coréen. Le but des Coréens n’était pas de m’intégrer dans leur système hiérarchique très rigide. Le premier drame que j’ai créé, c’est de ne pas demander de bureau. » ajoute Luc Donckerwolke.

Il lui a fallu se battre contre la peur de commettre des erreurs, oser des expérimentations pour arriver à des modèles de série aussi originaux que les Hyundai Ioniq 5 et 6.
Il lui a fallu se battre contre la peur de commettre des erreurs, oser des expérimentations pour arriver à des modèles de série aussi originaux que les Hyundai Ioniq 5 et 6. DR

Ainsi veut-il être à hauteur d’homme avec ses designers et mettre lui-même la main à la pâte. « Ce qui fait un design, c’est la rébellion. Si je n’avais que des soldats, je n’obtiendrais pas un bon résultat. Je ne me vois pas comme un pape du design, mais comme un designer », explique-t-il.

Il lui a fallu se battre contre la peur de commettre des erreurs, oser des expérimentations pour arriver à des modèles de série aussi originaux que les Hyundai Ioniq 5 et 6, le Kia Sportage ou le Genesis GV80… Basé en Europe, il travaille à travers des visualisations virtuelles sur des projets de ses studios disséminés en Europe, aux États- Unis, en Inde, au Japon et, naturellement, en Corée.

Modèle numérique du nouveau SUV Kona Electric, Hyundai.
Modèle numérique du nouveau SUV Kona Electric, Hyundai. DR

Chaque projet a droit à son identité propre. Hyundai ne joue pas la carte des poupées russes. « Je m’ennuierais si je faisais des matriochkas. Nous avons choisi de développer une icône dans chaque segment, créant des sous-marques par modèle. »

Une formule gagnante, promise à un bel avenir: « Je crois que le design est l’un des éléments prépondérants, avec la démocratisation des qualités technologiques des voitures. Et c’est bien le style qui est ce différenciateur. »


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