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La rédaction de The Good Life présente le sang neuf du jazz de ces dernières années en une sélection d’albums et de compilations, 2023 - The Good Life
La rédaction de The Good Life présente le sang neuf du jazz de ces dernières années en une sélection d’albums et de compilations.
Marine Mimouni

Horlogerie

Le renouveau du jazz anglo-saxon en 10 albums

Horlogerie

Groupes ou artistes solos, poètes et musiciens virtuoses, déjà culte ou enfin plébiscités par un large public.

La rédaction de The Good Life présente le sang neuf du jazz anglo-saxon de ces dernières années en une sélection d’albums et de compilations.


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La rédaction de The Good Life présente le sang neuf du jazz de ces dernières années en une sélection d’albums et de compilations, 2023 - The Good Life

1. Protéiforme

Ils sont venus, ils sont tous là. S’il fallait une carte de visite à la scène londonienne encore bourgeonnante il y a cinq ans, dont nombre d’artistes sont devenus des valeurs sûres, ce serait cette compilation. Elle rassemble une partie de ses forces les plus vives, sélectionnées par le saxophoniste star Shabaka Hutchings qui fait office de directeur artistique de l’affaire sur neuf titres inédits enregistrés en trois jours.

Outre les noms mis en lumière, elle démontre toute la diversité musicale des projets à travers les échanges et les collaborations avec des musiciens pourtant communs. Le titre Abusey Junction vaudra même des dizaines de millions d’écoutes en ligne pour l’octuor Kokoroko et signera son éclosion internationale. Mieux qu’un témoignage de l’époque : un best‑of.

> We Out Here, compilation (Brownswood, 2018).


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2. Féministe

Par leur nom (fils de l’Afrique), les musiciens londoniens signaient leur engagement contre la discrimination raciale. Chacun des neuf morceaux de leur troisième album (le premier pour le mythique label Impulse !) rend hommage à une figure féminine noire : esclave affranchie, militante antiapartheid, abolitionniste… tout en désignant par leurs titres, les ennemies politiques : la reine et la Première ministre Teresa May.

Sans bassiste, mais avec le tuba de Theon Cross et deux batteurs, dont Tom Skinner, le groupe de Shabaka Hutchings parvient à un groove irrésistible, aux effluves venus de la Barbade dont le saxophoniste est originaire. Funk, folk, grime, rock et reggae y entrent en collision, pour un résultat varié, emballant, inspiré et inspirant.

> Your Queen is a Reptile, Sons of Kemet (Impulse !, 2018).


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3. Cosmique

Quand il change de casquette pour rejoindre son trio, l’infatigable Shabaka Hutchings, associé à un batteur et un clavier, tous deux du duo Soccer96, définit sa musique comme de « l’apocalyptique space funk », formule qui laisse entrer musique électronique et psychédélisme dans le jazz improvisé.

Ainsi leur deuxième album prend‑il bon nombre de libertés avec le genre, annonçant la fin du monde sur fond de bandes‑son pour films de science‑fiction et de jazz repeint en couleurs vives, inspiré d’échos cosmiques venus aussi bien du pionnier Sun Ra que de rénovateurs de l’électro tels que Flying Lotus. Une définition de la musique de demain sur les bases de celles d’hier et d’aujourd’hui, qui rappelle Alice Coltrane et Blade Runner.

> Trust in the Lifeforce of the Deep Mystery, The Comet is Coming (Impulse !, 2019).


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4. Syncrétique

Avant que la hype jazz ne s’empare de Londres, Yussef Dayes (batterie et percussions) et Kamaal Williams (claviers) (1) avaient uni leurs forces au sein d’un duo jazz‑funk, qui n’a vécu que le temps de concerts dantesques et d’un unique album.

Mais quel album ! Avec la participation de Shabaka Hutchings, du trompettiste Yelfris Valdés, des bassistes Tom Driessler et Kareem Dayes, et du guitariste Mansur Brown, l’opus reflète les musiques qui ont marqué le parcours des deux : jungle, UK garage, grime et rap, le tout plongé dans leur soif d’un jazz revivifié et dans l’air du temps.

À la suite de la séparation du duo l’année suivant la sortie de l’album, Williams donnera avec son disque solo The Return une suite qui reprendrait les choses là où Black Focus les avait laissées.

> Black Focus, Yussef Kamaal (Brownswood, 2016).


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5. Spirituel

Attention, ovni ! Cette compositrice, pianiste et clarinettiste de Chicago pratique son art à la manière d’une quête permanente autour de la musique noire. Longtemps dans l’avant‑garde de sa ville, elle a publié son premier album après avoir suscité la curiosité du label International Anthem.

Totalement conçu par ses soins, il est né d’enregistrements réalisés sur son téléphone portable lors de sessions et rencontres avec des artistes durant ses voyages à travers le monde, de l’Afrique du Sud à Londres, avec la capitale anglaise comme point d’ancrage de toutes ses expérimentations.

Le résultat est saisissant, à la fois inspiré de multiples traditions musicales – folk, blues et classique – pour mieux explorer toutes les formes de jazz anglo-saxon et, déjà, imaginer celle de demain.

> The Oracle, Angel Bat Dawid (International Anthem, 2019).


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6. Solidaire

Impressionnante dès ce premier album, la saxophoniste fait partie des noms qui ont exporté la vague londonienne au-delà des frontières du Royaume-Uni.

Née à Londres de parents originaires de Trinité-et-Tobago et de Guyane, elle rend hommage à leur héritage culturel dans une musique éclairée des multiples possibilités entrevues avec ses amis instrumentistes de la capitale, tout particulièrement le pianiste Joe Armon-Jones, le bassiste Daniel Casimir et le batteur Sam Jones qui l’accompagnent.

Son jazz s’abreuve autant d’influences latino-caribéennes, de rythmes afro-cubains, de folk colombienne et de reggae que d’un esprit néo-soul soyeux porté par les invités qui se partagent le micro. L’une des grandes réussites du genre, pour celle déjà comparée à Sonny Rollins ou Dexter Gordon.

> Source, Nubya Garcia (Concord Jazz, 2020).


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7. Éclectique

Après un disque de reprises de classiques du catalogue Blue Note, le légendaire label a coproduit une suite avec des compositions dues à la galaxie Total Refreshment Centre. Depuis la fermeture de sa salle de concert en 2019, pour cause de nuisances sonores, le « hub » de jazz anglo-saxon a mis l’accent sur le travail des sons et de la production.

Cette collection témoigne des avancées du label en matière de porosité entre jazz et rap, le second rendant au premier ce qu’il lui a historiquement emprunté : samples, rythme et technique. S’y croisent des artistes de Londres (Soccer96, Byron Wallen, Jake Long), Chicago (Resavoir), Melbourne (Zeitgeist Freedom Energy Exchange) et Paris (Neue Grafik), bouillon international du renouveau du genre.

> Transmissions From Total Refreshment Centre, Total Refreshment Centre (Blue Note, 2023).


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8. Engagé

Originaire de Philadelphie, Camae Ayewa, connue sous le nom d’artiste de Moor Mother, apporte une dimension militante, poétique et expérimentale au nouveau paysage free jazz anglo-saxon.

Entourée d’un saxophoniste, d’un bassiste, d’un batteur et, surtout, de l’incroyable trompettiste Aquiles Navarro, elle propose, avec Irreversible Entanglements, un jazz anglo-saxon abrupt, en écho aux brutalités policières, aux injustices et à la violence domestique dont est victime la communauté afro-américaine, problèmes qu’elle ne manque pas de dénoncer dans ses textes et lors d’événements.

Un jeu de pistes fascinant dans lequel il est agréable de se perdre, contrepoint énergique à ses albums solos hantés, sur lesquels elle donne libre cours à son phrasé plus parlé que chanté.

> Who Sent You ?, Irreversible Entanglements (International Anthem/Don Giovanni, 2020).


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9. Festif

Si un nom a réussi à faire tomber les barrières entre les genres, c’est bien celui de ce quintette formé en 2016 par le claviériste Joe Armon-Jones. Chez lui, l’influence de l’afrobeat, du hip-hop, du grime et du R’n’B contribue à une revitalisation d’un jazz anglo-saxon qui s’autorise toutes les audaces et passe par toutes les couleurs.

Victory Dance convie ainsi à une chaude ambiance afro-cubaine, tandis que la voix de Kojey Radical apporte une dimension hip-hop au titre No Confusion, que Togetherness renoue avec l’euphorie du ska, et que la chanteuse Emeli Sandé (Siesta) et la rappeuse Sampa the Great (Life Goes On) font partir l’album tous azimuts par leur seule présence. Avec un groove irrésistible comme fil rouge de ces 14 morceaux.

> Where I’m Meant to Be, Ezra Collective (Partisan, 2020). 


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10. Universel

C’est dans un double disque que le batteur de Chicago embarque, sur la base de sessions improvisées enregistrées sur une année à Los Angeles, New York, Londres et dans sa ville, avec quatre ensembles différents, puis travaillées et retravaillées sur ordinateur.

Il a ainsi pu croiser la crème des musiciens locaux (le violoncelliste Tomeka Reid, le bassiste Junius Paul, le guitariste Jeff Parker, les saxophonistes Nubya Garcia et Shabaka Hutchings, l’altiste Miguel Atwood-Ferguson, le percussionniste Carlos Niño…) et aboutir à une œuvre foisonnante, aventureuse, au groove vagabond selon les lieux : tantôt spirituel, tantôt physique, toujours empreint d’une profonde chaleur humaine. Une prouesse tant artistique que technologique.

> Universal Beings, Makaya McCraven (International Anthem, 2018).


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