The Good Business
Málaga est devenue synonyme de culture en quelques années, en exploitant, notamment, le filon de l'enfant du pays : Pablo Picasso.
The Good Life : Comment le musée Picasso a-t-il été créé ?
José Lebrero : Le musée Picasso Málaga a ouvert ses portes il y a quinze ans. Si vous le comparez à des institutions comme le Louvre, le musée d’Orsay et même le Centre Pompidou, il s’agit d’un musée extrêmement jeune. Malgré son caractère un peu novice, ça ne l’a pas empêché d’avoir un impact très fort à Málaga. Christine Ruiz‑Picasso, la femme du premier fils de Picasso a négocié avec le gouvernement régional d’Andalousie et ils ont établi une joint‑venture. Le gouvernement régional a acheté le palais de Buenavista et a investi l’argent pour créer le musée. De son côté, Christine Ruiz‑Picasso a donné sa collection. Nous sommes une fondation privée, régie par certaines régulations publiques.
TGL : Quelles sont vos missions ?
José Lebrero : Notre mission principale est d’étudier, de promouvoir et de rendre le travail et la vie de Pablo Picasso accessibles au public. En fin de compte, nous sommes un musée plutôt « classique », nous devons trouver de nouveaux moyens de promouvoir un artiste né au XIXe siècle auprès de publics avertis, mais aussi des générations les plus jeunes. Concrètement, nous essayons de contextualiser Picasso en organisant des expositions qui mettent en scène d’autres artistes, dont certains contemporains. Par exemple, nous avons travaillé avec Paris pour créer l’exposition actuelle, qui explore la relation entre Pablo Picasso et Federico Fellini. Elle sera ensuite présentée à la Cinémathèque française, à Paris, au début de l’année prochaine. Nous travaillons régulièrement avec la Tate, à Londres, ou le musée Picasso, à Paris. Nous visons une stature internationale, donc nos partenaires sont de grande qualité.
TGL : Quel rôle doit jouer un musée ?
José Lebrero : Je pense que, de nos jours, l’un des rôles principaux des musées est de défendre une position de résistance. Il faut résister face à la banalisation, la mercantilisation, la superficialité, etc. Nous savons aujourd’hui, d’après des études américaines, que la principale raison pour laquelle les gens vont dans les musées dans les pays occidentaux, c’est le divertissement. Les gens vont au musée pour s’amuser. On pourrait se demander ce que signifie « s’amuser » ? C’est une question délicate et complexe. Si nous sommes en mesure de divertir les gens sans abandonner notre engagement culturel, en réussissant à promouvoir des valeurs, c’est une manière pour le musée d’assurer son rôle. Et si nous parvenons à marquer les esprits des visiteurs, si l’exposition qu’ils sont allés voir leur reste en mémoire, alors, c’est une réussite.
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