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À l’occasion de notre série à la rencontre des maires de grandes métropoles du monde, TGL a interviewé la maire Marie Barbey‑Chappuis, Suisse, 2023 - The Good Life
Portrait de la maire Marie Barbey-Chappuis.
Marine Mimouni

The Good Business

Genève : 13 questions à la maire Marie Barbey‑Chappuis

The Good Business

À l’occasion de notre série à la rencontre des maires de grandes métropoles du monde, nous avons été reçus par sa jeune édile, la maire Marie Barbey‑Chappuis. Notre objectif  ? Essayer de comprendre avec cette Genevoise pure souche ce qui rend cette ville multiculturelle si empreinte de succès et de dialogue, où il semble ne jamais y avoir de friction. Ou presque.

À l'occasion de son voyage à Genève, The Good Life a posé treize questions à la maire Marie Barbey‑Chappuis, Suisse, 2023 - The Good Life

C’est une ville unique en Europe, pas si grande par la taille ou le nombre d’habitants, mais dont le poids international est considérable, parce qu’elle accueille le siège des Nations unies, de l’OMS, de l’OMC, et de plusieurs centaines d’ONG et de multinationales. Plantée entre les massifs jurassiens et alpins, au bord de l’un des plus beaux lacs d’Europe, Genève est le joyau de la Confédération helvétique. Modèle d’attractivité et de dynamisme économique, la cité rayonne au point de n’avoir presque pas souffert de la pandémie. L’occasion de rencontrer la maire de Genève, Marie Barbey‑Chappuis

Marie Barbey-Chappuis en 10 dates

  • 14 mai 1981 : naissance à Genève.
  • 2003 : premier prix du concours des jeunes commentateurs sportifs de la TSR et de L’Équipe.
  • 2004-2005 : licence en relations internationales à l’IHEID, à Genève, puis études supérieures en journalisme à l’université Laval, au Québec.
  • 2007 : élue au conseil municipal de la Ville de Genève, et assistante parlementaire du parti démocrate-chrétien (PDC).
  • 2013 : secrétaire générale adjointe du département cantonal des finances de Genève.
  • 2016 : cheffe de cabinet du conseiller d’État chargé du département des finances.
  • 2017 : réélue pour un 3e mandat au conseil municipal de Genève.
  • 2018 : vice-présidente du PDC cantonal et du PDC Ville de Genève.
  • 2020 : élue parmi les cinq membres du conseil administratif de la Ville de Genève, chargée du département de la sécurité et des sports.
  • 1er juin 2022 : élue maire de Genève.

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En pénétrant dans le bureau de Marie Barbey-Chappuis, il y a ces objets qui sautent aux yeux, et, étonnamment, ce ne sont pas les apparats traditionnels de la fonction. Non, ce qui interpelle ici, c’est la demi-douzaine de paires de chaussures de sport fluo disposées sous une bibliothèque, les raquettes de squash, ou un maillot grenat du Servette FC de Genève – son club de cœur – floqué à son nom et posé sur une chaise de réunion.



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Longtemps, Marie Barbey‑Chappuis a caressé l’idée de devenir footballeuse professionnelle. Avant d’opter pour la politique, elle s’est aussi mûrement posé la question de mener une carrière de journaliste, elle qui, à 22 ans, fut la première femme à remporter un concours prestigieux organisé par la Télévision suisse romande et L’Équipe. Et puis le destin et son goût des affaires publiques en ont décidé autrement.

À 26 ans, Marie Barbey‑Chappuis a été élue au conseil municipal de la Ville de Genève et, en parallèle, est devenue assistante parlementaire du parti démocrate-chrétien, formation de centre droit. À partir de là s’est tracée une carrière politique à la progression minutieuse. Celle-ci a fini par la conduire à briguer et à remporter, en 2020, l’un des cinq sièges du conseil administratif de Genève, l’organe de direction de la ville.

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Élue pour cinq ans, et à la tête du département de la sécurité et des sports, Marie Barbey‑Chappuis, 41 ans, est la maire de Genève depuis le 1er juin 2022. Une fonction qu’elle n’occupera que 365 jours, en vertu d’une logique tournante exigeant qu’un nouveau titulaire soit désigné parmi les cinq membres chaque année.

Genève, ville internationale en chiffres

  • 203 000 habitants. 
  • 15,93 km2 de superficie.
  • 39 organisations internationales, dont l’Organisation des Nations unies ou l’Organisation mondiale de la santé.
  • 120 établissements bancaires.
  • 400 ONG issues de 137 pays.
  • 35 000 employés dans les différentes organisations internationales (soit 10 % des emplois genevois).
  • Plus de 900 multinationales (dont 750 étrangères).
  • 2 700 rencontres internationales par an.
  • 1,8 M de nuitées entre janvier et août 2022.

The Good Life : L’accession à la fonction de maire est particulière à Genève. Vous avez été élue au conseil administratif de la Ville de Genève pour cinq ans, mais vous n’occupez la fonction d’édile que pour un an seulement. Quel est l’intérêt de ce système ?

Marie Barbey‑Chappuis : Ce système nous oblige à dépasser les clivages entre les membres de l’exécutif, à dégager des majorités et à nous entendre pour avancer. Cela permet d’accoucher de projets solides, qui visent vraiment l’intérêt général, puisque plusieurs sensibilités – et trois partis – sont représentées au sein du conseil administratif. Finalement, c’est un système assez suisse. On accorde aux Suisses des qualités, comme la modestie et l’humilité, on ne recherche pas nécessairement des hommes ou des femmes politiques providentiels, mais simplement capables de travailler ensemble au service de la population. Ce système en est l’illustration.

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The Good Life :Avec ses centaines de multinationales et d’ONG, et l’incontournable siège des Nations unies, Genève est la ville internationale par excellence, avec une population composée de 40 % d’étrangers. Comment appréhende-t-on un tel réacteur économique, politique et social, en tant que maire ?

Marie Barbey‑Chappuis : Cette configuration rend la fonction de maire unique et passionnante à Genève. Le matin, on peut rencontrer la directrice générale des Nations unies, l’après-midi, on discute avec le dirigeant d’une multinationale, et, en fin de journée, on retrouve les cafetiers-restaurateurs pour débattre des horaires des terrasses ou des questions de voirie. Le panel de la fonction de maire, ici, est vraiment large.

The Good Life : Ce dynamisme économique insufflé par la Genève internationale bénéficie-t-il également à la Genève locale, notamment en matière d’emplois ? Et cela n’a-t-il pas un impact délétère sur le logement ?

Marie Barbey‑Chappuis : Genève est une petite ville de 200 000 habitants. Au niveau du canton, c’est 500 000, et si on prend toute l’agglomération avec la France voisine, c’est une aire d’un million de personnes. Pour une ville de cette taille, on a un rayonnement international très important, qui doit beaucoup à la présence de grandes organisations.

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C’est une immense chance et une fierté pour les Genevois et Genevoises. Et puis c’est aussi un secteur économique important, qui représente 35 000 emplois, soit 10 % des emplois au niveau du canton. Notre économie a été particulièrement résiliente au moment de la pandémie, avec une baisse de 1,9 % du PIB en 2020, là où, dans certains pays voisins, elle est allée jusqu’à 8 %. Ce tissu économique très dynamique y est pour beaucoup. On a un taux de chômage bas, et des salaires élevés.

« D’ici à 2030, 300 M de francs suisses vont être investis dans le domaine de la rénovation énergétique des infrastructures sportives »

C’est un écosystème qui fonctionne bien, mais qui crée parfois certaines tensions. Notre taux de vacance de logement est très bas. Cela impacte les loyers et pousse certaines familles genevoises, plus modestes, à aller s’installer en France voisine ou dans le canton de Vaud. Il faut donc trouver le juste équilibre entre cette attractivité, le besoin de main-d’œuvre que cela génère, et la pression exercée sur l’aménagement du territoire et sur les logements. Un énorme effort a été réalisé, notamment au niveau cantonal, et la construction de près de 30 000 ­logements est prévue d’ici à 2030. 

The Good Life : En 2022, le tourisme est revenu à son niveau prépandémie à Genève. Durant les sports d’hiver, comment la ville fait-elle pour profiter de la manne de touristes qui viennent pour skier dans les Alpes ou le massif jurassien, tout proches ?

Marie Barbey‑Chappuis : C’est vrai que nous sommes un peu la porte d’entrée pour les stations françaises ou suisses. L’avantage d’être un tout petit pays, c’est qu’au cours d’un même séjour on peut skier un jour dans une station de ski des Alpes vaudoises, par exemple, et puis, en fin de journée ou le lendemain, aller se promener sur les rives du Léman ou visiter la Vieille-Ville. À Genève, on avait beaucoup misé sur le tourisme d’affaires, parce qu’on a les organisations internationales, de grands congrès, des multinationales… On avait peut-être un peu délaissé le tourisme de loisirs. Depuis quelques années, un rééquilibrage se fait, parce que Genève a un énorme potentiel pour une escapade de quelques jours. On a une position centrale en Europe. Et on peut conjuguer activités sportives, balades dans les vignes et visite des Nations unies. On travaille donc beaucoup sur cet axe.

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The Good Life : Avez-vous imaginé des partenariats avec d’autres stations – notamment Avoriaz, Chamonix, Megève –, et des transports pour faciliter les transferts depuis l’aéroport ? 

Marie Barbey‑Chappuis : Nous n’avons pas formalisé de partenariats avec les stations. Mais il est clair que Genève bénéficie de sa proximité avec ces stations, et que les stations bénéficient du rayonnement de Genève. L’un se nourrit de l’autre. Et des transferts de l’aéroport vers les stations existent déjà. 

The Good Life : Le tourisme repart, beaucoup de salons et congrès ont fait leur retour, toutefois il y a un monument en péril : le Salon de l’automobile de Genève. Les annulations s’enchaînent. Et d’ailleurs, de façon assez absurde, il a désormais lieu… à Doha. Comment est-ce vécu ici ? 

Marie Barbey‑Chappuis : Le Salon de l’auto a très fortement souffert du Covid, comme l’industrie automobile d’ailleurs. Il y a eu deux annulations successives. Même s’il n’est pas géré par la Ville de Genève ni par le canton, cela constitue forcément une inquiétude, car les retombées économiques et touristiques du salon sont importantes.

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On constate que tous les grands salons automobiles rencontrent des difficultés, pas seulement à Genève, mais aussi à Paris ou en Allemagne. La filière de l’automobile est en pleine mutation, et sans doute que le format même du salon traditionnel doit être repensé. Il y a effectivement ce partenariat qui a été signé entre le Salon de l’automobile et le Qatar, avec, normalement, l’objectif de revenir une fois sur deux à Genève, mais pour l’instant, nous demeurons dans cette période d’incertitude de sortie du Covid.

Cela étant, nous sommes confiants sur le fait que Genève restera une destination importante pour les congrès, du fait de la présence des organisations internationales, et d’une offre importante de haute qualité en matière d’hôtels et de restaurants. C’est peut-être aussi l’occasion de se renouveler. Nous essayons de développer d’autres secteurs à ­Genève, comme la finance durable, domaine dans lequel on a vraiment une carte à jouer. À nous d’accompagner ces tendances, qui créent de nouvelles dynamiques.

Le Conseil administratif de Genève en bref

Le conseil administratif de Genève est l’organe exécutif de la ville de Genève. Ses cinq membres sont élus au suffrage universel direct, pour un mandat de cinq ans. Chaque magistrat élu assume la présidence d’un département. Et chaque 1er juin, selon un principe de rotation annuelle, le conseil nomme l’un de ses membres maire de Genève. Pour la période 2020-2025, le conseil est composé de trois femmes et de deux hommes. Le parti socialiste et les Verts occupent respectivement deux postes chacun, faisant de Marie Barbey-Chappuis (le centre), la seule élue des cinq non étiquetée à gauche. Enfin, en vertu du système politique à trois échelons de la Suisse, les décisions relatives à la politique de la ville se répartissent entre la commune, le canton, et la Confédération.

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The Good Life : La finance, effectivement, est l’une des spécialités de ­Genève, avec 120 établissements bancaires et 36 000 employés. Toutefois, à l’heure de la finance mondialisée, il faut composer avec des villes concurrentes, à commencer par Zurich. ­Comment renforcez-vous votre attractivité ? 

Marie Barbey‑Chappuis : Genève a une carte à jouer incroyable, notre écosystème est unique au monde. Certes, Zurich accueille les sièges des grandes banques nationales, comme UBS ou Crédit suisse, mais à Genève, nous avons une longue tradition dans le domaine des banquiers privés, qui développent, notamment, cette expertise dans la finance durable, et nous avons ce tissu important, avec les institutions bancaires et les fondations privées.

À cela s’ajoutent les organisations internationales et non gouvernementales, ainsi qu’un secteur académique de pointe. Tout cet écosystème extrêmement dynamique est aussi soutenu par les autorités, que ce soit à l’échelle de la ville, du canton et de la Confédération. La troisième édition du Building Bridges Summit, qui vient justement de se terminer, en est la parfaite illustration. C’est un événement qui réunit des décideurs mondiaux, les dirigeants suisses et internationaux, les organisations internationales, et qui vise à faire de la finance un levier du changement et du développement durable. 

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The Good Life : Quels sont les autres grands axes de la ville de Genève pour agir en la matière ? 

Marie Barbey-Chappuis : Nous avons élaboré un plan d’urgence climatique que nous avons présenté en début d’année, avec des objectifs ambitieux de réduction de 60 % des émissions d’ici à 2030, puis la neutralité carbone en 2050. à l’échelle de la ville, l’un de nos axes d’action est l’assainissement des bâtiments.



D’ici à 2030, 300 millions de francs suisses vont être investis dans le domaine de la rénovation énergétique des infrastructures sportives, afin de mettre des panneaux solaires sur les toits. Nous avons un autre axe : la végétalisation et la « débétonisation », afin d’avoir une canopée beaucoup plus importante. Cela étant, nous avons l’immense chance d’être une ville avec déjà de magnifiques parcs et des quais. Mais nous devons faire encore plus, et planter des arbres partout où c’est possible, car les périodes de canicule sont beaucoup plus fréquentes.

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Le réchauffement climatique à Genève a eu une conséquence très concrète sur l’utilisation du domaine public depuis quelques années. Nous observons que les gens restent dehors plus longtemps, sur les places ou dans les parcs, au printemps, en été et en automne. Par ailleurs, de plus en plus de personnes pratiquent du sport en plein air. La Ville de Genève doit s’adapter à ces changements de modes de vie, car cela engendre une fréquentation accrue de l’espace public.

The Good Life : En plus d’être maire, vous êtes membre du conseil chargé du département de la sécurité et des sports. Vous avez caressé l’envie de devenir footballeuse professionnelle, vous avez pratiqué l’athlétisme, le tennis… Vous avez lancé une campagne retentissante : « Objectif zéro sexisme dans mon sport ». Votre expérience personnelle a-t-elle fait de la défense des droits des femmes un axe de votre mandat ? 

Marie Barbey-Chappuis : Ce n’est pas directement lié à ce que j’ai pu expérimenter dans le cadre de mes activités sportives, mais le sport est le reflet de la société, et les femmes demeurent confrontées à des difficultés. Elles nous disent que, parfois, elles ne sont pas à l’aise, ou qu’elles sont importunées. Cela arrive dans la rue, dans les transports en commun, dans nos infrastructures sportives. À tous les niveaux, nous devons sensibiliser les usagers de nos différents sites. Cela s’inscrit aussi dans ma volonté de promouvoir fortement le sport féminin.

« La fonction de maire à Genève est passionnante. Le matin, on peut rencontrer la directrice générale des Nations unies, l’après‑midi, on discute avec le dirigeant d’une multinationale, et, en fin de journée, on retrouve des restaurateurs pour débattre des horaires des terrasses ou des questions de voirie »

La Ville de Genève a été dotée d’un fonds de 200 000 francs, qui vise à soutenir les clubs souhaitant créer des équipes féminines. Lancé il y a deux ans, il a déjà montré son efficacité. Le second axe, c’est de donner de la visibilité au sport féminin. Par exemple, cette année, nous étions la seule ville en Suisse romande à faire une fan zone pour l’Euro de foot féminin qui s’est déroulé en Angleterre. Cela a bien fonctionné, et il y avait une très belle atmosphère sur le site.

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Et puis le troisième axe, ce sont des campagnes de sensibilisation, notamment avec cette initiative « Objectif zéro sexisme dans mon sport », qui concerne les femmes, mais aussi toutes les personnes qui fréquentent nos infrastructures. Nous luttons aussi contre toutes les problématiques d’homophobie, de racisme, etc. auxquelles le sport n’échappe malheureusement pas. 



The Good Life : Votre mandat a commencé avec une grande avancée ­sociétale : vous avez célébré le premier mariage homosexuel genevois en juillet dernier, quelques mois après un vote par référendum qui s’est soldé par un retentissant résultat (64,1 % pour). C’était important pour vous de sceller cette union, dans l’un des derniers pays d’Europe à avoir franchi le pas ? 

Marie Barbey-Chappuis : Franchement, lorsqu’on me demandera, dans vingt ans, ce qui m’a marqué, ce sera l’un des moments forts de mon mandat. C’était une étape historique pour la Suisse, qui a pris beaucoup de temps, parce que cela a été soumis au vote. Nous sommes l’un des rares pays où l’on a posé la question à la population. La société évolue à un rythme qui n’est pas toujours celui souhaité : on aimerait parfois que cela aille plus vite. C’est un message important. J’ai deux filles et c’est primordial qu’elles sachent qu’elles ont le droit ­d’aimer, et d’être aimées, sans que personne n’ait de jugement à porter sur ça.

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The Good Life : Vous êtes née à Genève en 1981 et avez grandi dans le quartier de Florissant, proche d’ici. Sent-on la dimension internationale de la ville, quand on grandit ici ? 

Marie Barbey-Chappuis : L’ouverture au monde et la tolérance font l’ADN de Genève. C’est une ville de dialogue, de paix. C’est quelque chose qui est inscrit en nous, et c’est comme ça que j’essaie de mener mon mandat. On dit parfois que, pour faire de la politique, il faut écraser ses adversaires. Ce n’est pas ma vision. Je pense, au contraire, qu’il faut les respecter. Tous les ­Genevois savent que nous avons été, aux xvie et xviie siècles, une terre d’accueil pour des réfugiés protestants persécutés. On parle souvent de l’esprit de Genève, et c’est une responsabilité qu’on a, en tant que membre d’un gouvernement, de perpétuer cet humanisme, cette ouverture, ce dialogue. Je ne dis pas que c’est toujours évident. Parfois, il faut aussi aller à la confrontation, mais, en tout cas, c’est comme ça que je conçois mon mandat et ma façon de faire de la politique.

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The Good Life : Vous qui avez longtemps voulu être journaliste, vous ­seriez-vous un jour imaginée maire de la ville ?

Marie Barbey‑Chappuis Pas du tout ! Parfois, je me pince pour le croire. C’est une fierté, une grande joie, et une responsabilité aussi. Le métier de journaliste demande de la curiosité, d’aller vers les autres, de s’intéresser à eux. Ce sont des qualités qu’on doit avoir aussi lorsqu’on occupe une fonction politique. C’est d’autant plus fort en tant que maire, parce que l’échelon communal, c’est celui de la proximité. On est en prise directe avec la population et les difficultés qu’elle rencontre. On a tout de suite le retour, que ce soit en bien ou en mal. Parfois c’est sympathique, parfois c’est plus difficile. Ces deux métiers sont très proches.

« J’aimerais que Genève devienne une référence dans la finance durable ou la diplomatie des villes »

The Good Life : Vous avez deux filles, âgées de 7 et 9 ans ; quel modèle de ville ­voulez-vous leur laisser ? 

Marie Barbey‑Chappuis : J’espère qu’elles seront fières du travail que j’aurais effectué. En tant que politicien, lorsqu’on prend des décisions, on doit toujours penser à la génération future. En tout cas, c’est mon carburant, c’est ce qui fait que je prends des décisions au plus près de ma conscience, en visant l’intérêt général. J’aimerais que Genève renforce sa place de capitale du multilatéralisme, qu’elle devienne une référence dans des domaines, comme la finance durable ou la diplomatie des villes, terrain où l’on mène également des actions.

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En 2020, nous avons créé le Geneva Cities Hub, qui a pour vocation de renforcer la voix des villes dans les discussions internationales, qui ont lieu précisément ici, dans toutes ces organisations basées à Genève. Plus de 50 % de la population mondiale habite déjà dans les villes. Bientôt ce sera 70 %. Les villes sont la clé du succès pour répondre aux défis mondiaux de l’urgence climatique, de la transition numérique, et du vieillissement de la population. J’aimerais qu’on réussisse notre transition dans ces domaines, et que Genève soit une ville apaisée, végétalisée et innovante.


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