Voyage
Dans son second livre, le photographe Roberto Badin capture la beauté lumineuse de la Côte basque au gré de promenades quotidiennes autour de chez lui. D’une rare poésie, ses images donnent à voir la simplicité des choses, la fascinante esthétique de l’ordinaire de tous les jours. Récit en mots et en images.
Quand on a grandi face à la mer, le sentiment océanique ne nous quitte jamais. Ce qui m’a le plus marqué lorsque je me suis installé sur la Côte basque, c’est la lumière et les changements d’atmosphère qui se révèlent être encore plus forts hors saison. L’émotion qui s’en dégage est tellement puissante que j’ai ressenti le besoin de la retranscrire en images.
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« Après L’Été », un ouvrage de Roberto Badin
Je préfère la banalité du quotidien au reportage journalistique d’une situation imposée. L’ambiance surréaliste des villes vidées de leurs habitants lors du premier confinement en 2020 provoquait une fausse impression qui m’a empêché de continuer à photographier. Cela aurait été une autre approche, un autre sujet même.
Alors, j’ai décidé d’attendre que la vie reprenne son cours normal pour que le projet puisse refaire surface. Contrairement à un voyage, où nous arrivons dans un endroit avec un regard vierge ; arpenter les rues autour de chez soi devient un défi.
Un regard ordinaire sur l’extraordinaire de la Côte basque
Se confronter quotidiennement aux mêmes détails et aux mêmes ambiances, tout pourrait paraître presque trop banal pour attirer le regard. C’est justement ce challenge qui m’a séduit ; la simplicité des choses, la fascinante esthétique de l’ordinaire de tous les jours sur la Côte basque.
Mon exploration s’est faite uniquement à pied, pendant une période déterminée, et j’ai remarqué ne jamais dépasser un rayon de 4 km autour de chez moi – soit la distance totale de la plage de Copacabana, à Rio de Janeiro, où j’habitais pendant mon adolescence.
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Ce parcours est devenu un voyage avec des frontières imaginaires, laissant libre cours aux intuitions et au hasard au fur et à mesure de mes promenades.
Plutôt que l’exercice du témoignage, mon intention était d’apprivoiser un espace de façon à en extraire son identité ; une sorte de cartographie dont la lumière et l’émotion ont été mes seuls guides.
Sans m’en rendre compte, j’ai polarisé mes éternelles sources d’inspiration : l’architecture, le cinéma et la littérature ; je pense notamment à ce que Georges Perec appelait « l’infra-ordinaire ».
Découvrir certaines attitudes des personnages à l’intérieur des images était devenu un plaisir quotidien en rentrant de chaque journée de prise de vues. Après l’été est un projet dont l’objectif n’est pas de montrer le vide, mais plutôt ce qu’il y a autour et à l’intérieur.
Il s’agit d’observer un fragment de la réalité telle que je la vois et que je la ressens, sans l’ambition de raconter une autre histoire que celle que chacun peut se faire en regardant les photos de la Côte basque. Ce qu’on voit réellement et qu’on découvre avec le temps, simplement, en observant de plus près.
Après L’Été
37.2 Éditions, 160 pages, 45 €.
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