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Catch, cinéma et association Perce Neige : qui était vraiment Lino Ventura ?

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Ils sont forts, séduisants et ténébreux. Au cinéma, ils crèvent l’écran à la seule force de leur regard de braise et de leur présence charismatique. Le vent n’a d’ailleurs aucun effet sur leurs cheveux et la transpiration ne laisse aucune trace sous leurs bras. Ils s’appellent Paul Newman, Hugh Jackman ou encore Lino Ventura, et ils ont tous incarné des héros forts et virils au cinéma, véhiculant une certaine idée de la masculinité et de la réussite. Mais sous leurs torses velus et bombés, il y a aussi un petit cœur qui bat et cet été, The Good Life vous propose de découvrir la face cachée de cinq acteurs emblématiques plus sensibles qu’il n’y paraît.

Avec une filmographie qui compte à elle seule plusieurs grands classiques du 7e art, Lino Ventura est ce qu’on peut appeler, sans rougir, un « monstre sacré » du cinéma français. Si l’acteur a souvent incarné des méchants à l’écran, l’homme a toujours eu à cœur d’apporter une certaine profondeur à ses personnages.

En gangster, en truand, ou en bandit, Ventura c’était la gentille brute, avec du flegme, de l’élégance et un certain code moral chevillé au Beretta 92. Dans la vie, Angiolino Giuseppe Pasquale Ventura, de son vrai nom, était tout aussi nuancé. Cet ancien catcheur à la voix rocailleuse et au regard de braise était aussi un acteur engagé, jusque dans sa chair, pour la cause des enfants handicapés. Portrait d’un tonton flingueur au grand cœur.


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Lino Ventura avec Yves Montand et Georges Géret.
Lino Ventura avec Yves Montand et Georges Géret. Fonds Gomot-mairie Saint-Paul-de-Vence

Lino Ventura, du catch à l’écran

Lino Ventura naît en Italie, à Parme précisément, un jour de juillet 1919. Très tôt immigré en France en compagnie de sa mère, le jeune Angiolino commence, dès l’âge de 16 ans, une carrière loin des écrans de cinéma. Son truc à lui, c’est la lutte. La lutte gréco-romaine même. Des Gobelins à la Porte d’Italie, Ventura se forme dans les meilleures salles de la capitale.

Enrôlée dans l’armée italienne au début de la seconde guerre mondiale, c’est en rentrant du front qu’il se tourne vers le catch, une pratique plus rémunératrice que la lutte. Là encore le jeune homme excelle et atteint l’apogée de sa carrière, en 1950, en gagnant le titre de champion d’Europe des poids moyens. En bref Lino, à l’orée de sa trentaine, est ce qu’on peut appeler un homme de poigne.

Lino Ventura, le catcheur.
Lino Ventura, le catcheur.

Dans « Lino Ventura – Et l’œil était dans l’ombre », l’auteur Pascal Delorme raconte comment Lino le sportif va prendre un virage à 360° et passer du catch à l’écran. Ce virage, on le doit au réalisateur Jacques Becker. Ce dernier cherche une figure, un bonhomme aux airs italiens, pour donner la réplique à une autre force de la nature : Jean Gabin. Un duo qui donne le grand Touchez pas au grisbi (1954) et qui lance la carrière cinématographique de Lino Ventura.

Dès le début des années 50, l’acteur va ainsi enchaîner les rôles de policier ou de brigand, de résistant ou de taulard. Parmi ses rôles les plus célèbres, Les tontons flingueurs (1963), Le Clan des Siciliens (1969) ou encore Les Barbouzes (1964), soit quelques grands chefs d’œuvres du cinéma français qui marquent la naissance d’une figure quintessentielle de la virilité.

Un drame personnel

Si tout lui sourit à l’écran, Lino Ventura est pourtant touché par une histoire personnelle plus difficile. En 1958, il accueille avec sa femme Odette leur fille Linda, le troisième enfant du couple. Linda, victime de complications à l’accouchement, est atteinte d’un handicap mental. Dans « Lino Ventura : Une leçon de vie », l’auteure Clelia Ventura — qui est aussi sa fille — raconte comment ce drame va profondément marquer l’homme et l’acteur.

Lui, qui avait toujours été plutôt pudique sur sa vie privée, va ainsi dévoiler un pan très intime de son histoire lors d’une allocution télévisuelle, le 6 décembre 1965, sur la chaîne, ORTF. Ce soir-là, devant des milliers de téléspectateurs, Lino Ventura apparaît à l’écran mais pas pour faire l’acteur. Non, cette fois-ci c’est l’homme, sans fard, qui lancera un appel émouvant pour celles et ceux qu’il appelle « les enfants pas comme les autres ». Ventura y livre à cœur ouvert l’histoire de sa fille mais aussi les difficultés que rencontre chaque famille d’enfants handicapés dans son quotidien.

Lino Ventura et sa fille Linda.
Lino Ventura et sa fille Linda. SIPA

Cinq mois plus tard et parce que la famille Ventura rencontre de nombreux obstacles dans sa quête de soins et de soutien pour accompagner sa fille Linda, le couple décide ensemble de fonder Perce Neige, en 1966. Cette association à but non lucratif a pour vocation d’accompagner les personnes souffrant de handicap ainsi que leurs familles. L’organisation va ainsi s’engager à promouvoir l’intégration des personnes handicapées dans la société, améliorer leur qualité de vie mais aussi leur assurer des soins de santé jusqu’à leur dernier souffle.

Dès ses débuts, Perce Neige va prendre une place prépondérante dans la vie de Lino Ventura. Le journaliste Jacques Chancel dira à ce sujet : « Son véritable combat, c’est Linda. C’est ce qui a transformé sa vie beaucoup plus que tout le reste ». L’ancien lutteur portera son association à bout de bras et y consacrera l’essentiel de son temps jusqu’à sa disparition en 1987 à la suite d’une crise cardiaque. Reconnue d’utilité publique en 1976 et comptant aujourd’hui près de quarante maisons d’accueil pour enfants et adultes handicapés, Perce Neige est aujourd’hui guidé par Christophe Lasserre-Ventura, le petit-fils de l’acteur en personne. Un vrai combat de famille et de cœur.

Lino Ventura et sa femme Odette au Festival de Cannes.
Lino Ventura et sa femme Odette au Festival de Cannes. AFP

Site de l’association Perce Neige


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