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Le coupé GT des années 70 fut sans doute la dernière voiture française réellement haut de gamme. Un prestige absolu sous la forme d’un baroud d’honneur involontaire, futuriste et surréaliste. Voici le cinquième et dernier épisode de notre série d'été consacrée aux voitures kitsch mais cultes.
Parmi les Citroën qui ont marqué l’histoire, la SM est probablement celle qui a poussé le curseur de l’originalité le plus loin.
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Citroën SM : un succès victime de son époque
La décennie 70 s’annonçait flamboyante et lancer un coupé fort ambitieux au design extravagant et à la motorisation prestigieuse était une grande idée. Mais c’était sans imaginer la crise pétrolière qui, sévissant quelques années plus tard, allait casser dans son élan ce si beau projet.
Comptez en plus l’apparition des limitations de vitesse, les problèmes d’entretien d’une mécanique italienne sophistiquée mais fragile, puis le rachat de Citroën par Peugeot — voilà qui fait beaucoup…
La SM fut même lancée (sans succès) aux USA, où elle fut le premier modèle étranger élu « Voiture de l’Année » par le magazine Motortrend en 1973, dithyrambique : « Si l’on considère les vingt et une dernières années, la SM correspond plus précisément à l’esprit de la voiture de l’année, peut-être mieux que toute autre voiture fabriquée dans le monde aujourd’hui. »
Au total, 12 920 exemplaires seront fabriqués entre 1970 et 1975, la plupart quai de Javel à Paris, tandis que certains modèles recarrossés par Henri Chapron comme les cabriolets ou limousines marqueront aussi l’histoire (et les ventes aux enchères).
La quintessence du haut de gamme à la française
La SM est avant tout une œuvre d’art sur roue, un poncif ici franchement justifié : c’est un long coupé GT de 4,90 m avec une face avant XXL au regard halluciné avec ses phares et sa plaque d’immatriculation alignés derrière une vitre bombée.
Plus large devant que derrière, sa ligne fuse depuis son long capot jusqu’à son arrière tronqué surmonté d’une bulle de verre et ses passages de roues carénés pour exprimer tout l’aérodynamisme qu’elle concentre.
Tout dit ici la puissance, la vitesse, la sophistication, avec un aspect futuriste qui la démarque totalement des sportives allemandes ou italiennes de l’époque. Son design, sous la direction de Robert Opron, a réussi à marquer l’histoire avec cette incroyable auto.
L’habitacle est à la hauteur, avec une planche de bord ultra-moderne, un volant monobranche so seventies et de moelleux sièges. Quatre personnes pourront y voyager dans tout le confort que Citroën sait si bien prodiguer avec ses suspensions hydropneumatiques (même si les enfants sensibles de l’estomac apprécient moins…). La correction d’assiette automatique garde la voiture toujours à la même hauteur, sans broncher.
Sous l’immense capot, un prestigieux V6 signé Maserati, qui appartient alors à Citroën : le “M” de SM, le “S” étant pour sport, naturellement. Sa puissance de 170 ch aux roues avant emmène la française à 220 km/h. La SM reprend certaines innovations de la DS qui lui fournit sa base technique, avec des phares directionnels et une direction à rappel automatique Diravi, qui aligne les roues droites si on lâche le volant. Magique.
Une recette unique qui a séduit tant Georges Pompidou, Burt Reynolds ou Bernard Pivot : autant dire l’éclectisme de ses fans ! L’histoire ne dit pas si son côté futuriste les charmerait à nouveau aujourd’hui mais une chose est sure, la SM restera toujours un monument automobile.
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