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Porsche Panamera Sport Turismo
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The Good Business

Porsche Panamera Sport Turismo : inclassable mais évidente

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En lançant la Porsche Panamera Sport Turismo, le fabricant allemand offre de nouvelles perspectives à sa Panamera. D’une certaine manière, la firme de Stuttgart ajoute un septième modèle à part entière à sa gamme qui se décline désormais à partir des codes stylistiques de la 911.

Porsche n’a pas traîné pour commercialiser cette version Sport Turismo de la Panamera, à peine un an après la présentation de la deuxième génération de sa berline qui, semble-t-il, a enfin trouvé grâce aux yeux des puristes de la marque. L’attention stylistique portée sur la partie arrière de la seule berline de la gamme a en effet grandement bonifié son allure, lui conférant presque celle d’une 911 à quatre portes. Pour la Sport Turismo, le travail des designers s’est attaché à modifier la poupe de l’auto, donnant naissance à ce que beaucoup ont considéré comme un break de chasse.

La Sport Turismo Turbo S E-Hybrid, conjugue performances chronométriques et écologiques.
La Sport Turismo Turbo S E-Hybrid, conjugue performances chronométriques et écologiques. DR

Un shooting brake, pour reprendre la terminologie britannique originale. Pour rappel, ce type de carrosserie est, à l’origine, issue d’une pratique typiquement British qui s’est développée à partir des années 60 et qui consistait à transformer un coupé 2-portes, éventuellement un cabriolet, en un élégant petit break, idéal pour faire monter ses chiens par le hayon arrière et loger ses fusils de chasse. Une sorte d’oxymore stylistique assumé, alliant le dynamisme d’une voiture de sport et le caractère utilitaire d’un break.

Au fil du temps, cette niche a été adoptée par de nombreux constructeurs suédois, allemands, italiens et même français, sur de petites séries ; ou bien par des préparateurs, séduits par l’idée de transformer des supersportives en objets roulants métissés. Si bien qu’aujourd’hui un break de chasse désigne, en grande majorité, des breaks 4-portes au tempérament sportif. Un descriptif qui correspond en tous points à cette Panamera spéciale. Chez Porsche, le vocable n’est pas ouvertement prononcé. On y préfère plutôt l’appellation « Sport Turismo », qui renvoie davantage à la catégorie des GT désignant des autos luxueuses et sportives.

Porsche Panamera Sport Turismo : les écrans tactiles sont omniprésents. Deux dalles de 7” de chaque côté du compte-tours, et une de 12,3” au centre de la planche de bord.
Porsche Panamera Sport Turismo : les écrans tactiles sont omniprésents. Deux dalles de 7” de chaque côté du compte-tours, et une de 12,3” au centre de la planche de bord. DR

Ferry Porsche en avait rêvé

Toutefois, les amateurs avertis savent que la tentation du break n’est pas nouvelle chez Porsche. En 1984, déjà, les techniciens de la firme décident d’offrir à leur patron Ferdinand Porsche (dit « Ferry »), qui s’apprête à fêter ses 75 ans, une Porsche 928 remodelée en break de chasse. Depuis quelques années, Porsche souhaite, en effet, sortir de la monoculture 911. Avec son design rompant avec les lignes de la mythique sportive de Stuttgart, la 928 est à même d’incarner le renouveau de la marque grâce, notamment, à des mensurations accrues et une motorisation V8 placée en position avant, plus à même de séduire un public à la recherche d’une GT statutaire. La 928 est donc une base idéale pour l’étude stylistique très particulière destinée à Ferry Porsche. Cette 942 – son nom de code en interne – voit sa bulle arrière amplifiée, les vitres de custode agrandies et son empattement étiré de 250 mm, permettant ainsi aux passagers arrière de bénéficier de deux vraies places. Le fils du fondateur profitera un temps de sa 942 verte (sa couleur fétiche déjà présente sur le prototype T7 de la 901 et sur le millionième exemplaire de la 911 type 997), avant qu’elle ne regagne les garages de la collection Porsche.

Cependant, le développement de ce modèle a été dûment notifié et archivé, et deux ans plus tard, c’est un prototype de berline (une sedan, selon le terme employé aux Etats-Unis, qui devaient être le premier marché visé) qui voit le jour, toujours sur la base d’une 928. Puis ce sera une 928 break à 4 portes (projet H50) aux lignes arrière plus abouties que le prototype de berline précédent qui sortira du studio de design. Mais ni l’une ni l’autre ne séduiront suffisamment la direction pour lancer la production. Si la 928, aux mensurations plus imposantes que la 911 contemporaine, semblait adaptée au développement d’une berline et, pourquoi pas, d’un break, ce sera pourtant la doyenne de la gamme qui servira de base à la Porsche 4-portes, comme en témoigne le prototype 989, dévoilé en 1989. Une étude sans lendemain, mais qui annonçait l’actuelle Panamera. A croire que Ferry Porsche avait vraiment rêvé de cette Porsche familiale. Peut-être parce qu’un distributeur Porsche installé à San Antonio (Texas), William Dick, en avait eu très tôt l’intuition, en confiant au carrossier Troutman-Barnes le soin de lui construire une 911 à 4 portes sur la base d’une 911 S avec, détail étonnant, des portes arrière à ouverture antagoniste. Nous sommes en 1967, quelque 42 ans avant le lancement de la Panamera.

La Panamera Sport Turismo se distingue de la Panamera par sa poupe façon « break de chasse ».
La Panamera Sport Turismo se distingue de la Panamera par sa poupe façon « break de chasse ». DR

 Panamera Sport Turismo : sportivité et modularité

Avec une telle généalogie, la Panamera Sport Turismo avait toutes les raisons de voir le jour. Mais, contrairement à ses « aînées » dont la ligne avait pu paraître hésitante ou, au contraire, exagérée, la Panamera Sport Turismo affiche, dès sa première mouture, une remarquable homogénéité dans le coup de crayon. Comme une sorte d’évidence générée par ce hayon qui vient aplanir le toit de la Panamera, alors que les deux modèles disposent de mensurations (longueur, largeur et hauteur) équivalentes. A l’intérieur, le coffre ne gagne que 20 petits litres, portant son volume à 520 litres (1 390 litres avec les sièges arrière abaissés). Evidemment, on est loin de la capacité d’un grand break traditionnel dont certains modèles dépassent les 650 litres. Cependant, ces calculs ne tiennent pas compte de la hauteur des parties vitrées, là où justement la différence avec la Panamera est importante.

La Sport Turismo se distingue de la Panamera par sa poupe façon « break de chasse ».
La Sport Turismo se distingue de la Panamera par sa poupe façon « break de chasse ». DR

En fin de compte, est-ce bien là l’objet de cette Sport Turismo ? Car si la Panamera dégage un caractère plutôt statutaire qui la range au côté des autres berlines allemandes du même rang, la Sport Turismo affiche d’emblée un certain dynamisme, de la sportivité, de la modularité… En somme, une auto plus polyvalente, notamment pour la pratique des loisirs : les sports nécessitant des équipements, une évasion à la campagne, le chargement d’objets chinés le week-end… Car le point fort de cette Panamera Sport Turismo réside aussi dans ses trois places arrière (contre deux sièges baquet pour la Panamera), ce qui lui donne aussi un air plus familial. Autrement dit, plus besoin de faire de compromis en optant pour un SUV (Macan ou Cayenne) si l’on veut, coûte que coûte, conduire une Porsche et voyager avec sa tribu. Comme si la Sport Turismo arrivait à point nommé pour répondre à cette communauté croissante de conducteurs en quête d’un véhicule spacieux et routier, luxueux et à fort caractère, et qui ne comprend pas bien l’intérêt d’un véhicule haut perché et aux formes boursouflées.

Une 911 avec 4 portes

Sur la route, cette catégorie sera d’autant plus comblée qu’on retrouve le même effet saisissant de « 911 à 4 portes » : une position de conduite basse digne d’une sportive, des motorisations plus que généreuses, la fameuse boîte PDK à 8 rapports qui relègue les transmissions mécaniques à l’âge de pierre, une agilité accrue grâce à des roues arrière directrices, un freinage carbone-céramique qui vous stoppe net sans bavure… autant d’arguments qui font vite oublier les 5 mètres de long et le poids de près de 2 tonnes.

Pour un peu, on se croirait au volant d’une 911. Toutefois, l’un des arguments chocs (dont ne dispose pas encore les 911, et l’auront-elles un jour ?) est la présence au catalogue de deux motorisations hybrides. Notamment cette Turbo S E-Hybrid dotée de pouvoirs qui laissent véritablement songeurs : 680 ch combinés, pour un couple de 850 Nm, 3,4 s pour le 0-à-100-km/h, 310 km/h de vitesse de pointe, soit des performances équivalentes à celles d’une GT3… mais en version 5-places. Evidemment, le Graal a un coût qui, ici, frôle les 200 000 euros. Mais il n’est pas nécessaire de monter aussi haut pour percevoir tout le potentiel routier de la Sport Turismo, car à la différence de la Panamera « tout court », toutes les versions sont équipées d’une transmission intégrale qui renforce la motricité de l’auto, tout en préservant son confort, quelle que soit la situation.

De même, les puristes ne pourront que se réjouir de l’absence de diesel au sein de la gamme Sport Turismo. En fin de compte, a-t-on besoin de classer cette auto dans une catégorie pour pouvoir l’apprécier ? N’entrons pas non plus dans la surenchère du ni-ni qui la définirait par la négative. N’est-elle pas, au contraire, le parfait exemple qu’un design innovant, avec tout ce qu’il suggère, suffit pour s’affirmer ? Et peut- être aussi à sensibiliser toute une classe de conducteurs qui opéraient, jusqu’alors, des choix par défaut.

Porsche Panamera Sport Turismo

Moteur : de 2995 cm3 (V6) à 3996 cm3 (V8).
Puissance : de 330 à 680 ch.
Couple maxi : de 450 à 850 Nm.
Boîte PDK : 8 rapports.
Vitesse maxi : de 259 à 310 km/h.
Accélérations : de 3,4 à 5,5 s de 0 à 100 km/h.
Longueur : 5 049 mm.
Largeur : 1 937 mm.
Hauteur : 1 432 mm.
Empattement : 2 950 mm.
Poids : de 1880 à 2325 kg.
Emissions de CO2 : de 59 à 212 g/km.
Prix : à partir de 100367 €.


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