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Christina Bu, Présidente de Norwegian EV (Norsk Elbilforening).
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The Good Business

Norvège : le boom des voitures électriques vu par Christina Bu

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Avec plus de 100 000 véhicules électriques pour ses 5,2 millions d'habitants, la Norvège est un pionnier dans la consommation de voitures électriques. The Good Life a rencontré Christina Bu, la Présidente de Norwegian EV (Norsk Elbilforening), l'association norvégienne de véhicules électriques. Interview.

The Good Life : Mme Bu, quels sont les rôles et missions de la Norwegian EV, l’association de voitures électriques en Norvège ?

Christina Bu : Notre mission est de promouvoir et d’aider la transition vers la mobilité électrique en Norvège. Nous proposons à nos membres des services dédiés, comme des assurances spéciales, une application qui leur fournit une carte des stations de recharge ou des conseils plus généraux. A ce jour, nous comptabilisons plus de 45 000 membres, et cela fait sans doute de nous la plus grande association de propriétaires de voitures électriques du monde. Nous œuvrons également dans le secteur politique afin d’accélérer le passage à la mobilité électrique. Nous collaborons avec les différents partenaires en jeu et nous débattons régulièrement avec les politiciens et les agences gouvernementales pour leur faire part de nos observations. En ce moment, les infrastructures de recharge font partie de nos priorités. Nous sommes également en contact avec les industriels pour qui nos observations sont cruciales, car elles leur permettent d’appréhender l’évolution du marché. Par ailleurs, nous recevons de plus en plus de visites internationales de médias, d’entreprises, de politiciens et de bureaucrates.

Parkings publics à Oslo, où recharger sa voiture électrique.
Parkings publics à Oslo, où recharger sa voiture électrique. Albertine Guillaume

TGL : D’après vous, comment le marché des voitures électriques va-t-il évoluer ?

C. B. : Honnêtement, je ne crois pas que les gens saisissent la rapidité de l’évolution en ce moment. Le prix moyen des batteries lithium-ion a chuté de 2/3 depuis 2010, et il va continuer de baisser. Cela signifie que les voitures électriques seront encore moins chères à l’achat sur la plupart des marchés d’ici à 2025. Parallèlement à cela, la technologie se développe rapidement, permettant des gammes de voitures de plus en plus riches et des batteries qui se rechargent plus vite. Dans ce contexte, pourquoi quelqu’un choisirait-il d’acheter une voiture chère et polluante ? En juin, 28 % de la totalité des ventes de nouvelles voitures en Norvège étaient complètement électriques. C’est plus que les voitures Diesel et essence ! Si on inclut les hybrides rechargeables, le total s’élève à 42 %. Si on prend le cas de la Volkswagen Golf, le constat est d’autant plus probant. Cette année, 44 % des Golf vendues étaient complètement électriques et 23 % concernaient des hybrides plug-in, soit 67 % au total. Malheureusement, l’électrique n’est pas encore en option pour les gros modèles de voitures, sinon les ventes seraient encore plus importantes, car les Norvégiens adorent acheter de très grandes voitures. Je pense que le défi le plus important de ces prochaines années sera de gérer une demande qui excédera l’offre. Pour certains modèles de voitures, les listes d’attente sont déjà très longues. Or ces modèles ne sont même pas encore distribués dans d’autres pays…

Investir dans les infrastructures publiques et convaincre les professionnels de s’équiper restent les priorités du gouvernement norvégien. La Norvège s’est en effet engagée à réduire ses émissions de CO2 de 40 % d’ici à 2030. Et, à partir de 2025, seules les voitures électriques seront commercialisées.
Investir dans les infrastructures publiques et convaincre les professionnels de s’équiper restent les priorités du gouvernement norvégien. La Norvège s’est en effet engagée à réduire ses émissions de CO2 de 40 % d’ici à 2030. Et, à partir de 2025, seules les voitures électriques seront commercialisées. Albertine Guillaume

TGL : Quels sont les principaux défis ?

C.B. : Nous savons tous que l’urgence est de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Je pense que les pays devraient sérieusement commencer à réfléchir aux mesures qu’ils peuvent mettre en place pour accélérer la transition vers les transports électriques. Par ailleurs, nous devons également penser à l’après-pétrole et passer à la production d’énergies renouvelables. Nous sommes une petite organisation (15 employés), mais nous recevons trois ou quatre visites internationales par semaine. C’est un signe encourageant, qui montre que les gens se réveillent. Nous sommes en train de changer de paradigme dans les secteurs du transport et de l’énergie, et cela devient de plus en plus évident pour les industries, pour les consommateurs et pour les gouvernements.

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