Horlogerie
À cheval entre le Sud-Tyrol, la vallée de l’Adige et les Dolomites, la région du Trentin‑Haut-Adige est une région de vignobles escarpés, au terroir, au climat et à l’histoire riches et métissés.
Tout au nord de l’Italie, à la frontière avec l’Autriche et la Suisse, la région du Haut-Adige, la plus septentrionale du pays, a gardé une influence germanique. De son côté, le Trentin, resté entièrement italophone, occupe la partie basse de l’Adige, ainsi que les petites vallées qui s’étirent en direction du lac de Garde. The Good Life a visité la région du Trentin-Haut-Adige.
La dénomination d’origine contrôlée (DOC) Trentino regroupe 19 vins de cépages et deux assemblages, mais un grand nombre de producteurs préfère commercialiser leurs vins sous l’appellation indication géographique typique (IGT) Vigneti delle Dolomiti, aux règles moins strictes. Même si la région du Trentin-Haut-Adige est une toute petite région viticole, avec seulement 5 600 ha de vignes, c’est pourtant l’une des quatre principales de la péninsule, et elle fait l’objet d’un véritable culte pour les amateurs de vins, en raison du caractère exclusif de certaines cuvées produites en quantité très limitée.
40 % des appellations italiennes
La beauté de ses paysages ne doit pas faire oublier la difficulté de cultiver la vigne dans une région où seulement 15 % des terres sont cultivables. Ce qui n’empêche pas la région du Trentin-Haut-Adige de posséder une richesse sans pareille, avec plus de 40 % des DOC et des IGT italiennes localisées ici. Pour expliquer une telle diversité, il faut se souvenir que la région est à la croisée de climats entre l’influence du froid alpin et la douceur du climat méditerranéen, avec plus de 300 jours de soleil par an et une température moyenne de 18 °C.
Une région tout en relief aussi, où l’altitude des vignes va de 200 à 1 000 m, que ce soit en terrasses, sur des coteaux abrupts et escarpés ou sur les quelques plateaux qui existent. Quant aux sols, là encore, la diversité est de mise. Dans la région du Trentin-Haut-Adige, on retrouve aussi bien des roches volcaniques de porphyre que du quartz et du mica, des sols calcaires et de dolomites, riches en calcium et en magnésium, que des marnes sableuses. Une complexité des sols rare, qui permet de faire pousser une grande diversité de cépages et de produire des styles de vins très différents.
Une terre de métissages et de mélange des cultures qui remontent à plus de trois mille ans. Dès le VIIIe siècle, les monastères francs et bavarois acquièrent des vignobles dans la région du Haut-Adige. Mais il faudra attendre la domination de l’Empire austro-hongrois, de 1802 à 1919, pour que la production viticole connaisse un véritable essor. Après la Première Guerre mondiale, le Sud-Tyrol et le Trentin deviennent italiens, même si les conflits entre minorités germanophones et les populations italiennes ne cesseront qu’en 2001, lors de l’adoption d’une loi constitutionnelle qui introduit le nom Südtirol à côté de celui d’Alto Adige.
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Des cépages autochtones
Au début du xixe siècle, la vallée de l’Adige cultive surtout un cépage assez quelconque, le schiava, avant que les vignerons ne se tournent vers des variétés plus intéressantes à la fin des années 70. Le sauvignon blanc et le chardonnay expriment très bien le caractère fruité et acidulé des vins du Haut-Adige aux côtés du pinot blanc très sec, et des riesling et gewurztraminer racés et aromatiques. C’est d’ailleurs ici qu’est né ce cépage – « Gewürzt » signifiant épicé ou aromatique en allemand, tandis que « traminer » fait référence à son village d’origine, Tramin ou Termeno en italien.
Si les cépages blancs représentent près de 60 % de la production – le Trentin est le premier producteur de chardonnay en Italie – et offrent des vins reconnus pour leur finesse et leur vivacité, les vins rouges n’en sont pas moins remarquables. Prince du Haut-Adige, le lagrein est déjà mentionné comme un cépage noble dans des écrits datant de 1525. Rare, il donne des vins rouges riches en tanins et en acidité, à la personnalité marquée. Assemblé au schiava, un cépage local qui apporte des notes fumées, il donne des vins puissants et profonds.
L’autre vedette du Trentin est le teroldego, qui n’est cultivé que très localement. Sa forte acidité et sa structure tannique garantissent un long vieillissement des vins, au style marqué par la vivacité du fruit, aux notes de café et de chocolat amer. Elisabetta Foradori, vigneronne réputée de la région du Trentin-Haut-Adige, a d’ailleurs fait du teroldego la signature de ses vins.
Notre sélection de 10 domaines de la région du Trentin-Haut-Adige
1. Le domaine Foradori
Née à l’aube du xxe siècle, la propriété commence à connaître le succès dans les années 60. Mais c’est Elisabetta qui va donner ses lettres de noblesse aux vins Foradori. Dès son arrivée, en 1984, elle plante des sélections du cépage teroldego avant de se lancer, en 2000, dans la replantation à partir de graines et de convertir le domaine à la biodynamie. Ce millésime s’ouvre sur une corbeille de petits fruits rouges (groseille, cerise), soulignée par des arômes délicats de violette, de noisette et une touche de tabac blond. En bouche, tout est volupté, minéralité et fraîcheur avec un fruit rond, ample et savoureux. La finale est tendue par une belle acidité qui apporte du dynamisme. à mettre en cave.
2. Le domaine Tenute Lunelli
Propriété de la famille Lunelli, la Villa Margon est l’un des fleurons de l’appellation Trentino. Sur un terroir d’altitude exceptionnel, le chardonnay bénéficie d’écarts de températures entre jours et nuits. Les vignes qui entourent le village du xvie siècle produisent ce vin complexe, aux arômes intenses qui évoquent la pomme, le pamplemousse, la fleur d’amandier et les agrumes. La bouche est bien structurée, élégante et délicate. On retrouve des notes fruitées dans une matière ronde, précise aux notes légèrement boisées, dues à l’élevage partiel sous bois. Un grand vin de garde qui prouve le potentiel de vieillissement des vins nature.
3. Le domaine Gino Pedrotti
C’est aujourd’hui la troisième génération qui bichonne les terres familiales, sur les douces collines qui bordent le lac de Cavedine. Ici, tout est en bio et en biodynamie, et le nosiola s’y plaît. Ce cépage, le plus ancien du Trentin, est le seul cépage blanc indigène de la région. L’Ora, un vent léger qui monte du lac de Garde voisin, tempère le soleil intense du matin et adoucit la fraîcheur des nuits. Un climat idéal qui lui permet de dévoiler, sous une robe jaune paille, des notes subtilement fruitées. La bouche est fraîche et délicate, avec une amertume agréable qui évoque la noisette. Servi bien frais, c’est un vin d’apéritif qui s’apprécie dans la fougue de sa jeunesse.
4. Le domaine Cantina Andriano
Au nord-ouest de Bolzano, sur la rive droite de l’Adige, les 80 ha de la propriété s’étalent sur un terroir d’argile calcaire et de pierre blanche. C’est sur des pentes douces, à 500 m d’altitude, que poussent les pinots noirs qui servent à produire cette cuvée. Les chaleurs matinales, presque méditerranéennes, et les nuits fraîches apportent aux raisins une maturité exceptionnelle qui s’exprime dans des arômes de petites baies noires (cassis, myrtille) et de raisin sec. En bouche, la matière est ronde, soyeuse, tendue par une trame à la belle acidité et soutenue par des tanins fondus. Pour en apprécier toute la complexitée, ne le servez pas trop frais.
5. Le domaine Cantina Terlano
Fondée en 1893, la coopérative est parmi les plus anciennes du pays. Plantées sur un terroir volcanique, les vignes des 143 membres de la Cantina Terlano ne produisent qu’une faible proportion de vins rouges. Le lagrein, typique du Sud-Tyrol, est considéré comme le meilleur raisin autochtone. Un cépage au caractère singulier sous une robe d’un rouge grenat foncé. Les premiers arômes sont dominés par des notes intenses de griotte, avant que des notes de lilas et de laurier ne s’expriment. La bouche est intense et harmonieuse, avec une texture délicate et des tanins élégants et veloutés qui apportent une belle ampleur. Il peut patienter quelques années, mais ne tardez pas trop !
6. Le domaine Ferrari
Ferrari, premier producteur italien de bulles, sait faire de magnifiques vins effervescents. Le fondateur, Giulio Ferrari, qui a fait des études d’œnologie à Montpellier, a rapporté la méthode champenoise dans le Trentin et promeut le chardonnay dans la région. Produite depuis 1991, cette superbe cuvée est 100 % chardonnay. Dès les premiers arômes, on découvre des notes de fruits mûrs, de croûte de pain et de noisette fraîche grâce aux 30 mois d’élevage sur lies. En bouche, les bulles d’une grande finesse soulignent un fruit intense, juteux, des notes subtilement vanillées. Une alternative à un bon champagne.
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