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En 1978, la très athlétique Nike fait une première incursion dans la pop culture avec ce modèle conçu pour les habitués du mythique Studio 54, 2024 - TGL
En 1978, la très athlétique Nike fait une première incursion dans la pop culture avec ce modèle conçu pour les habitués du mythique Studio 54, 2024 - TGL
Marine Mimouni

The Good Look // Brands

Quelle est l’histoire de la Nike Night Track ?

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The Good Look

En 1978, la très athlétique Nike fait une première incursion dans la pop culture avec ce modèle conçu pour les papillons de nuit VIP du mythique Studio 54. Retour sur un brillant coup de maître.

Fin décembre 1978, à Eugene, dans l’Oregon, Phil Knight, fondateur de Nike, se frotte les mains. Le jeune P-DG est dans les temps de passage du business-plan établi sept ans auparavant. Les modèles Cortez et Waffle caracolent en tête des ventes. Son icône, Steve Prefontaine, le « James Dean du running » tragiquement décédé trois ans plus tôt, a rendu la course à pied sexy. Et, puis, la Nike Night Track…


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Nike Night Track : comète disco

Enfin, l’ancien entraîneur et cofondateur de la marque, Bill Bowerman, persuade l’Américain moyen que « si tu as un corps, tu es un athlète ». Sa première égérie, Ilie Nastase (1972), lui a donné un grain de folie et un passedroit dans le tennis. Et un joli coup se prépare pour le printemps suivant avec le lancement d’un modèle de running révolutionnaire.

Le 10 décembre 1978, sur le marathon d’Honolulu, une poignée de coureurs étrenne l’Air Tailwind, première chaussure équipée d’un «système de rembourrage basé sur un gaz inerte encapsulé dans du plastique polyuréthane» sorti, en mars 1977, du cerveau de Frank Rudy, ancien ingénieur de la NASA.

La commercialisation de la Tailwind excite toute l’industrie, mais vire au flop. La semelle se dégonfle, la teinture s’écaille. Le produit n’est pas prêt. C’est le premier véritable échec de Nike, qui s’en remettra. En cette fin d’année 1978, Phil Knight ne sait pas encore qu’une version «détournée» de la Tailwind est en train de faire basculer Nike dans sa future histoire…

La pétillante Nike Night Track a été la star du Studio 54 à la fin des années 70.
La pétillante Nike Night Track a été la star du Studio 54 à la fin des années 70. DR

La première Nike pop

À New York, la marque séduit déjà les runners de Central Park, mais aussi une autre espèce de consommateur qu’elle n’a pas vu venir: les artistes, les modeux, les yuppies et tout ce que New York compte de papillons de nuit. Un monde qui s’abreuve de champagne et de disco au Studio54, plaque tournante de la fête sur la côte Est, ouvert en mars 1977.

Un soir, un commercial noctambule de Nike tape dans la main des patrons et s’engage à leur livrer un modèle de Tailwind spécifiquement destiné aux employés et aux habitués du club. Un contrat «pour le fun », raconte Nelson Farris, directeur Culture et Patrimoine. Mais qui répond tout de même à un cahier des charges précis : « Ces chaussures devaient être confortables pour pouvoir danser, donc avec une semelle lisse, poursuit-il. Mais surtout, il fallait qu’elles brillent ! »

Jumelle du modèle LDV (les petits crampons en moins), cette Tailwind sert de base à la confection de la Night Track. C’est sans conteste la sneaker la plus glitter de tous les temps: cuir argenté, virgule rouge vernie et peinture de semelle vermillon incrustée de paillettes comme sur les autos des années 50.

Dans les années 80, on a vu Michael Jackson la porter pour une publicité de scooter.
Dans les années 80, on a vu Michael Jackson la porter pour une publicité de scooter. DR

Fabriquée en série limitée et offerte aux happy few du club (Andy Warhol, John Travolta, Sylvester Stallone, Cher…), celle que l’on surnomme très vite « Disco » ou « Studio 54 » devient un accessoire convoité autant qu’une pub ambulante au cœur de cette faune intello-pop. « Quand elle est arrivée sur le marché, les gens disaient : “Parfait, j’ai mes Nike de running et mes Nike de ville !” », raconte Nelson Farris.

La « collab » s’arrête un soir de décembre 1979, lorsque la police descend à la cave du Studio 54 et découvre des centaines de sacs de dollars et de cocaïne. Fermeture. Fin du bal. Et du disco. Sans conséquence pour la sportive Nike qui vient de gagner ses galons cool et lifestyle.

La Disco ne disparaît d’ailleurs pas totalement des radars. On l’aperçoit en 1982 aux pieds de Michael Jackson dans une campagne de publicité japonaise pour le scooter Suzuki CL50. La Nike Night Track est aussi portée par David Hasselhoff, période K2000, ou par Mister T, alias Barracuda dans la série L’Agence tous risques.

Comme beaucoup d’autres, elle ne survit pas à la déferlante Air Jordan du milieu des années 80. Nike et Colette la ressuscitent en 2012 aux couleurs du conceptstore parisien (virgule bleue), six ans avant Comme des Garçons. Rarissime, le modèle original se vend aujourd’hui aux alentours de 1000 euros sur les platesformes spécialisées.


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