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C’est dans un ancien monastère du XIIe siècle que la philanthrope polonaise Grazyna Kulczyk a choisi d’établir le Muzeum Susch - The Good Life
C’est dans un ancien monastère du XIIe siècle que la philanthrope polonaise Grazyna Kulczyk a choisi d’établir le Muzeum Susch.
Marine Mimouni

Culture

Muzeum Susch : L’art et la chorégraphie se rencontrent

Culture

Perdu au cœur de la vallée d’Engadine, en Suisse, le village de Susch compte moins de 300 âmes. C’est dans son ancien monastère du XIIe siècle que la philanthrope polonaise Grazyna Kulczyk a choisi d’établir un campus consacré à l’art et à la chorégraphie.

À l’intérieur du Muzeum Susch.
À l’intérieur du Muzeum Susch. DR

Susch, arrêt uniquement sur demande ! Le trajet à bord du train régional, classé au patrimoine mondial de l’Unesco, vaut à lui seul le détour pour rejoindre le minuscule village au pied des montagnes. En 2015, la philanthrope polonaise Grazyna Kulczyk fait dynamiter les sous-sols de l’ancien monastère de la belle endormie pour se frayer un chemin à travers la roche. Le musée est inauguré les premiers jours de 2019 : 1500 m2 d’art et d’architecture hors du commun. À l’intérieur, une dizaine d’œuvres permanentes et des expositions temporaires retracent le parcours méconnu ou oublié d’artistes femmes engagées.

« Le rôle de l’art est d’apporter des réponses » – Grazyna Kulczyk 

La réplique de la bombe nucléaire lancée sur Hiroshima en 1945 de Joanna Rajkowska. 
La réplique de la bombe nucléaire lancée sur Hiroshima en 1945 de Joanna Rajkowska.  DR

Au contact des oeuvres

Au fil des salles, on découvre les décalcomanies d’intérieurs grandeur nature d’Heidi Bucher, un escalier monumental en métal de Monika Sosnowska, ou encore une réplique de la bombe nucléaire lancée sur Hiroshima en 1945, signée Joanna Rajkowska. Dans les réserves de l’ancienne brasserie, la rotonde en acier mobile de Miroslaw Balka reflète la silhouette des visiteurs au milieu d’une grotte, symbole du temps qui passe.

Des oeuvres en pierre à l’extérieur du Muzeum Susch.
Des oeuvres en pierre à l’extérieur du Muzeum Susch. DR

Le parcours, pensé comme un voyage initiatique plein de surprises, débouche parfois sur de petites alcôves, comme cette installation en résine de Sara Masüger nichée en bas de l’escalier. Sur les murs, aucun nom ni cartel explicatif pour éclairer les œuvres. Pour en savoir plus, il faut consulter le petit guide fourni à l’entrée ou l’appli du musée.

À l’intérieur, une dizaine d’œuvres permanentes et des expositions temporaires retracent le parcours méconnu ou oublié d’artistes femmes engagées.
À l’intérieur, une dizaine d’œuvres permanentes et des expositions temporaires retracent le parcours méconnu ou oublié d’artistes femmes engagées. DR

Ce parti pris peut paraître surprenant dans un lieu où les visiteurs – un mélange de pèlerins férus de culture et de randonneurs à ski – ne sont pas forcément des spécialistes d’art contemporain. « On ne vient pas ici pour parcourir un musée, mais pour vivre une expérience directe au contact des œuvres. C’est un rapport basé sur l’émotion », explique Grazyna Kulczyk. Une vision proche des principes du Gesamtkunstwerk (œuvre d’art totale), un concept esthétique issu du romantisme allemand du XIXe siècle où l’art et la vie ne font qu’un. 

Un village arty

Véritable temple dévolu à la création contemporaine, le campus compte aussi un restaurant à la cuisine et à la déco locales, une salle de spectacles, et l’Instituto Susch, un forum de recherche féministe tourné vers la chorégraphie et la performance. À quelques pâtés de maisons, la résidence Casa degli Artisti accueille créatifs et académiques triés sur le volet.

Le Muzeum Susch.
Le Muzeum Susch. DR

La nuit tombée, dans la chaleur de la grange réhabilitée, on discute art et politique avec la chorégraphe israélienne Yasmeen Godder venue préparer une performance en famille, le spécialiste d’art contemporain ukrainien Alex Fisher, et la dramaturge Rahel Spöhrer. Certains soirs, Grażyna, qui habite juste à côté, se joint aux festivités. Gesamtkunstwerk encore et toujours, pour ce lieu venu jouer dans la cour des grandes institutions culturelles, loin des expositions parfois tape-à-l’œil des stations de ski avoisinantes.

3 questions à Grazyna Kulczyk

Pourquoi avez-vous installé votre musée à Susch ? 

J’avais une maison dans la vallée d’Engadine et, en 2014, j’ai décidé d’y ouvrir un petit centre d’art et de recherche, pensé comme une annexe de l’institution que je voulais bâtir à Varsovie. Lorsque la ville a refusé de coopérer, j’ai déplacé tout le projet à Susch !

Quels sont les artistes les plus importants du moment ? 

Au-delà de la guerre en Ukraine, qui révèle la complexité de la région, le récent décès de l’artiste Natalia LL a renouvelé l’intérêt pour l’art européen postcommuniste, comme les œuvres des artistes tchèques Bela Kolarova et Emila Medkova.

L’art doit-il forcément être engagé pour être valable ?  

Le rôle de l’art est d’apporter des réponses inhabituelles à des problèmes très difficiles. Les questions fondamentales sur notre civilisation ne sont pas seulement de nature politique, pourtant elles sont souvent comprises comme telles.


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