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Laurence Bret-Stern
Laurence Bret-Stern, directrice marketing de LinkedIn pour l'Europe, le Moyen-Orient, l'Afrique et l'Amérique latine.
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The Good Business

Laurence Bret-Stern La Frenchie de LinkedIn

The Good Business

Des télécoms aux start‑up, de la Californie à Londres en passant par les Pays‑Bas, cette Parisienne pur jus a multiplié les départs et les lancements. Elle est aujourd’hui la directrice marketing de LinkedIn pour l’Europe, le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Amérique latine. Rencontre dans le fog londonien avec une serial expat.

New Oxford Street, dans le centre de Londres, à quelques milliers de kilomètres de la Silicon Valley. A des années-lumière aussi de la douceur de vivre californienne. Pourtant, au cœur de ce quartier marchand de la capitale britannique, grouillant de touristes et de travailleurs en costume esquivant les bus à impériale et les cyclistes en Lycra, un seul pas dans le QG européen du réseau social professionnel LinkedIn plonge le visiteur dans l’atmosphère laborieuse et enthousiaste de la Valley. Derrière un comptoir blanc, posé à côté d’une cabine téléphonique rouge, une réceptionniste, sourire Ultra Brite et ultracorporate : « J’adore travailler ici. LinkedIn c’est vraiment une boîte géniale. » Arrive alors Laurence Bret-Stern, le pas sûr et le regard bleu acier franc. LinkedIn Londres ressemble à une grande aire de jeux pour trentenaires connectés. « Chez LinkedIn, on accorde beaucoup d’importance à l’environnement de travail », sourit-elle. Un euphémisme. Au fil des étages, on trouve : un bar, un salon-bibliothèque (ambiance feutrée de manoir écossais et fausse cheminée), une salle de réunion, une petite salle de cinéma, des vélos-chargeurs pour portables, des kitchenettes à chaque étage, une salle de gym, etc. Le tout émaillé de clins d’œil appuyés à la capitale britannique et à ses transports : une salle de réunion « Big Ben », une autre « Clash » (Doc Martens se dandinant au plafond, badges punk au mur), une « Ziggy » (des carreaux pailletés s’illuminent sous nos pas) ou une « Underground » (même tissu que les vieilles banquettes du « Tube »)… Et dire que la déco va bientôt être refaite…

Des télécoms à Internet
Aucune cloison entre les employés. Le bureau de Laurence Bret-Stern ressemble à n’importe quel autre. Avant de diriger les activités marke-ting de LinkedIn pour l’Europe, le Moyen-Orient, l’Afrique et, récemment, l’Amérique latine, cette experte en télécoms et « serial expat » a fait ses armes au sein de France Télécom, après un DESS médias et télécoms à Dauphine. « Je n’ai pas de formation d’ingénieur, mais j’ai toujours eu de l’appétit pour les nouvelles technologies. » En 1995, alors qu’elle travaille au CNET, le centre de recherche du géant français des télécoms, elle assiste aux débuts d’Internet. « C’est probablement là que j’ai attrapé le virus de l’innovation. » L’année suivante, elle suit son mari aux Etats-Unis et finit par y rejoindre les équipes de France Télécom North America. Elle décrit l’introduction en Bourse du français à Wall Street comme « un moment assez épique, avec des danseuses de French cancan ». Aux Etats-Unis, en pleine libéralisation des télécoms, elle voit s’amorcer la croissance d’Internet, du haut débit, des technologies mobiles… mais aussi l’éclatement de la bulle du secteur. Fin 1999 : retour en Europe. Direction les Pays-Bas, un petit marché très concentré, mais précurseur. Elle prend la direction marketing produits du fournisseur d’accès Euronet Internet. Une fois de plus, Laurence Bret-Stern se trouve à l’avant-garde du secteur. « Les Néerlandais sont toujours à la pointe de l’innovation technologique. » Au bout de deux ans, retour au bercail, trois enfants sous le bras, pour rejoindre AOL et lancer l’ADSL en France. Elle quitte le groupe six ans plus tard. « Parce que, et c’est très ironique, on me demandait d’emménager à Londres. » Ensuite, nouvelle aventure, sur le terrain plus escarpé des start-up, cette fois, avec Silentale, qui exploite les opportunités du big data. « Il a fallu mettre les mains dans le cambouis. J’ai beaucoup appris. » Puis, en 2010, LinkedIn la repère… sur sa propre plate-forme. Alors, qu’est-ce qui a poussé les Américains à recruter : a) une élégante Frenchie ? b) une femme dans le milieu masculin de la tech ? c) une quadra pour manager une force de travail Gén Y ? « Mon expérience internationale des grandes organisations comme des start-up. » Laurence Bret-Stern a un double mandat : monter les équipes marketing Europe et lancer -LinkedIn en France. Les Californiens ont fait le bon choix. Le bureau de Paris ouvre en 2011. « On avait 2 millions d’abonnés en France, on en est à plus de 10 millions maintenant. » Il y a deux ans, Laurence traversait la Manche pour se rapprocher du centre de décision européen. Cette Parisienne pur jus retrouve la vie d’expat. « Les Anglais sont extrêmement courtois, ça rend le quotidien plus facile. Et il y a une énergie à Londres qu’on ne sent pas nécessairement ailleurs. C’est un mélange de positivisme et de pragmatisme. On ne se pose pas trop de questions, on avance. C’est une atmosphère très stimulante. » Ce besoin d’authenticité, on le retrouve dans son hommage à la « vision claire » de LinkedIn : transformer le monde du travail en connectant chaque professionnel avec des opportunités. Le parcours de Laurence Bret-Stern à travers des entreprises qui ont transformé leur industrie a lui aussi suivi un tracé précis. « Je pense que j’ai pu saisir les opportunités qui s’offraient à moi tout en prenant un certain nombre de risques. » Outre « un grand besoin d’apprendre et de transmettre », la plus grande qualité de Laurence Bret-Stern est probablement le flair. Se trouver là où il faut, au bon moment.

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