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The Good Business

Green Got, La néo-banque qui ne pollue pas

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À 28 ans, Maud Caillaux a cofondé Green Got, l’une des néo-banques françaises orientées vers la transition écologique. Une préoccupation de sa génération, mais pas seulement. L’objectif immédiat est de diminuer l’empreinte carbone de l’argent de ses 11 500 clients en coupant le financement des énergies fossiles. Une autre façon d’évangéliser les géants du secteur à la finance verte.

Maud Caillaux, cofondatrice de Green Got.
Maud Caillaux, cofondatrice de Green Got. Courtoisie Green Got

The Good Life : Pourquoi avez-vous créé la néo-banque Green Got avec vos deux co-fondateurs ?

Maud Cailleux : Nous y travaillons depuis trois ans, ce qui est déjà très long dans le temps entrepreneurial, et l’avons lancée en juin 2022. Le secteur financier est celui qui peut avoir le plus d’impact sur le changement climatique. Or aujourd’hui, l’argent des banques est encore massivement dirigé vers les énergies fossiles, en fait il n’y a pas eu véritablement de mise à jour depuis la révolution industrielle ! Nous avons créé Green Got pour contribuer à réorienter les flux financiers vers la transition écologique. Ce n’est pas l’argent qui est polluant en soi mais son utilisation. Il peut donc devenir un catalyseur de la transition.

 

TGL : Combien de clients avez-vous à date et qui sont-ils ?

M.C. : Ils sont 11.500 aujourd’hui, ont 32 ans en moyenne, souvent jeunes parents. Nous avons prévu d’atteindre 100.000 clients d‘ici juin 2024, même si cela reste une modélisation de start-up. Chaque client paie 6 euros par mois pour un compte courant et une carte bancaire. C’est la porte d’entrée vers d’autres produits financiers dont de l’assurance-vie que nous lançons dans quelques semaines : les fonds sont fléchés vers des entreprises et des projets de la transition. Et nous irons jusqu’au crédit pour avoir le plus d’impact possible.

Pour Caillaux Green Got doit démontrer que les clients demandent désormais un changement de grands réseaux bancaires.
Pour Caillaux Green Got doit démontrer que les clients demandent désormais un changement de grands réseaux bancaires. Courtoisie Green Got

TGL : À titre personnel, qu’est-ce qui vous a fait basculer ?

M.C. : Je fais partie d’une génération dont l’avenir est incertain. Par réflexe de survie d’une certaine manière, je dois utiliser tout mon temps de cerveau en faveur de la préservation du climat. J’ai eu cet éveil écologique vers 23-24 ans, assez tard finalement, et j’ai regardé là où je pouvais avoir de l’impact : le secteur bancaire. Ce n’est pas parce qu’il n’y avait pas de banque verte que nous avons voulu en créer une, comme si nous avions choisi de fabriquer des cookies écolo parce que ça n’existait pas ! Nous avons priorisé comment aller le plus rapidement possible dans la transition écologique.

 

TGL : Vous avez défini des grands secteurs d’investissement compatibles…

M.C. : Ce sont les grands piliers de la transition : énergies renouvelables, agriculture durable, transport bas carbone, économie circulaire… Nous co-construisons avec notre communauté, qui s’implique dans le choix des projets financés. Nous lui avons d’ailleurs réservé la possibilité de devenir actionnaire de Green Got lors de la dernière levée de fonds. C’est un projet collectif : créer une banque à trois sans beaucoup de fonds ni de réseau reste très ambitieux et nous voulons nous assurer que le plus grand nombre nous suit.

Au cours des 7 dernières années, les industries des énergies fossiles ont reçu 4.600 milliards des plus grands banques mondiales.
Au cours des 7 dernières années, les industries des énergies fossiles ont reçu 4.600 milliards des plus grands banques mondiales. Courtoisie Green Got

TGL : En quoi le financement demeure-t-il le principal problème aujourd’hui ?

M.C. : C’est en tout cas la principale solution. Les soixante plus grandes banques mondiales ont alloué depuis 2016 aux industries des énergies fossiles. C’est problématique. Vous faîtes des efforts au quotidien pour limiter votre impact pendant que votre argent finance tout le contraire et annule au centuple votre action. Le rôle de Green Got, c’est aussi de démontrer qu’il y a désormais une demande, même une exigence, des clients et que les grands réseaux bancaires doivent changer. D’ailleurs, le plus gros risque qu’ils ont identifié pour eux, c’est leur réputation. Et dans ce risque de réputation est en train d’entrer le financement des énergies fossiles.

 

TGL : Mais avec leurs profits énormes, les majors du pétrole ne peuvent-elles pas autofinancer l’essentiel de leurs investissements ?

M.C. : Les banques conservent un rôle fondamental dans le développement de ces entreprises : si elles n’y investissent plus, cela assèchera le secteur. Green Got n’est pas une solution miracle, il faudra une concordance de faisceaux pour accélérer la transition. Mais il faut qu’on s’y mette et nous le faisons à notre échelle. Avec l’intention d’embarquer nos très grandes sœurs du secteur qui ont, elles, un impact conséquent à l’échelle mondiale.

Green Got finance un projet en Amazonie centré sur la préservation des forêts pour le stockage de Co2.
Green Got finance un projet en Amazonie centré sur la préservation des forêts pour le stockage de Co2. Courtoisie Green Got

TGL : Des enquêtes pointent les manquements des projets de compensation carbone. En êtes-vous exempts ?

M.C. : Nous n’avons pas de projet de ce type parce que nous pensons que cela n’a beaucoup de sens à l’échelle d’un particulier. Par ailleurs, nous avons abandonné la formule de parrainage qui consistait à planter un arbre, qu’on proposait de toute façon dans le cadre de l’agroforesterie et de l’agriculture durable. C’est vrai qu’il y a eu beaucoup de mensonges dans les sujets de compensation carbone, comme un tampon vert qu’on apposait, et beaucoup de méconnaissance sur la plantation d’arbres. Mais notre projet en Amazonie porte sur la préservation des forêts pour le stockage de Co2 et le maintien de la biodiversité.

 

Propos recueillis par G.R


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