Voyage
C’est l’Etat le plus vaste des Etats‑Unis, isolé du reste du pays par la masse du Canada. Un état liquide, fait de mers, de lacs, de rivières et de glaciers. Quelle meilleure tangente que l’approche côtière pour l’explorer, dans le sillage de James Cook et de Roald Amundsen ? L’Alaska en bateau : journal de bord en huit épisodes.
Vous reprendrez bien un ours ?
Tout le monde vient en Alaska pour voir les ours. A nous le petit frisson qui vous parcourt l’échine lorsque vous voyez débarquer sur la plage, à quelques mètres de vous, cette maman d’une tonne avec ses deux petits, si mimis qu’on aimerait sauter du zodiac pour aller les caresser. Repus, ils ne daignent même pas nous jeter un œil, pas plus qu’à une colonie de saumons en train de frayer.
Sous la peau du Zodiac ont surgi des vagues de lames vif-argent empilées sur plusieurs couches, plus tassées que les usagers du métro de Tokyo aux heures de pointe. Queues, nageoires et dos luisants emmêlés dans un même bruissement miroitant et euphorique pour une frénétique orgie. Impossible de faire des photos correctes tant l’apparition surréaliste nous hypnotise.
Plus tard, dans l’après-midi, c’est une famille d’orques qui débarquera sans s’être annoncée. La grand-mère en tête, le fils à ses côtés, les cousins-cousines en voiture-balai. Ils surgissent à côté du paquebot et l’escortent en ambassadeurs, comme s’ils savaient que ce jour est pour nous le dernier, et que demain, un peu tristes, nous quitterons l’Alaska, étourdis de rencontres en tous genres et définitivement conquis.