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Soutenu par New Settings, le plasticien et scénographe Théo Mercier présente The Sleeping Chapter, à la Conciergerie, à Paris - The Good Life
New Settings
Marine Mimouni

Horlogerie

New settings : Mettre en lumière le spectacle vivant

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Soutenu par New Settings, le programme de la fondation d’entreprise Hermès promouvant le spectacle vivant, le plasticien et scénographe Théo Mercier présente The Sleeping Chapter, dernier volet d’Outremonde, à la Conciergerie, à Paris. L'exposition est à découvrir jusqu'au 8 janvier. Transportant !

Euripides Laskaridis dans la pièce de théâtre-danse Elenit.
Euripides Laskaridis dans la pièce de théâtre-danse Elenit. Julian Mommert

S’aventurer sur des territoires vierges, croiser des disciplines pas forcément conciliables, imaginer des collaborations inédites, notamment dans le monde du spectacle vivant… pas de doute, on est bien chez Hermès, et plus précisément au sein de sa prestigieuse fondation d’entreprise.

La danseuse Dalila Belaza.
La danseuse Dalila Belaza. Tanja Kernweiss

L’une de ses pépites, New ­Settings, présente, jusqu’en avril 2023, une quinzaine de spectacles regroupant danse, créations musicales, installations, scénographies… Des performances contemporaines avant tout, parfois expérimentales, défendant ce que l’enseigne du « 24 ­Faubourg » prône depuis toujours, l’art de la transversalité, du métissage et des rencontres.

Le performeur Alexander Vantournhout.
Le performeur Alexander Vantournhout. Bart Grietens

L’origine de New Settings, qui fête cette année sa douzième édition, ­revient à ­Catherine ­Tsekenis, première directrice de la fondation d’entreprise Hermès, aujourd’hui à la tête du Centre national de la danse (CND), à ­Pantin. Né en 2011 d’une idée formidable consacrée à l’art de la scène, New Settings reste fidèle aux quatre principes que la ­fondation ­d’entreprise ­Hermès défend depuis 2008 : la création, la transmission des savoir-faire, la protection de l’environnement, les gestes solidaires.

« Le lien entre Hermès et le spectacle vivant réside dans le geste créatif »

Vue de la pièce «Eléphant» de Bouchra Ouizguen.
Vue de la pièce «Eléphant» de Bouchra Ouizguen. Elkahfai

« Le lien entre Hermès et le spectacle vivant réside dans le geste créatif, confirme Laurent Pejoux, directeur et secrétaire général de la fondation. Ici, la création est au centre de tout, mais elle n’est pas grand-chose si elle n’est pas suivie d’une transmission. » New ­Settings accompagne donc la création choré­graphique par le biais d’un appel à projets international annuel et a même créé une bourse pour assister les jeunes artistes en formation confrontés à des difficultés financières.

Laurent Pejoux, défendre la différence

Enseignant de formation, Laurent Pejoux a rejoint la fondation d’entreprise Hermès en 2020, dont il a repris la direction en 2021. Son précédent poste à l’Opéra de Paris, où il était coresponsable, de 2006 à 2012, de « Dix mois d’école et d’opéra » un programme d’aide aux jeunes en difficulté ou vivant dans des banlieues défavorisées –, a fait écho à ses fonctions actuelles au sein de la fondation d’entreprises Hermès, où il a retrouvé les mêmes valeurs, dont la défense de la différence.

La nouvelle création de Meg Stuart, CASCADE.
La nouvelle création de Meg Stuart, CASCADE. ©Martin Argyroglo

Actions que New Settings n’a pas cessé de maintenir, notamment après la pandémie de Covid‑19, ­soutenant des compagnies particulièrement précarisées et dont les spectacles avaient été annulés. Il assure également la production et la diffusion de chaque création, phase souvent la plus difficile à atteindre. 

Vue du spectacle de danse «Moi, ma chambre et ma rue».
Vue du spectacle de danse «Moi, ma chambre et ma rue». Dorothee Thebert

Croiser diverses terres d’émotions 

« Nos gestes nous créent et nous révèlent, cite Laurent Pejoux, et New Settings est en phase avec ce slogan qu’Hermès défend dans son intégralité depuis le début. » C’est souvent une première œuvre que New Settings soutient, une pièce qui passe sous le prisme d’un comité exigeant. « Notre sélection repose sur ­l’hybridation, poursuit le directeur. Nous cherchons avant tout à croiser différents univers plastiques avec le monde du spectacle vivant. Et donc à créer des formes buissonnières afin de faire travailler des artistes qui se posent des questions en marge. La diversité exploratrice est importante. »

Yasuke Kurosan, premier samouraï noir du Japon.
Yasuke Kurosan, premier samouraï noir du Japon. Smail Kanoute

Et depuis plus de dix ans, la fondation soutient en moyenne une douzaine de compagnies et de spectacles, grâce à un budget conséquent qui, cette année, est de 1,1 million ­d’euros. « Ce soutien est pérenne, confirme Laurent ­Pejoux, aussi bien pour des compagnies reconnues, comme celle de Mathilde Monnier, que pour d’autres, débutantes. »

« New Settings soutient aussi bien des compagnies reconnues que d’autres, débutantes »

Cosmic Drama, un spectacle de Philippe Quesne.
Cosmic Drama, un spectacle de Philippe Quesne. ©Martin Argyroglo

Depuis sa création, New Settings a noué de nombreux partenariats – théâtre de la Cité internationale (TCI), Académie Fratellini, École supérieure d’art dramatique (ESAD)… – ; elle compte aujourd’hui huit institutions partenaires en France. Jusqu’à présent, la manifestation était parisienne et francilienne, avec des spectacles programmés essentiellement lors du Festival d’automne, au théâtre de la Cité internationale.

Frédéric Leidgens et García Lorca dans le spectacle «L’homosexuel».
Frédéric Leidgens et García Lorca dans le spectacle «L’homosexuel». Herve Bellamy

Mais depuis 2016, New Settings a investi d’autres scènes de la capitale, comme le Centquatre-Paris, le Théâtre de la Ville, le Centre Pompidou, le Centre des monuments nationaux, mais également en banlieue, avec la Maison de la culture de Seine-Saint-Denis (MC93), à Bobigny, et la province, dès la saison 2023-2024, les Subs (Les Subsistances), à Lyon, le théâtre national de Bretagne (TNB), à Rennes, et la ­Comédie de Clermont-Ferrand scène nationale.

L’exposition «Outremonde» de Théo Mercier.
L’exposition «Outremonde» de Théo Mercier. Erwan Fichou

The Sleeping Chapter, errance dans la rêverie

Dortoirs meublés de lits de sable, entre le berceau et  le tombeau, évoquant le sommeil ou l’insomnie… The Sleeping Chapter est le troisième volet de ce projet global qu’est Outremonde, présenté pour la première fois à la Collection Lambert, lors du Festival d’Avignon de 2021. Après Dream Hunters, le second chapitre mis en scène à la fondation Luma Westbau, à Zurich, l’été dernier, The Sleeping Chapter est un voyage dans le somnambulisme éveillé, entre l’installation plastique et la chorégraphie.

À l’intérieur de la Conciergerie dans le 1er arrondissement de Paris.
À l’intérieur de la Conciergerie dans le 1er arrondissement de Paris. Erwan Fichou

Un voyage initiatique pour raconter l’histoire d’un monde dans le monde, imaginé dans une architecture, un paysage qui se renouvelle, une histoire qui se métamorphose. « Chacune de ces pièces a été écrite en cohérence avec un site et pensée comme un projet architectural, explique Théo Mercier. Qu’est‑ce que ce lieu me raconte ? C’est la question que je me pose chaque fois avant de créer. Pour The Sleeping Chapter, l’idée était de faire de la Conciergerie une cathédrale du sommeil. »

La bio express de Théo Mercier

Né en 1984, Théo Mercier est artiste plasticien et scénographe. Après des études à l’École nationale supérieure de création industrielle (ENSCI), il a été pensionnaire à la villa Médicis, l’Académie de France à Rome, en 2013. Il se lance ensuite dans la mise en scène et crée ses premiers spectacles, de La Fille du collectionneur en 2017 (soutenu par New Settings) et Affordable Solution for Better Living avec Steven Michel en 2018, récompensé d’un Lion d’argent à la Biennale de Venise en 2019, à Big Sisters en 2020 et Outremonde en 2021, toujours avec le soutien de la fondation d’entreprise Hermès. 

The Sleeping Chapter, un voyage initiatique pour raconter l’histoire d’un monde dans le monde.
The Sleeping Chapter, un voyage initiatique pour raconter l’histoire d’un monde dans le monde. Erwan Fichou

Le monde de Morphée est donc le thème de ce troisième chapitre, où rêve et sommeil apparaissent comme une ère de fuite, d’émancipation, d’apprentissage. Pour le retranscrire au mieux, il s’est aidé d’un travail qu’il avait réalisé dans une prison pour réfléchir à la notion de liberté.

The Sleeping Chapter a pour thématique Morphée.
The Sleeping Chapter a pour thématique Morphée. Erwan Fichou

« Ce qui m’intéresse, c’est la vulnérabilité du corps, reprend-il, sa sensibilité. Il y a un parallèle entre les sculptures de sable et le sommeil, on les gâche rien qu’en les touchant. Le sable a une dimension poétique et politique. Il évoque aussi bien notre enfance, l’été, la plage, les châteaux… que le désastre écologique, la pénurie, la transformation des choses en poussière emportées par le vent. » Ce sont les contradictions que Théo Mercier aborde dans son travail, sous une grande liberté formelle, entre anthropologie, géopolitique, mythologie, confrontant passé, présent et futur, existence et trépas, artisanat et industrie, songe et réalité… 


> En savoir plus sur New Settings, le programme de la Fondation d’entreprise Hermès. 

Agenda

À la Conciergerie, à Paris :

  • The Sleeping Chapter, de Théo Mercier, du 3 au 11 décembre.
  • Outremonde, jusqu’au 8 janvier. 

> Renseignements : paris-conciergerie.fr et fondationdentreprisehermes.org


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