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Brionvega : la relance d’un mythe du design selon Alessandro Cini

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En 2004, sa famille a repris l’entreprise. Dix-huit ans plus tard, Alessandro Cini, directeur général de Brionvega, a rencontré The Good Life pour faire le point sur la relance d’une marque historique du design italien et son développement dans le futur.

Le directeur général de Brionvega, Alessandro Cini, au showroom de Milan MetroQuality à l’occasion du Fuorisalone – Courtoisie Brionvega
Le directeur général de Brionvega, Alessandro Cini, au showroom de Milan MetroQuality à l’occasion du Fuorisalone – Courtoisie Brionvega Courtoisie Brionvega

Bien plus que des objets d’ameublement, les produits de Brionvega ressemblent à des œuvres d’art sorties directement de l’Italie des années 60, celle du boom économique, de l’envie de rêver et de la production florissante dans le design industriel. The Good Life a rencontré le directeur général de Brionvega, Alessandro Cini, pour comprendre comment a évolué le mythe de ces objets iconiques, parmi lesquels on retrouve la radio.cubo, le radiofonografo où encore le poste de télévision Algol.

The Good Life : Comment est né Brionvega ?

Alessandro Cini : L’histoire de Brionvega commence en 1945, mais la marque est devenue celèbre dans les années 60, quand le fondateur Giuseppe Brion a invité les principaux représentants italiens du design industriel à travailler sur certains projets : Achille et Pier Giacomo Castiglioni, Marco Zanuso, Richard Sapper, Mario Bellini… A ce moment là est née une collaboration inédite entre artistes et entrepreneurs – une caractéristique souvent absente dans les maisons d’aujourd’hui – qui a donné vie à des produits fonctionnels autant qu’emblématiques, de véritables oeuvres du design.

TGL : Le coeur de l’activité de Brionvega est installé depuis toujours dans le nord-est de l’Italie et y demeure encore aujourd’hui. Pourquoi ?

A.C : La plupart de nos produits est faite à la main de façon artisanale, de la composition à la peinture. Et nous avons la chance d’avoir démarré notre business dans une région où le savoir-faire artisanal est d’un niveau très élevé. En Italie – et peut-être en Europe – il n’existe pas d’autres sites de ce genre. Et puis nous sommes heureux de contribuer à la croissance de notre territoire.

TGL : Quel est le produit dont Brionvega est plus fier ? Quel est celui le plus apprécié par les clients?

A.C : Quatre icônes sont ex-aecqo: la radio.cubo (1964) de Marco Zanuso et Richard Sapper, le radiofonografo (1964) des frères Castiglioni, la radio grattacielo (1965) de Marco Zanuso et le totem (1971) de Mario Bellini. Il n’y a pas de préférence chez nous, ce serait comme choisir parmi nos enfants. Mais nous sommes attachés à la radio.cubo parce qu’elle nous a permis de relancer la marque. En termes de ventes, c’est aussi la pièce la plus populaire. Mais côté production et marketing, nous investissons plutôt sur le radiofonografo, qui a connu un fort succès à l’étranger, notamment en Asie, et une demande beaucoup élevée plus généralement, au point que déjà en septembre nous avons commencé à collecter des commandes pour 2023. Mais les exigences de production de cet objet et le niveau de qualité requis limitent la production à quelques centaines de pièces par an.

La radio.cubo nous a permis de relancer la marque. C’est toujours notre pièce la plus populaire – Alessandro Cini

TGL : Le radiofonografo est également vendu au MoMa de New York. D’autres produits ont été exposés à la Triennale de Milan… Quel rôle joue le système muséal dans l’économie de l’entreprise?

A.C : Un mythe se crée grâce à de nombreux facteurs : ce n’est pas qu’une question de qualité de l’objet ! En ce sens, le musée apporte une valeur ajoutée à la marque, parce qu’il permet à un public très large de découvrir l’histoire et la culture présents derrière un produit.

TGL : Et aujourd’hui, quel est le sens d’acheter un produit Brionvega?

A.C : Posséder un produit Brionvega signifie avoir un compagnon pour la vie, mais aussi un morceau d’histoire d’Italie et du design. Et surtout, un produit qui dure longtemps. C’est ce que veulent les clients aujourd’hui. Même dans le cas d’une innovation, la consommation à court terme a atteint son point de rupture. Et nous aussi, nous croyons qu’un objet doit être “vécu” puis hérité par la génération suivante.

TGL : Quels sont vos objectifs pour l’avenir de Brionvega ?

Alessandro Cini : De redorer le blason de ces produits, qui sont toujours bien contemporains. En cela, la France est l’un des pays européens cible, avec l’Allemagne et l’Angleterre. Nous avons donc l’intention d’augmenter notre présence en ligne et physiquement les points de vente se multiplieront sûrement (la marque n’en possède 180 partout dans le monde, à Paris elle a 3 showroom, ndlr). Brionvega sera aussi présent dans les magasins de design et dans les concept stores, destinés à une cible différente, plus adepte d’art de vivre que passionnés de design.

TGL : Que pensez-vous des objets connectés ?

A.C : Ils font de plus en plus partie de nos vies. Les produits Brionvega aussi peuvent être connectés aux smartphones. Mais je prefère prêter attention aux liens entre les gens. Les objets doivent également être des compagnons de vie.

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TGL : Selon vous, quel est le mythe de demain dans le catalogue Brionvega?

A.C : Je crois qu’il ne sera pas un produit spécifique. Tous ensemble, les produits du catalogue vont créer le vrai mythe de demain, c’est-à-dire le plaisir de ressentir l’excellence d’un chef-d’œuvre.

Propos recueillis par L.P


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