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Design Tectona le chic français - the good life
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Horlogerie

Design : Tectona, le chic français

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La griffe française de mobilier d’extérieur de luxe semble puiser la sève de son développement dans la robustesse de ce teck qui l’a rendue célèbre. Portée par une pléiade de designers internationaux, Tectona fait rayonner son classicisme intemporel jusque dans les galeries du château de Versailles et aussi les jardins de la villa Médicis.

Impossible de ne pas songer au jardin Majorelle en apercevant ces deux bacs à plantes bleu de cobalt qui encadrent la boutique, cette touche d’un Marrakech enchanteur en plein Paris, rue du Bac, où Tectona a choisi de greffer son showroom. Un air d’ici et d’ailleurs, une brise de jardin d’été – ou d’hiver ! –, une incitation au bien vivre à cultiver chez soi.

Ici, tout n’est qu’ordre et beauté… En son centre, une version contemporaine du fameux banc circulaire de jardin, la plus iconique de toutes les créations, celle qui, depuis quarante ans dans les jardins, expose sa robustesse aux morsures du climat ; ici, un fauteuil Bridge déjà prêt à accueillir un joueur d’échecs ; là, une table à larges lattes devenue bureau de jardin, où un ordinateur semble attendre le retour de son propriétaire, l’un de ces créatifs rompus au travail nomade.

Un vendeur discret chuchote avec des clients venus lui montrer des photos de leur terrasse. « Nos clients apportent beaucoup de soin à leur aménagement, confie Blanche Aloisi de Crépy, directrice générale de Tectona, ils adorent compléter leur mobilier. » La robe grenat d’un parasol bien charpenté rappelle la double origine – italienne et anglo-saxonne – d’un nom hérité de Tectona grandis, dénomination botanique de cet arbre à teck imputrescible, qui, dès 1800, devint ce roi des bois choisis par les marins anglais pour la charpente de leurs bateaux.

La marque continue aujourd’hui de rentoiler les parasols – toujours fabriqués en Italie –, dans son atelier normand de Doudeville, des pièces vendues il y a parfois quarante ans, et auxquelles leurs propriétaires restent attachés. « Quelle autre maison de mobilier d’extérieur peut aujourd’hui se targuer d’un tel service ? » demande Arnaud Brunel, le président de Tectona, qui cultive la discrétion comme on veille sur la santé d’un bonsaï.

www.tectona.net
www.tectona.net DR

D’où sa réticence à s’attarder sur les chiffres accusés, à raison, de nourrir la concurrence. Comme le montant d’une « très grosse commande toute fraîche » de la Société des bains de mer à Monaco : quelque 700 chaises et tables destinées à honorer les salons et terrasses du groupe propriétaire du très chic Hôtel de Paris.

Un service qui fait la différence

Le business-modèle de Tectona s’écarte parfois délibérément des recettes performantes. Ainsi de ce choix de disposer de coûteux stocks avec, pour corollaire, un délai de livraison de quelques jours au lieu de six semaines chez d’autres. Cette promesse de réparer au plus vite un banc ou une table achetés x années plus tôt, et incitant ainsi leurs détenteurs à conserver ces meubles, durables au double sens du terme, à la fois écologiques et inusables au point de se transmettre d’une génération à l’autre.

Et quand leurs propriétaires s’en séparent, ils ont parfois l’heureuse surprise de les revendre… plus chers qu’ils ne les ont achetés. À plus forte raison si les tables et fauteuils ont été les témoins muets des soirées de Karl Lagerfeld, dont le mobilier de jardin était très « Tectona », ou des discussions sans fin entre la réalisatrice Danièle Thompson et son père, Gérard Oury, dont le mobilier de sa villa tropézienne a été vendu aux enchères en 2019.

C’est sous l’impulsion d’Arnaud Brunel, en 2000, que Tectona, spécialisée, à ses débuts, dans l’importation des meubles anglais Barlow Tyrie, a pris ce virage de l’art contemporain, surfant, comme d’autres, sur cette image d’un outdoor sélect unissant son savoir-faire au talent de designers, confirmés ou émergents. Une union propre à élargir le spectre d’une marque grâce à ce twist contemporain. Marque dont la cote grimpera d’autant plus que les collections arboreront des signatures connues.

Le bal des designers chez Tectona

Dès 1992, Tectona a ouvert le bal avec Andrée Putman, qui dessine alors un banc pour le musée d’Art contemporain de Bordeaux. Puis la marque s’entoure bientôt de designers aux styles bien distincts, qui vont lui ouvrir de nouveaux horizons, tout en veillant – le plus périlleux, vu leur imagination féconde ! – à ne pas se départir de ses propres codes. Christophe Delcourt imprime la noblesse de ses lignes, Ronan et Erwan Bouroullec font valoir leur interprétation avant-gardiste d’un Circle Bench à tomber à la renverse, Pierre Charpin propose une chaise d’arbitre Tennis qui ira se poser à fleur de piscine.

www.tectona.net
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Et Constance Guisset fera courir sa fluidité sur une collection modulable à souhait. En design, la valeur n’attend pas le nombre des années, et Tectona a lancé, en collaboration avec l’École cantonale d’art de Lausanne (ECAL), une institution qui rayonne sur tous les angles de la haute création mondiale, un concours international ouvert aux jeunes designers. Parmi ceux qui bousculent les lignes de Tectona : la Franco-Suisse Julie Richoz, primée à la villa Noailles, à Hyères, et Isabelle Baudraz, lauréate du concours organisé par Tectona, et dont le banc très modulable a été choisi par le musée Picasso.

Leur cahier des charges est solide comme les matériaux qu’ils ont à travailler, rompus aux exigences d’une résistance à toute épreuve. Et Tectona d’ajouter au teck, qui garde toute sa superbe, d’autres matériaux, comme l’aluminium ou l’Inox, dont la solidité se marie à une légèreté aérienne. Reste le plus délicat : innover, se moderniser en restant soi-même, savoir renoncer à un ancien engouement qui se justifie moins, comme cette résine agrégée, récemment écartée d’un prototype au profit d’un matériau naturel comme le granit. Et rester sourd aux tentations d’une éphémère mode show-off. Savoir faire sienne la fameuse maxime de Coco Chanel : « La mode se démode ; le style… jamais. » L’élégance non plus !

Tectona x Berluti

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Cet été, Berluti et Tectona s’associent pour une collection de meubles d’extérieur en édition limitée en teck, résine et aluminium. La griffe française s’amuse avec la collection Copacabana. En tout, ce sont 60 chiliennes et 23 lits pliants qui sont disponibles dans 30 points de vente Berluti et sur le site de la marque. www.tectona.net

Quelques données chiffrées du discret Tectona

• Une vente sur deux est effectuée à distance.
• 2/3 des ventes proviennent des particuliers.
• Le secteur du contract (hôtellerie) représente un quart du chiffre d’affaires.
• 40 % des ventes s’effectuent à l’international


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