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Elle a marqué l'histoire du skate autant que la mode. Retour sur l'histoire hors du commun de cette marque californienne.
Conçue pour toute la famille au milieu des années 60, puis très vite adoptée par les skateurs, la Vans Authentic est devenue une sneaker passe‑partout que l’on enfile l’été sans réfléchir. Retour sur l’origine de Vans.
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A l’origine de Vans
Le mercredi 16 mars 1966, Paul et Jim Van Doren ont à peine exposé le prototype de la #44, future Authentic, en vitrine qu’un premier client, puis deux, puis bientôt une douzaine, poussent pour la première fois la porte de leur boutique du 704 E Broadway, à Anaheim, dans la banlieue sud de Los Angeles. Attirés ce matin-là par la promesse de s’offrir ces tennis tenaces à bas prix (de 2 à 5 dollars), tous repartent… les mains vides. Ils récupéreront leur paire l’après-midi, une fois celle‑ci fabriquée.
C’est le principe novateur de la Van Doren Rubber Company, fondée par ces deux frères originaires de Boston : produire à la commande et sur place, dans la petite usine qui jouxte les 40 m2 du magasin. Et vendre en direct cette chaussure en toile robuste reposant sur une semelle gaufrée en caoutchouc vulcanisé et antidérapante.
Les skateurs adoptent la Vans
Pensée pour les plaisanciers afin de leur éviter de passer par dessus bord, les équipes de sport scolaires et « pour toute la famille », l’Authentic est étonnamment adoptée par ces hordes de kids aux cheveux longs défiant le bitume sur de bruyantes planches à roulettes : les skateurs. Inventé par les surfeurs à la fin des années 50 et pratiqué en attendant la houle, le skateboard est un loisir marginal ignoré de l’industrie du sport.
Les riders jettent alors leur dévolu sur cette Authentic aux vertus insoupçonnées : son empeigne souple et robuste résiste aux tricks et aux gamelles, et le grip de sa semelle offre une adhérence miraculeuse. « À partir du moment où les skateurs et les surfeurs ont porté nos chaussures, au début des années 70, Vans s’est trouvé un style et, surtout, un but : celui de toujours soutenir les skateurs comme eux l’ont fait à nos débuts », raconte Steve Van Doren, fils et successeur de Paul. La marque et la discipline ne feront plus qu’un, à jamais.
Faillite et renaissance
Devenue la pompe fétiche des Z‑Boys – de la Zephyr Competition Team –, ce crew de Venice dont les leaders Tony Alva et Stacy Peralta seront les premières égéries Vans (pour 300 dollars par mois), l’Authentic déferle en même temps que le skate sur L.A. à l’été 1975. La sécheresse impose aux propriétaires de piscine du sud de la Californie de vider ces bassins incurvés qui deviennent le terrain de jeu clandestin des skateurs.
Un an plus tard, Vans et le duo Alva-Peralta lui donnent une petite sœur, la #95 aka l’Era, reconnaissable à son col de cheville molletonnée et à ses coloris rouge et/ou bleu, bientôt indissociable de tout ce qui roule (BMX, roller).
Hélas, cette sneaker disparaît brutalement des radars avec la faillite de Vans en 1983. Mais l’histoire de Vans n’écrivait pas son point final. Elle mettra vingt ans à redevenir le signe extérieur d’appartenance à la religion du cool, aux pieds des rockers, des grands ados et des stars d’Hollywood (Justin Bieber, Zac Efron, Harry Styles…).
À bientôt 60 ans, cet indéboulonnable totem de la culture skate est aujourd’hui un classique du dressing estival porté flambant neuf à un mariage ou en fin de vie à la plage. Avant de les renouveler les yeux fermés…
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Site internet de Vans.