Voyage
Loin de la Silicon Valley, Toronto a su se démarquer en créant l'un des plus grands incubateurs urbains de start‑up du monde : MaRS. Pragmatique, la capitale économique et financière du Canada s'est « associée » avec le pôle technologique Waterloo Region, pour construire un puissant écosystème, une pépinière de près de 3 000 start‑up, et générer plus de 400 000 emplois.
Toronto, les medtechs embarquées sur MaRS
Pour les start-up, c’est un puissant levier. « MaRS permet de rapprocher le monde de la recherche, des nouvelles technologies et du business », confirme James Fraser, directeur général de la start-up ChipCare, à l’origine d’un appareil portable high-tech de tests sanguins et de diagnostic de maladies infectieuses ou virales destiné à la région subsaharienne. ChipCare a réussi à lever plus de 10 millions de dollars et démarre sa commercialisation. A ses côtés, Jessica Ching, diplômée de l’université de Toronto en 2010, présente son « kit » de prélèvement et d’analyse gynécologique simple à utiliser chez soi, vendu sur Internet. Cette solution nommée Eve Medical, qui a mobilisé 1,5 million de dollars (1,07 million d’euros) pour sa R&D et les procédures d’accréditation réglementaires, enregistre ses premières commandes et devrait se déployer également en Chine. James Fraser et Jessica Ching, engagés tous deux dans cette révolution médicale de l’autotest, se sont rencontrés au sein de MaRS et explorent déjà des pistes pour travailler sur une solution jumelée.
La proximité avec les médecins et les scientifiques des hôpitaux inspire de nombreuses idées à fort impact dans le domaine de la prévention santé. L’application April Age permet de visualiser et de mesurer les conséquences de son hygiène de vie sur le visage et le corps. « C’est un outil de personnalisation de l’offre médicale. Aujourd’hui, nous avons des clients dans 34 pays », précise Alexandra Brown, cofondatrice et directrice d’April Age. MaRS accompagne plus de 300 start-up spécialisées dans l’innovation médicale.
Autre positionnement phare de MaRS : les technologies vertes
« Nous soutenons plus de 180 start-up des cleantechs dans leur phase de développement. C’est un moment critique qui exige de nombreuses compétences stratégiques », explique Jon Dogterom, responsable du département cleantech au sein de MaRS. Parmi ces fleurons, la société Hydrogenics, créée en 1995 et spécialiste des technologies de l’hydrogène, a dû faire face à ce défi. « L’une des grandes difficultés du secteur est d’atteindre une taille critique. Il a fallu rationaliser nos process, réduire les coûts et gagner des parts de marché à l’international », explique Daryl Wilson, président d’Hydrogenics. L’entreprise canadienne affiche aujourd’hui un chiffre d’affaires de 50 millions de dollars (35,69 millions d’euros) – une performance dans le secteur – et compte Alstom et Air liquide parmi ses clients.
Diplômé de l’université de Toronto, Gimmy Chu (@nanoleaf) a traversé la rue pour rejoindre MaRS et développer ses ampoules à LED Nanoleaf. Beaux et créatifs, les éclairages Nanoleaf sont exposés et vendus au MoMA Design Store de New York et ont levé près de 3 millions de dollars. Certaines start-up nées dans le giron de MaRS bouclent des tours de table décisifs. C’est le cas d’EcoBee, concepteur d’un thermostat domestique intelligent. Alexa Fund, le fonds d’investissement d’Amazon, vient d’y injecter 35 millions de dollars (25 millions d’euros), lui ouvrant ainsi la porte d’un écosystème à l’échelle mondiale.
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