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Vins et spiritueux
Avec la sortie de sa nouvelle cuvée exploratoire Ruinart Blanc Singulier, la plus ancienne maison de champagne pose la question de l'impact du changement climatique sur la vigne.
Soumis à l’évolution des températures en Champagne, au raccourcissement du cycle de la vigne et à l’accélération de la maturation, le chardonnay révèle désormais des profils aromatiques changés, plus fruités, plus épicés. Une émergence de nouveaux profils pour les chardonnays exposés au changement climatique qui se caractérisent par un équilibre entre les familles aromatiques, une expression plus intense et une texture appuyée caractérisée par de la rondeur et de la puissance. S’adaptant à une nature en perpétuelle évolution, la Maison Ruinart perfectionne son savoir-faire et imagine une nouvelle expression du chardonnay. Ruinart Blanc Singulier est le fruit d’un assemblage inédit reflétant les variations du climat et la singularité des vins d’une année.
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Yann Arthus-Bertrand, ambassadeur de Ruinart Blanc Singulier
Il ne s’agit pas d’une énième production publicitaire vantant les mérites d’une cuvée emblématique de la plus ancienne maison de Champagne – avec une visite des caves et des vues du ciel par un drone survolant les différentes parcelles – ni présentant l’implication de la maison dans l’art ! Non, l’objectif de ce moyen métrage, dont le tournage s’est étalé sur une année, est de montrer sans détour l’impact du dérèglement climatique sur les pratiques viticoles.
Et il y a urgence ! Les règles apprises lors de la formation des ingénieurs agronomes se trouvent bousculées aujourd’hui, comme le confie Frédéric Panaïotis, le chef de cave de la maison Ruinart depuis 2007 : « En Champagne, l’année climatique est toujours l’élément déterminant pour l’élaboration des vins. On imagine facilement qu’une vendange réalisée, comme cette année, fin août, sera très différente de celle réalisée, comme c’était le cas auparavant, vers la mi-septembre, avec des grappes possédant plus d’acidité, par exemple. Je n’irais pas jusqu’à dire que cette évolution devient plus importante aujourd’hui que par le passé, mais il est certain qu’elle nous oblige à nous interroger. Tout va plus vite. Nous devons nous adapter en changeant nos façons de faire. En bref, nous réinventer, en partie du moins. »
Pour Ruinart, toute l’attention se porte principalement sur le cépage chardonnay, même si les autres variétés de raisin de la Champagne (le pinot noir et le meunier) ne sont pas négligées. Point de surprise, car cette marque a construit sa notoriété sur le « blanc de blanc », un champagne uniquement composé de chardonnay.
Ses principales qualités ? Apporter des arômes de fleurs blanches, de fruits exotiques, de la délicatesse, de la fraîcheur et de la vivacité sur la finale, avec, souvent, une légère pointe iodée.
Devant un tel cahier des charges, le chef de cave se doit de trouver le moyen de traduire une grande partie de ces qualités organoleptiques lors de l’élaboration de cette cuvée blanc de blanc, année après année. Un véritable numéro d’équilibriste, surtout quand les curseurs climatiques changent aussi vite !
De nouveaux profils aromatiques
« L’expression du chardonnay évolue depuis une dizaine d’années, remarque Frédéric Panaïotis. Il possède des caractères singuliers originaux, avec des profils aromatiques que nous n’avions pas constatés auparavant : des équilibres inattendus entre le fruité, le floral, le végétal et les épices. C’est pourquoi mes équipes et moi-même souhaitions élaborer cette nouvelle cuvée, Ruinart Blanc Singulier, afin de les révéler tout en préservant la signature Ruinart. »
Pour le consommateur, la traduction est immédiate, avec des expressions intenses de parfums fruités et un touché en bouche structuré. Cette approche dans l’élaboration du vin est inédite, car désormais, le chef de cave, qui sortira, tous les deux ans, ce Blanc Singulier, donnera au travers de ce flacon une photographie du climat avec lequel il a dû composer.
Il n’est plus question de lisser les expressions, comme il était de coutume avec un brut sans année, mais, bien au contraire, d’en faire une force et de les mettre en avant. Ce vin comprendra donc toujours 80 % d’une année de référence. Elle sera complétée par 20 % d’une réserve perpétuelle.
Pour cette première édition, par exemple, l’année de base est constituée d’une vingtaine de crus différents (Côte des Blancs, Montagne de Reims, Coteaux d’Épernay et du Sézannais) de la vendange 2018 et de 20 % de vins de réserve. Si « la marque de fabrique de l’originalité est de rejeter le réglage par défaut pour rechercher de meilleures solutions », alors Ruinart a clairement choisi un chemin singulier.
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