Art
The Good Culture
Pour fêter ses 125 ans, la marque du groupe LVMH cultive son image branchée en présentant ses bagages artistiquement mis en valeur de Tokyo à New York, Shanghai et Cologne. Radiographie d’une exposition.
Quand la valise devient un objet d’art. C’est ce que met en lumière l’exposition « Seit 1898 » (« depuis 1898 », en français) organisée par la marque allemande Rimowa, célèbre pour ses bagages en aluminium, à l’occasion de ses 125 ans. Inaugurée à Tokyo le 22 mai dernier, elle fera escale à New York et Shanghai avant d’achever son parcours à Cologne, où se situe le siège historique de l’entreprise, au printemps 2024. Elle ne s’arrêtera pas à Paris, mais The Good Life l’a visitée en avant-première, ce printemps, dans la capitale japonaise.
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Grâce à une mise en scène soignée et un éclairage faisant ressortir les objets dans la pénombre, nous suivons, tableau après tableau, l’évolution des formes, des matières et des couleurs des valises depuis 1898. Nous découvrons également les nombreux produits créés pour répondre à des usages spécifiques.
Les ingénieurs de Rimowa ont conçu des étuis en aluminium, fabriqués en séries réduites, destinés aux instruments de musique, aux clubs de golf ou aux bouteilles de vin. Idem pour des objets plus petits, comme les montres, les jeux de poker ou les cigares…
Une œuvre d’art sur roulettes
Mention spéciale : la valise réalisée sur mesure pour le clavier de Pharrell Williams, dont l’intérieur est tapissé de suède jaune vif ! Ce sont toutefois les oeuvres créées par des artistes contemporains qui suscitent le plus grand étonnement. Ils ont habilement détourné ces objets destinés au voyage.
L’éclat de rire peint par le Chinois Yue Minjun, les tatouages sophistiqués du Belge Wim Delvoye ou les cornes fixées par le Suédois Fabian Bergmark Näsman trouveraient aussi bien leur place dans un musée d’art contemporain.
S’agit-il d’une démarche orchestrée par l’entreprise ou d’actes créatifs spontanés ? « Un peu des deux, explique Hugues Bonnet-Masimbert, le P-DG de Rimowa. Nous avons, certes, choisi de travailler avec certains artistes, en respectant vraiment leur démarche personnelle. Mais il ne se passe pas une journée sans que l’on découvre sur Instagram le travail d’un artiste qui nous décale complètement. »
La valise est un art
Comment expliquer cet intérêt créatif pour de simples objets du quotidien ? « L’aluminium est à leurs yeux une matière assez extraordinaire, estime le dirigeant. Notre produit est devenu, par son intégrité, une icône au fil du temps. Et les icônes inspirent l’envie de détournement ou de réinterprétation. »
Exemple : la collaboration déclenchée par la marque avec l’artiste américain Alex Israel, 31 ans, considéré comme l’un des héritiers d’Andy Warhol. Elle a débuté quand Alexandre Arnault, fils de Bernard Arnault, était encore aux commandes opérationnelles de Rimowa, rachetée en 2017. L’objectif était de sortir la marque de sa zone de confort, de lui donner un côté plus « hype ».
En février 2019, Alex Israel imagine une série limitée de valises cabine en aluminium avec des dégradés de couleurs s’inspirant de son travail sur les couchers de soleil à Los Angeles.
« Le principe était assez simple, car je savais ce que je voulais faire, explique l’artiste, mais sur le plan technique, cela a été un vrai challenge de transférer les couleurs et l’esprit de mes oeuvres sur les surfaces en aluminium et en plastique d’un objet fonctionnel. » Commercialement, ces valises collector sont parties comme des petits pains. CQFD.
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Site internet de Rimowa.