The Good Business
Les hôtels Royal Palm ou Dinarobin ont forgé la légende de l’île Maurice. Ces fleurons du groupe Beachcomber constituent la partie émergée d’une success story familiale bâtie depuis deux siècles. Entretien avec son CEO, Gilbert Espitalier-Noël.
The Good Life. Comment vont les affaires en ce moment, chez Beachcomber ?
Gilbert Espitalier-Noël. Depuis janvier 2022, l’activité a repris de façon très positive, puisqu’à la fin de l’année 2022 nous avons atteint notre niveau pré-covid. Le million de touristes venus à l’Île Maurice a été dépassé, un objectif qui avait été fixé par les opérateurs et les autorités mauriciennes et nous avons terminé l’année avec des résultats commerciaux identiques à 2019. Nos revenus hôteliers, ceux des huit hôtels Beachcomber et des sept hôtels Rodgers, comptent pour environ un tiers dans les résultats groupe ENL dont ils font partie.
TGL. La pénurie de main-d’œuvre est-elle un problème ?
G.E-N. Après octobre 2021, la reprise est arrivée plus vite et plus fort que prévu, et nous avons fait face à des difficultés de recrutement inattendues. Pour beaucoup, le secteur du tourisme paraît trop dur ; les horaires sont longs, obligent à travailler six jours sur sept. Pendant les confinements, certains se sont tournés avec succès vers l’entreprenariat. Et nous subissons la concurrence des bateaux de croisière. Cela nous a obligé à revoir nos processus en accélérant la digitalisation, surtout en back office. Grâce à ces outils nouveaux, nous travaillons avec 500 personnes de moins qu’avant la pandémie, mais la situation reste tendue.
TGL. Les clients reviennent-ils avec d’autres attentes qu’avant la pandémie ?
G.E-N. Certaines tendances se sont affirmées. Plus qu’avant, les voyageurs attendent un engagement fort du pays et des opérateurs de tourisme vis-à-vis de la protection de l’environnement. Ils veulent aussi que le voyage soit porteur de sens, pour comprendre le pays et aller davantage à la rencontre des habitants. Une troisième tendance est l’augmentation des voyages en famille, parfois sur trois générations, qui répond à un besoin de se retrouver après les confinements.
TGL. L’inflation actuelle vous a-t-elle conduit à augmenter vos prix ?
G.E-N. Nous serons probablement contraints de le faire à la prochaine saison 2023-2024. Pour l’instant, la situation monétaire nous a servi. La roupie mauricienne a perdu environ 20% de sa valeur durant la crise sanitaire, faisant baisser d’autant le coût de nos dépenses locales. Or, nos recettes s’effectuent en devises étrangères. Les 700 départs volontaires de salariés durant la pandémie ont aussi allégé nos frais fixes et notre trésorerie.
TGL. La Responsabilité Sociale et Environnementale (RSE) constitue-t-elle une priorité ?
G.E-N. Effectivement. Nous sommes engagés depuis plusieurs années dans un processus de certification EarthCheck, structuré en 52 engagements dans les domaines importants tels que la réduction des déchets et la consommation énergétique. Fin 2022, deux de nos hôtels le Dinarobin et le Paradis, ont décroché l’Or, c’est-à-dire la plus haute certification possible. Concrètement, cela signifie 100% de recyclage des eaux usées pour l’arrosage de nos jardins, des fertilisants biologiques à base d’algues, le don des surplus alimentaires de nos restaurants ou encore la diminution des importations au profit des produits locaux. La gestion de l’eau est l’autre point crucial ; deux de nos hôtels sont totalement alimentés en eau dessalinisée, mais nous devrons nous équiper davantage pour compenser les effets combinés de la sècheresse et des besoins accrus dans le pays.
TGL. Votre Fondation poursuit aussi de beaux projets.
G.E-N. En effet, l’inclusion sociale nous tient vraiment à cœur. Par exemple, notre Projet Employabilité Jeunes permet chaque année à trois cents jeunes déscolarisés de recevoir une formation dans les métiers de l’hôtellerie, qui débouche dans les deux-tiers des cas sur une embauche. Notre atelier Beautiful Localhands permet à des personnes éloignées de l’emploi de créer des objets artisanaux vendus dans nos hôtels. Le groupe Beachcomber a reçu de l’Union Européenne un fonds de 500 000 euros sur quatre ans pour financer ces projets sociaux : une vraie reconnaissance de notre contribution.
TGL. Avec huit hôtels à l’île Maurice et deux à l’étranger, avez-vous d’autres projets d’ouverture ?
G.E-N. Dans l’immédiat, la priorité est de consolider nos bases. Dans les deux années à venir, nous allons accélérer la modernisation de nos process, la digitalisation. L’offre culinaire, surtout, doit évoluer – c’est pourquoi l’hôtel Paradis fermera bientôt pour repenser complètement deux de ses restaurants. Cela étant dit, nous avons un chantier en cours. Baptisé Harmonie Golf & Beach Estate, il occupera environ cent cinquante hectares en bord de lagon. La construction des 220 villas vendues sur plan a commencé. Avec un golf en partie arrosé à l’eau de mer et de grands jardins de plantes endémiques, ce domaine devrait pousser plus loin le curseur du luxe et du développement durable.
Propos recueillis par N.C
Les 8 hôtels du groupe Beachcomber
Royal Palm Beachcomber Luxury
Dinarobin Beachcomber Golf resort & spa
Paradis Beachcomber Golf resort & spa
Trou aux Biches Beachcomber Golf resort & spa
Shandrani Beachcomber Resort & spa
Victoria Beachcomber Resort & spa
Canonnier Beachcomber Golf Resort & spa
Mauricia Beachcomber Resort & spa
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