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Le Royal Palm, l’ultralégende
Le personnel, hallucinant de prévenance, offre un service d’exception.
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Voyage

Le mythique Royal Palm, à Maurice, a fait peau neuve

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Il fait partie de ces hôtels qui ont participé à élaborer la légende de l’île Maurice. Un service exemplaire, un cadre idyllique, une clientèle triée sur le volet. Mais pour rester fidèle au mythe, il devait faire peau neuve. Sans pour autant perdre son âme. Un challenge relevé avec beaucoup de brio.

Mme S. arrive au bar à 19 heures pile. Comme chaque soir. Ses mousselines brodées virevoltent dans la brise, mettent en valeur son teint de jeune fille, ses diamants de diva. Son sourire, quand on lui apporte une coupe de champagne bien millésimé sans qu’elle ait eu besoin de la commander, est un peu triste. Chaque année et plusieurs fois par an, Madame S. vient seule pour trois semaines au moins. Le Royal Palm est un peu sa résidence secondaire. Elle y retrouve les B. les X., et même parfois Madame P., qui sont aussi un peu chez eux ici. D’ailleurs, en partant hier, les T. ont réservé leurs prochaines vacances, dans à peine quatre mois. Douze suites pour quinze jours… Venir au Royal Palm, c’est entrer dans une sorte de club. De happy few. Qui préfèrent l’ombre à la lumière. People du politique, du petit et du grand écran, des médias, de la chanson, de l’industrie, cherchant un lieu protecteur où règne une sorte d’entre‐soi sans quant‐à‐soi. Ici, l’élégance n’est réellement perceptible que pour les connaisseurs. Les signes extérieurs de richesse sont très discrets, quoique parfaitement assumés. D’où la difficulté, pour le groupe Beachcomber, de donner à son hôtel phare le coup de jeune nécessaire. L’ouverture, au printemps dernier, du petit frère de Marrakech a sans doute été le détonateur. Le Trou aux Biches (autre hôtel du groupe mauricien) a bien fait peau neuve pour ses 40 ans et pour 130 millions d’euros. Même l’aéroport international de Sir‐Seewoosagur‐Ramgoolam a fait sa mue et a fait entrer – principalement grâce à des capitaux chinois – Maurice dans la cour des grands. A cet égard, les ambitions du gouvernement semblent d’ailleurs un peu démesurées.

Depuis la piscine, vue plongeante sur le lagon.
Depuis la piscine, vue plongeante sur le lagon. B.R.
Le Royal Palm est situé sur la côte la plus ensoleillée de l’île.
Le Royal Palm est situé sur la côte la plus ensoleillée de l’île. B.R.

Il était donc temps que le Royal Palm s’ébroue et fasse aussi sa révolution, lui qui, en tout juste trente ans – il a ouvert en 1985, trente‐trois ans après le premier hôtel, transformé depuis en siège social du groupe –, a su se faire une place très à part sur ce Monopoly hôtelier. D’autant que la concurrence est sans doute ici plus âpre qu’ailleurs : les Saint Géran, Touessrok ou Prince Maurice attirent eux aussi la lumière, mais il a fallu apprendre à se méfier des Maldives ou des Seychelles, qui se sont incroyablement développées depuis… D’autant, enfin, que le groupe, créé par deux des acteurs les plus majeurs du tourisme mauricien – Amédée Maingard rejoint ensuite par son neveu Herbert Couacaud –, oblige à l’excellence : on attend toujours Beachcomber au tournant. Mais comme le rappelle Jacques Silvant, l’affable et sémillant directeur, « c’est compliqué de toucher à une maison secondaire… surtout quand autant de monde se l’est appropriée ».

Le groupe Beachcomber

Créé en 1952 par Amédée Maingard, New Mauritius Hotels (NMH, le nom officiel du groupe) est coté en Bourse et toujours dirigé par son neveu Herbert Couacaud. A la fois tour opérateur et hôtelier (80% du chiffre d’affaires), il a réalisé, en 2013, 205 millions d’euros de chiffre d’affaires. Le groupe Beachcomber, ce sont 10 hôtels à l’île Maurice, aux Seychelles et à Marrakech. Si la durée du séjour moyen, à Maurice, est de 11 jours, il est de 11,5 jours au Royal Palm (3,5 à Marrakech et 6,5 au Royal Palm Marrakech). Les Royal Palm de Maurice et de Marrakech sont membres des Leading Hotels of the World.

www.beachcomber-hotels.com
www.lhw.com

La quadrature du cercle
Il n’aura fallu que cinq petits mois, 13 millions d’euros et la bagatelle de 500 ouvriers en permanence sur le site pour réinventer le Royal Palm. Vidé, déshabillé, il ne restait rien d’autre « que des murs bruts, une coquille vide ». Parce qu’il manquait de suites, pour répondre aux exigences des clients, Jacques Silvant a décidé de transformer 30 chambres en 15 suites et de passer de 84 à 69 clés. Puis il a fallu redonner une âme, sans donner l’impression d’avoir perdu l’ancienne. La quadrature du cercle. La mission est confiée à l’architecte Didier Ho (aidé de Miko Giraud, l’architecte qui a conçu l’hôtel d’origine) et à la décoratrice française Amélie Montocchio, installée a Maurice depuis douze ans. Adieu les couleurs trop vives et presque criardes, les poutres marron foncé, les claustras de bois sombres. Et vive les jade et turquoise assourdis par des beiges en camaïeu, des taupe ou des lie de vin signés Pierre Frey, Fadini Borghi ou Nobilis, un mobilier, exclusif et sur mesure, affiné pour mieux se faire oublier, des salles de bains à la clarté retrouvée ! La lumière a soudain envahi les chambres et les suites. Même celles dont les volumes n’ont pas été touchés paraissent plus grandes. Même l’océan Indien semble plus présent.

La rénovation est signée Didier Ho et Amélie Montocchio.
La rénovation est signée Didier Ho et Amélie Montocchio. Axel Ruhomaully
Les façades du Royal Palm.
Les façades du Royal Palm. B.R.

Les façades, elles, ont été allégées, puis habillées de pergolas d’acier. Rien de transcendant ni de bouleversant d’un point de vue purement stylistique ou décoratif, mais cette neutralité est reposante. Le Royal Palm, comme les autres hôtels du groupe, n’a pas été pensé pour les photographes, c’est un lieu à vivre, simplement. Une force, parfois une faiblesse. Alors, ni Madame S., ni les B., les P. ou les X. n’ont été chamboulés dans leurs habitudes. Le personnel, hallucinant de prévenance, est fidèle à sa réputation. Et l’assiette du chef Michel De Matteis, Meilleur Ouvrier de France, est toujours aussi légère et inventive. Même l’Italien Alessandro Morino, à qui l’on vient de confier les rênes d’une nouvelle table, installée quasiment au ras de l’eau, semble avoir toujours été là. Quant au spa, il reste griffé Clarins… C’est donc à une révolution de velours que s’est livré Jacques Silvant. Et le lifting, contrairement à celui de certaines clientes, est particulièrement réussi. Le sourire n’est pas figé, l’expression intacte, et on retrouve même certains petits défauts qui donnent au lieu tout son charme. Si le site est l’un des plus beaux de l’île, la plage paraît un peu petite au regard de certaines autres. Si les volumes sont XXL et que la piscine est un véritable bassin de nage, les chambres ne disposent pas, à l’exception d’une suite, de leur propre piscine. Si une attention très particulière a été portée à la gastronomie, il n’y a que deux tables pour le soir et une seule pour le déjeuner… Le Royal Palm ne joue sur aucune surenchère. Le low profile lui va très bien. A nous aussi.

Depuis la piscine, vue plongeante sur le lagon.
Depuis la piscine, vue plongeante sur le lagon. B.R.
Le personnel, hallucinant de prévenance, offre un service d’exception.
Le personnel, hallucinant de prévenance, offre un service d’exception. B.R.

Il est 19 heures. Madame S. arrive sans mousseline, en tenue de voyage, plus sobre, mais toujours aussi bijoutée. Ses valises monogrammées suivent. Elle salue, toujours avec son sourire un peu triste, Premlall le barman, Hirikesh le concierge, Jo‐Ann une femme de chambre. Elle a réservé sa suite habituelle. Elle revient dans quelques semaines.

Y aller

Le tour opérateur Kuoni propose un séjour de 5 nuits en suite Junior à partir de 2193 € par personne (sur une base de 2), vol Paris–Maurice compris.

www.kuoni.fr

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