Voyage
Bâti en à peine vingt ans, ce quartier est devenu l’emblème d’une Chine nouvelle. Et pourrait incarner une vision un peu déroutante de la ville de demain. S’y perdre permet de prendre le pouls de la réalité économique de la mégapole.
« Mieux vaut une chambre à Puxi qu’une maison à Pudong. » Cet adage circulait encore il y a vingt ans, alors que la rive est du Huangpu, pourtant à quelques centaines de mètres du Bund, n’était qu’un territoire agricole et industriel, certes habité, mais totalement dépourvu de services. Mais ça, c’était avant !
Aujourd’hui, la skyline de Pudong est devenue l’image emblématique, voire l’icône, de Shanghai, celle qui circule sur toutes les photos, brochures et tickets de métro. Une image qu’il convient d’ailleurs de remettre à jour. Une nouvelle tour, tout aussi emblématique, la tour Shanghai, deuxième plus haute du monde, est sortie de terre et, avec ses 632 mètres, dresse sa haute silhouette bien au-dessus de toutes les autres.
Pudong, the place to be
De rien, Pudong est devenue, en à peine deux décennies, the place to be… Le fruit d’une volonté politique qui s’est exprimée le 18 avril 1990. Li Peng, alors président du Comité permanent, déclare que Pudong doit se développer et devenir une zone d’ouverture. L’image d’une nouvelle Chine, libéralisée, en somme.
Deux axes de développement sont définis : le premier, du nord au sud le long du fleuve ; l’autre, d’est en ouest depuis Lujiazui, le centre financier, jusqu’au parc technologique de Zhangjiang. En 1992, un grand concours d’architecture est lancé. Y participent Richard Rogers, Dominique Perrault, Toyo Ito et Massimiliano Fuksas. La Chine est alors vue comme un eldorado.
C’est finalement une institution locale, le Shanghai Urban Planning Design Institute (SUPDI), qui aura la charge de planifier Pudong – selon de grandes lignes en partie définies au milieu des années 80 et inspirées du quartier de la Défense, à Paris –, en coopération avec un institut français, l’Institut d’aménagement et d’urbanisme de la région d’Ile-de-France (Iaurif).
La première construction emblématique du nouveau Pudong sera cependant 100 % chinoise.
Conçue par le studio Shanghai Xian Dai Architectural Design, achevée en 1995, la tour de télécommunications Perle de l’Orient est le trait d’union postmoderne entre les esthétiques chinoise et communiste et la première représentation d’un nouveau paysage urbain. S’y ajouteront la tour Jin Mao, en 1999, et le Shanghai World Financial Center, en 2008.
Il y avait bien un pont, le Songpu (condamné en 2015), qui, depuis 1976, reliait Puxi à Pudong, mais il était trop éloigné du centre et donc inefficace pour réduire le va-et-vient des bateaux sur le fleuve. Il y en a aujourd’hui trois : le Nanpu (1991), le Yangpu (1993) et le Lupu (2003), ainsi que sept tunnels – dont deux toujours en construction – et le Bund Sightseeing Tunnel, qui est avant tout une attraction touristique.
L’ouverture, en 1999, de l’aéroport international de Shanghai-Pudong sera une autre étape importante de la croissance du quartier. Tout comme l’établissement de zones de libre-échange. Waigaoqiao fut le premier quartier de Chine continentale à bénéficier de ces mesures en 2013. En plus des zones portuaire et aéroportuaire, ce sont trois nouveaux sites de Pudong qui ont été ajoutés en 2015 à la SFTZ (Shanghai Free Trade Zone) : Jinqiao, Zhangjiang et Lujiazui.
C’est donc en voulant attirer toujours plus d’entreprises, aussi bien chinoises qu’étrangères, que le cœur financier de Pudong s’est bâti, chaque bâtiment le composant étant destiné à accueillir leur siège. En 2015, le gouvernement chinois annonçait que 844 institutions financières et les sièges chinois de 308 des 500 plus grandes entreprises internationales y étaient installés.
Lire aussi
L’urbanisme, une question essentielle pour Shanghai
Park Hyatt Shanghai : atteindre les sommets, au sens propre comme au figuré
Nos « good beds » au cœur de Pudong à Shanghai
The Good Airport : Shanghai Pudong, l’attribut phare de la mégalopole