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A la pointe des innovations en matière environnementales, le Village Olympique et Paralympique situé en Seine-Saint-Denis, entend réduire de 50% son empreinte carbone par rapport aux Jeux de Londres, notamment grâce à un fond d’investissement de 42 millions d’euros.
Comment le Village des athlètes entend réduire de de 50% son empreinte carbone par rapport aux Jeux de Londres ?
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Un showroom de la construction bas carbone de demain
Inauguré en Seine-Saint-Denis fin février par le président Macron, le Village des athlètes constitue un élément central dans l’organisation et de la réussite des Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) ce mois d’août. Construit sous la houlette de Dominique Perrault, coordinateur de la ZAC, en collaboration avec une quinzaine d’architectes, ce programme immobilier d’ampleur – 330 000m2 sur 52 hectares – a été l’occasion pour la maîtrise d’œuvre d’un véritable laboratoire d’innovations environnementales.
Conçu dans une logique d’héritage par la SOLIDEO, l’organisme en charge de la livraison des ouvrages pérennes des JOP, le « Village » sera durant les Jeux de Paris 2024 le lieu de vie de 10 500 sportifs, 4 500 parasportifs et de leurs accompagnants respectifs. Mais tous les espaces ont été pensés pour être réversibles et reconvertis en un écoquartier de logements, bureaux, équipements publics ou commerces dès la fin des épreuves.
Pour réaliser les premiers Jeux alignés sur l’accord de Paris, les bâtiments ont été érigés selon une conception bioclimatique pour une meilleure maîtrise de consommation énergétique, via par exemple une double orientation systématique ou des balcons filants faisant office de pare-soleil. « Nous sommes engagés sur une perspective de long terme, explique Antoine du Souich, directeur de la stratégie et de l’innovation au sein de la SOLIDEO. Un bâtiment aujourd’hui quand il est construit émet autant de carbone que quand il est exploité en 50 ans ».
Le Village des athlètes a donc été modélisé numériquement, plusieurs scenari thermiques du climat à l’horizon 2050 ont été simulés avec l’aide de Météo France, afin d’imposer aux immeubles des critères de confort adaptés sur la base de ces températures prévisionnelles. « En cas de forte canicule, on sera capable de maintenir les logements à plus de 6 degrés de température d’écart entre intérieur et extérieur et en dessous de 25 degrés lorsque la température est inférieure à 32 degrés », détaille-t-on à la SOLIDEO.
Une empreinte carbone réduite de 50% par rapport aux Jeux de Londres
Pour permettre de réduire de 50% l’empreinte carbone du projet par rapport au Village Olympique des Jeux de Londres, Eiffage Construction, en charge de la réalisation du chantier, s’est impliquée dans un mode constructif mixant bois et béton bas-carbone, à l’instar du lot E3, réalisé par l’agence DREAM, un immeuble mixte de bureaux et équipement sportif de 36 mètres de haut en structure bois et planchers en béton bas carbone.
Le bois a en effet une place prépondérante sur le Village des athlètes, 100% des bâtiments de moins de 28 mètres de haut le font intervenir en structure. 30% de ce bois est français, et 100% issu de forets éco-gérées. « Les deux tiers des immeubles sont en façade ossatures bois, ajoute Antoine du Souich, incluant des matières isolantes qui excluent l’emploi du béton. Cela nous a donné 10 ans d’avance par rapport à la règlementation », s’enthousiasme-t-il.
Vinci Immobilier, qui intervient également dans la construction, a développé du béton ultra bas-carbone coulé sur place. Subventionné par le fonds innovation et écologie, ce béton présente un bilan inférieur à 100kg/CO par m3, contre 250kg pour du béton classique. « Nous avons créé un fonds d’investissement de 42 millions d’euros, dont 36 millions ont été destinés à financer les maitres d’ouvrages ayant recours à des méthodes innovantes en matière de performance environnementale », expose encore Antoine du Souich. Ainsi, l’un des bâtiments du Village des athlètes traite 100% de ses eaux usées, via une petite station d’épuration en sous-sol, elles sont réutilisées pour alimenter les toilettes et machines à laver, diminuant de 60% les besoins en eau courante. Un pilotage énergétique intelligent est aussi mis en place par le Groupe EDF visant à compenser la consommation d’énergie à hauteur d’environ 20% des besoins par l’intermédiaire d’une production locale en photovoltaïque.
Un urbanisme énergétique au Village des athlètes
Le Village s’est en fait conçu dans une logique d’urbanisme énergétique. Un réseau de géothermie a été développé avec Engie Solutions, il prend sa source à 70 mètres de profondeur, pour alimenter l’ensemble du Village en chaud et en froid. « Cette énergie thermique est décarbonée à pratiquement 70%, explique-t-on. Les forages sont reliés à deux pompes à chaleur qui font circuler de l’eau, qui varie de 7 à 60 degrés selon la saison et se connectent à des planchers réversibles, c’est-à-dire rafraichissants l’été ou bien chauffant l’hiver ». En circuit fermé avec la nappe phréatique, ce réseau est raccordé à celui de Pleine Commune, contribuant ainsi à la transition environnementale du territoire nord francilien.
Enfin, la végétation tient évidemment une place essentielle sur le Village : outre les toitures végétalisées, environ 9 000 arbres sont plantés sur les espaces publics. Ces essences locales se déclinent en plusieurs ambiances : pépinière de plantes sauvages, jardins maraichers traditionnels, prairie sauvage… Dispositif ayant permis l’obtention du label Biodivercity Construction sur l‘ensemble du programme. « Nous avons beaucoup innové sur les espaces publics pour la lutte contre les ilots de chaleur, conclut-on à la SOLIDEO. Il y a notamment dans le Village une place dont un trottoir a été fait avec des pavés en coquillages, et un système de récupération de l’eau, qui remonte par capillarité et s’évapore sous contrôle d’une petite station météo quand il fait chaud ». Ce qu’on appelle une ville intelligente.
