×
stades stades olympiques olympique expositions paris 2024
Vue d’ensemble de la toiture du Stade national, 2023.
fanny

The Good City // Architecture

Les stades olympiques : médaille d’or de l’architecture

Architecture

The Good City

Les Jeux Olympiques ont le chic de remodeler les villes. Gares, transports, gymnases mais surtout stades, les cités se mettent au diapason des besoins de la compétition.

Les précédentes éditions des Jeux Olympiques ont souvent été l’occasion pour la ville qui les accueillaient de redoubler d’efforts en termes d’architecture, en dévoilant des stades ou des infrastructures particulièrement ostentatoires. Paris 2024 ne renoue pas avec cette tradition. Les organisateurs se sont même targués d’avoir présenté le programme le moins ambitieux sur le plan urbain, pour se concentrer sur des solutions durables : une belle innovation. Malgré tout, ici et là, les institutions muséales et les galeries d’art célèbrent les projets les plus ambitieux qui ont marqué l’histoire des Jeux à travers de nombreuses expositions, et notamment les stades.


Lire aussi : Quatre expositions à découvrir lors des JO de Paris 2024


Architecture et Jeux Olympiques : un bon ménage ?

Parfois animées, les discussions autour de l’architecture et l’urbanisme influent énormément sur le choix de la ville hôte des futurs Jeux Olympiques. Les projets doivent se démarquer et donc faire part d’ingéniosité et d’ingénierie innovante, sans pour autant se révéler déraisonnables.

Si la tendance est désormais à l’économie et au recyclage, cela n’a pas toujours été le cas. Seul l’effet « waouh » comptait ! Car rappelons-le, en parallèle à la compétition sportive, Pierre de Coubertin avait mis en place, de 1912 à 1948, une compétition artistique : le Pentathlon des Muses. Cinq disciplines y étaient valorisées : la littérature, la musique, la peinture, la sculpture et l’architecture ! En 1928, le Stade olympique d’Amsterdam, façonné par Jan Wils, a même remporté la médaille d’or en architecture.

Il était une fois les stades (olympiques)

Les stades ont souvent été au centre de toutes les attentions. Cette année, en France, aucun ne rivalisera avec le mythique Stade de France de la Plaine Saint-Denis, au sein duquel Les Bleus ont remporté leur première Coupe du monde de football en 1998, année de son inauguration. La Cité de l’architecture et du patrimoine questionne ces lieux emblématiques du sport, le temps de l’exposition fascinante Il était une fois les stades. Le parcours a été pensé en trois séquences spécifiques : la démocratisation, la performance et la mondialisation. Y sont notamment rappelés les propos de 1934 d’Eugène Beaudouin, architecte et urbaniste français : « c’est par réaction contre la vie artificielle, malsaine, de nos agglomérations industrielles qu’est né le mouvement sportif […] il vaut mieux prévenir que guérir, construire des stades olympiques plutôt que des hôpitaux. »

Ses mots audacieux, les architectes les ont pris au pied de la lettre. A partir de ce moment-là, ils commencent véritablement à s’emparer du sujet. Ainsi, leurs projets gagnent en ambition et la prouesse technique devient une fin en soi. Dans les années 1960, les architectes franchissent un cap. Achevé en 1968 après sa mort, Le Corbusier signe son stade à Firminy (47), dessiné en 1954. A ce jour, il est le seul à être classé Monument historique. Inspiré des amphithéâtres antiques, il est doté d’une casquette suspendue singulière : une prouesse technique en béton armé. A peine inauguré, Roger Taillibert compte bien lui voler la vedette. Il réussit en faisant sortir de terre le tout nouveau Parc des Princes en 1972, projet initié en 1967. Il peut accueillir 50 000 spectateurs, rien d’exceptionnel à cette époque, mais surtout se vanter d’être le premier en Europe à se doter d’un éclairage intégré au toit.

Le stade, haut lieu de rassemblement

Le stade est désormais, à l’image du sport, une recherche constante de l’exploit technique. Partout, il prend le surnom de « cathédrale du sport ». Mais en la matière, il faut quand même reconnaître que la France a eu un léger retard. Reconstruit pour les premiers Jeux olympiques de l’ère moderne, en 1896, le stade panathénaïque d’Athènes figure depuis parmi les monuments emblématiques de Grèce. En 1936, l’Allemagne montre toute sa puissance en inaugurant le Reichssportfeld de Berlin. Et en 1950, pour la Coupe du monde de football, le stade Maracanã à Rio de Janeiro, constitué de trois millions de briques, réalise l’exploit d’atteindre une capacité de 200 000 spectateurs.

Depuis, il a été rétrogradé à 78  838 places. Actuellement le plus grand stade du monde se trouverait… suspens… à Pyongyang, en Corée du Nord ! Il s’agirait du Stade du Premier-Mai, inauguré tout naturellement le 1er mai 1989 et pouvant accueillir 114 000 visiteurs assis depuis sa rénovation en 2014, contre 150 000 initialement. Il se distingue par seize arches qui lui confèrent la forme d’un parachute ou d’une fleur de magnolia. Mais à en croire les récents chiffres, il s’est fait voler la vedette par le stade de cricket Sardar Patel situé à Ahmedabad, en Inde, sa capacité étant passée de 110 000 spectateurs en 1983, date de son ouverture, à 132 000 en 2021. En Europe, avec ses 90 000 sièges, le Stade de Wembley conserve son titre. Mais depuis les années 2000, la folie des grandeurs s’est estompée. Dans le palmarès des 50 plus gros stades du monde, seul un a été construit après 2010 : le Stade de Lusail au Qatar (80 0000 places), inauguré en 2020.

Exposition « Il était une fois les stades » à la Cité de l’architecture et du patrimoine.
Exposition « Il était une fois les stades » à la Cité de l’architecture et du patrimoine. 2024

Du Japon à Paris

Mais la prouesse technique ne se limite aux chiffres, comme le soulignent deux expositions : « Architectes des Jeux de Tokyo », à la Maison de la culture du Japon, et « Projections, Architectures Olympiques », à la galerie Charlot. La première présente les réalisations de deux des plus grands architectes du Japon : Kenzô Tange et Kengo Kuma.

Kenzô Tange a conçu le Gymnase national de Yoyogi pour les Jeux olympiques de Tokyo de 1964 et Kengo Kuma le Stade National, principalement composé de bois, pour les Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo prévu initialement en 2020. Au travers du parcours de leur concepteur, celui de l’exposition constitué de vastes maquettes et de photographies propose de réfléchir à l’architecture japonaise de demain et montre notamment comment Tange a cherché à intégrer des lignes subtiles dans cette architecture de béton en vogue à son époque, via notamment le concept d’arche.

Toiture du gymnase n° 1 de Yoyogi en cours de construction, 1964.
Toiture du gymnase n° 1 de Yoyogi en cours de construction, 1964. Ishimoto Yasuhiro Photo Center

Les transports : une compétition à part entière

L’exposition revient aussi sur les projets des villas Seijô et Katsura dont les rapports de proportion horizontale et verticale sont particulièrement homogènes mais aussi sur le projet de la gare Saint-Denis – Pleyel, le plus ambitieux de Paris 2024. Imaginée par Kengo Kuma & Associates, elle devrait ouvrir ses portes fin juin pour accueillir la ligne 14 prolongée depuis l’Aéroport d’Orly. Véritable épine dorsale du Grand Paris Express, la presse la surnomme déjà « le Châtelet du nord ».

Érigée en symbole d’universalité mais aussi de puissance, ces projets olympiques pharaoniques inspirent forcément les artistes contemporains, comme le souligne l’accrochage « Projections, Architectures Olympiques. » Éloge d’un patrimoine, fascination des formes, critique d’un système financièrement et environnementalement controversé, mise en avant de la notion de corps et réflexion sur la naissance d’une œuvre… évoquant des thèmes bien spécifiques, chacun des artistes exposés livre son regard singulier sur l’architecture olympique qui visiblement marque durablement les esprits, bien au-delà des Jeux.

Vue extérieure de la gare Saint-Denis Pleyel, 2015. Modélisation 3D.
Vue extérieure de la gare Saint-Denis Pleyel, 2015. Modélisation 3D. Kengo Kuma & Associates

Il était une fois les stades, à la Cité de l’architecture et du patrimoine jusqu’au 16 septembre 2024.
Kenzô Tange – Kengo Kuma, architectes des Jeux de Tokyo, à la Maison de la culture du Japon jusqu’au 29 juin 2024.
Projections Architectures Olympiques, à la galerie Charlot du 30 mai au 3 août 2024.


Lire aussi : Peut-on vraiment faire fortune en louant sur Airbnb pendant les JO de Paris 2024 ?


 

Voir plus d’articles sur le sujet
Continuer la lecture