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The Good Life dresse le panorama d’un secteur où les lunettes de soleil s’imposent comme l’accessoire du cool et de la mode, 2023 - The Good Life
The Good Life dresse le panorama d’un secteur où les lunettes de soleil s’imposent comme l’accessoire du cool et de la mode.
Marine Mimouni

Lifestyle

Pourquoi le marché des lunettes de soleil explose

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C’est un marché porteur, promettent les spécialistes, qui pèserait à lui seul environ 15 milliards de dollars. The Good Life dresse le panorama d’un secteur où les lunettes de soleil s’imposent comme l’accessoire du cool et de la mode.

Les lunettes de soleil, nées dans les années 20, d’abord portées par les Afro-Américains avant de devenir le symbole du glamour hollywoodien, chahutées par la crise du Covid, puis reboostées depuis la fin de la pandémie, se portent bien. Un secteur qui devrait connaître, ces prochaines années, une croissance annuelle continue de 5 à 6 %*, propulsé par les fortes ventes du marché nord-américain (on estime à plus de 4 milliards de dollars les ventes réalisées aux États-Unis en 2022), et par l’amour transi des Italiens, des Chinois, des Français, des Allemands ou des Brésiliens, les principaux consommateurs au monde.

Les chiffres

The Good Life dresse le panorama d’un secteur où les lunettes de soleil s’imposent comme l’accessoire du cool et de la mode, 2023 - The Good Life
  • 30 : le nombre de lunettes de soleil qui se vendent dans le monde chaque seconde
  • 15 : le chiffre d’affaires (en milliard de dollars), de la lunette de soleil dans le monde.
  • 19 : la prévision pour 2026 des ventes de solaires (en milliards de dollars).
  • 150 : le chiffre d’affaires (en milliards de dollars) des ventes de lunettes optiques et solaires dans le monde.
  • 1 800 : le nombre de marques de lunettes de soleil aujourd’hui proposées sur le marché.


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Collection en édition limitée : Zebra, Heritage Vol. 3 d’Etnia Barcelona.
Collection en édition limitée : Zebra, Heritage Vol. 3 d’Etnia Barcelona. Etnia Barcelona

« La période d’après Covid semble avoir réveillé l’envie et l’audace des consommateurs, explique Dominique Cuvillier, expert mode et consultant pour le salon Silmo. Un engouement qui s’explique à la fois par une prise de conscience “médicale” – on utilise les lunettes de soleil pour protéger les yeux des rayons UV – et par leur évolution comme véritable accessoire de mode. »

Nouvel objet sacré des défilés, la lunette est ainsi devenue, ces dernières années, le point d’entrée dans l’univers du luxe des grandes maisons : « Un peu comme pour le parfum, les lunettes de soleil représentent ce rêve à prix accessible, ajoute l’expert, et le public jeune adore, qui, sur le modèle de la basket, y voit un vrai moyen d’affirmer sa dimension statutaire. »

Ⓒ District Vision.
Ⓒ District Vision.

Dans un marché mondial de la solaire toujours concurrentiel, où les marques rivalisent de campagnes publicitaires, dans les magazines comme sur les réseaux sociaux, les griffes en licences occupent une large place. L’œuvre des grands industriels de la lunette, qui ont été rejoints, depuis peu, par les géants du luxe. Acteur incontournable, EssilorLuxottica (né de la fusion du fabricant de verres français et du spécialiste italien de la lunette) donnait naissance, en 2019, au premier groupe mondial dans la conception, la fabrication et la distribution de verres, de montures et de lunettes.

Un pilier de l’industrie qui, outre quelques marques en propre, en regroupe une vingtaine en licences spécialistes de la solaire – Ray-Ban, Persol, Oakley, Oliver Peoples, entre autres –, auxquelles s’ajoutent celles des maisons de luxe, comme Chanel, Prada et, récemment, Swarovski. L’entreprise, qui ne connaît pas la crise – elle a notamment acquis, en 2022, le néerlandais Grand Vision et son réseau de 7 200 boutiques d’opticiens –, a observé une croissance de 14 % de ses ventes en 2022. 


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L’une des montures de District Vision, profiléepour le sport.
L’une des montures de District Vision, profilée
pour le sport. District Vision

La nouvelle donne des lunettes de soleil

Patrie de la mode et du style, et premier pays exportateur au monde de lunettes de soleil, l’Italie compte aussi les groupes De Rigo – une entreprise familiale fondée à la fin des années 70, gérant un portefeuille de 30 marques sous licence (Roberto Cavalli, Escada, Chopard…) – et Safilo, contrôlé par le fonds néerlandais Hal. Une entreprise historique qui, aux côtés de ses marques maison Carrera et Polaroid, rassemble celles sous licence de David Beckham, mais aussi Eyewear, Missoni, Fossil, Havaianas et la première ligne de lunettes de la créatrice Isabel Marant.

3 questions à Yoan Benzaquen

Directeur artistique de Marc Le Bihan, l’enseigne d’opticiens fondée en 2000, et qui compte aujourd’hui 15 magasins en France.

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Les lunettes de soleil sont-elles un accessoire de mode incontournable ?

Oui, et sans hésiter ! Et Danièle Le Bihan, passionnée de mode invétérée, y a grandement participé. En 2000, à une époque où les lunettes de soleil étaient encore invisibles dans les magazines comme dans les défilés, elle choisit de prendre le contre-pied des codes traditionnels de l’optique-luneterie et mise alors sur l’univers des designers et de la mode en lançant, notamment, Linda Farrow ou Thierry Lasry. Aujourd’hui, les séries mode des magazines sont remplies de lunettes solaires. 60% de nos modèles sont issus des marques‑créateurs, comme Jacques Marie Mage, Alhem ou Moscot, et d’autres émergentes, comme John Dalia, soutenue par Carine Roitfeld. Et les modèles des grandes maisons de luxe, Celine, numéro un des ventes, Saint Laurent, Balenciaga, Gucci ou Loewe, sont très demandés. 

Quelles seront les grandes tendances des lunettes de soleil cet été ?

Retour aux années 80 et 90 et à l’esprit vintage. Des montures épaisses, visibles, aux formes oversize, où l’acétate se montre sous toutes les coutures, où les couleurs translucides, flamboyantes, dégradées viennent chahuter les collections. Le blanc et le crème seront aussi sur les plages cet été, avec Prada et Balenciaga en tête.  

Les lunettes écoresponsables, c’est pour aujourd’hui ou pour demain ?

Si l’engouement pour les lunettes en bois a été de courte durée – elles se révélaient bien trop fragiles pour convaincre et durer –, le bioacétate, biodégradable
et issu de ressources renouvelables, a récemment fait son entrée sur le marché. On le retrouve chez Peter & May, la marque pionnière en la matière, qui dessine et produit notamment pour Jacquemus et études Studio. Et puis, l’industrie de la lunette, à l’inverse du vêtement, n’est pas la plus polluante au monde.

Rococo 01, la solaire signée Gentle Monster.
Rococo 01, la solaire signée Gentle Monster. Gentle Monster

En pleine forme, Safilo voyait, il y a quelques mois, son chiffre d’affaires franchir le cap du milliard d’euros. Le groupe italien Marcolin, détenu par le fonds français PAI Partners, fabrique des lunettes depuis le début des années 60 dans le nord de Venise. L’entreprise, qui imagine les collections Tom Ford, Zegna et Adidas Originals, signait même, en 2018, un partenariat avec le groupe LVMH accouchant de la coentreprise Thélios, chargée, à l’époque, de la production des lunettes Celine et Louis Vuitton. Un partenariat historique certes, mais de courte durée ; le groupe de luxe français décidant, trois ans plus tard, de couper court à l’aventure et de lui racheter ses parts.

« Face aux industriels historiques, les géants du luxe sont devenus les nouveaux acteurs de la solaire, poursuit Dominique Cuvillier. En rupture avec le système des licences, les groupes, à l’image de Kering, qui a créé Kering Eyewear en 2014, et LVMH, ont internalisé progressivement la conception et la production de leurs marques de lunettes, revendiquant une nouvelle légitimité esthétique et design. »


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Collection en édition limitée : Zebra, Heritage Vol. 3 d’Etnia Barcelona.
Collection en édition limitée : Zebra, Heritage Vol. 3 d’Etnia Barcelona. Etnia Barcelona

Quatre ans après le divorce, l’entreprise Thélios et son propriétaire LVMH emploient plus de 700 personnes dans l’usine de Longarone, produit plus de 14 000 paires de lunettes par jour (juillet 2022), et a, l’an dernier, fait l’acquisition de Metallart, une société spécialisée dans la fabrication des lunettes en métal.

Une tendance générale que suit aujourd’hui New Gards Group, la holding de mode italienne contrôlée par le géant de l’e-commerce Farftech. En février dernier, la société présentait au salon professionnel Mido, à Milan, les toutes premières collections Off-White, Ambush et Palm Angels, deux ans après avoir annoncé la création de sa division interne. 

Ⓒ District Vision.
Ⓒ District Vision.

Le marché des créateurs 

Face aux géants, d’autres marques optent pourtant pour des voies différentes. « Un marché de niche, conclut Dominique Cuvillier, qui rassemble aujourd’hui les connaisseurs, happy few et gens à l’esthétique pointue, qui sont à la recherche de marques de créateurs au story-telling léché, au design et à la personnalité affirmés. » La créatrice Alhem Manai-Platt, à la tête de la marque Alhem, fait partie de ceux-là et a choisi la région artisanale d’Oyonnax, enclave de la lunetterie française, pour produire ses collections.

Sarah Lavoine suivait le même chemin il y a deux ans en s’associant aux Ateliers Roussilhe, à quelques pas. Les modèles de Jacques Marie Mage, la marque du créateur Jérôme Mage, installée à Los Angeles, qui s’inspirent de la culture américaine des années 60 et 70, sont, eux, fabriqués exclusivement à la main, au Japon. Une autre vision du luxe, pointue et authentique, dans un marché de la lunette de soleil toujours plus créatif. 


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