Chez Kering, ce week-end, c’est chasse au trésor ! Pendant deux jours, l’architecture XVIIe du 40, rue de Sèvres (Paris VIIe), l’ancien hôpital Laennec réhabilité, devient l’écrin arty-mode de deux rendez-vous culturels. Le siège de Kering voisine en effet avec celui de la Maison Balenciaga qui lui appartient. Pour les Journées du Patrimoine, c’est autant l’art contemporain que la mode qui sont à l’honneur. Dans ce cadre prestigieux, les expositions « Echos » et « Balenciaga » participent, chacune à leur manière, d’une forme de représentation du sacré.
Jean-Jacques Aillagon, ex-ministre de la Culture devenu conseiller artistique de la collection Pinault, est l’homme derrière l’exposition « Echos ». Elle présente sans excès de décorum dans l’ancienne chapelle six grands artistes contemporains dont les œuvres sont issues de la collection Pinault. Que ce soit celles du Franco-Algérien Adel Abdessemed, de l’Italien Maurizio Cattelan, de la Sud-Africaine Marlene Dumas, de l’Américain Andres Serrano, du Japonais Hiroshi Sugimoto ou de l’Iranien Y.Z. Kami. « Echos » représente une excellente occasion de passer tranquillement en revue une sorte de panorama de l’art le plus en vogue. Et pas seulement pour sa valeur marchande… Rien de show-off ou de provoquant dans l’exposition.
En déambulant sous les hautes voûtes des bâtiments centraux, on assiste aussi à un défilé statique chic de Balenciaga. Cristóbal Balenciaga, celui des origines donc ni celui des belles années du styliste Olivier Ghesquière, ni celui des baskets de Kanye West… Chez Balenciaga, être « the brand of the moment » ne fait pas tirer de trait sur le passé. La preuve, 27 modèles vintage de 1930 à 1968 sont exposés dans la Croix Est des bâtiments. On (re-)découvre, passablement interdit, la plus architecturée des coutures. L’envie de décrasser les formes traditionnelles est telle que ces créations confinent à l’élévation. Pour le corps, ce sacré-là semble libérateur. De fait, ce total show a réussi son objectif : joindre le patrimoine à la création.