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C’est la plus vaste ferme verticale française. Jungle s’impose comme une réponse crédible à la crise climatique en facilitant l’avènement d’une beauté respectueuse de l’environnement. The Good Life a sillonné ses allées à Château-Thierry, dans les Hauts-de-France.
La ferme verticale, réponse innovante aux mutations climatiques
Éternel paradoxe de l’époque et d’une industrie cosmétique en perpétuelle expansion ! Tandis que les grands noms de la parfumerie rivalisent d’initiatives dites green, leur bilan carbone flirtent souvent avec les sommets… Pour s’approvisionner en Patchouli Indonésien, en Bergamote de Calabre ou en fleurs de vanille qui s’épanouissent au Mexique, les géants du secteur sont forcés de faire quelques entorses à leurs discours portant aux nues la clean beauty. Et si les fermes verticales étaient la solution à ce cercle vicieux ? En mettant en application concrète le principe d’approvisionnement local et en réduisant considérablement les besoins en eau, elles s’imposent comme une réponse innovante aux mutations climatiques.
Justement. Le tout-vertical et l’approche novatrice de l’agriculture hors-sol, c’est le pari réussi de Gilles Dreyfus. Avec son associé Nicolas Seguy et après une carrière dans la finance, il a fondé en 2016 Jungle, la plus grande ferme verticale de France. Situé dans l’Aisne, à Château-Thierry, cet espace de 4000 mètres carrés qui semble tout droit sorti de l’imaginaire d’un scénariste de Black Mirror se compose de six tours de culture, qui culminent chacune à neuf mètres de haut. « On construit des fermes verticales en environnement contrôlé, explique Gilles Dreyfus. Cela signifie que la verticalité de l’agriculture vient du fait qu’il ne s’agit pas de serres ou de murs végétaux, mais d’espaces intégrés au bâti au sein de hangars industriels, soit des fermes de grande ampleur. Pour optimiser le mètre carré qui est cher, on superpose des niveaux de culture les uns au-dessus des autres. C’est donc un farming en trois dimensions, au sein duquel on transpose les paramètres naturels extérieurs en intérieur. »
Peu d’eau, pas de pesticide : Jungle, la plus grande ferme verticale de France
Visionnaire et locale, la production made in Jungle permet de s’affranchir des conditions météorologiques avec peu d’eau et sans aucun pesticide, grâce à des lumières artificielles et une technologie performante et sur-mesure. Un concept qui repose sur trois axes majeurs, avance son co-fondateur passionné. « Il y a trois recettes de culture principales. D’abord les recettes nutritives : les sels minéraux, les nutriments, tout ce que les plantes vont chercher dans la terre. Selon le cycle de croissance du végétal, on va pouvoir lui apporter tout ce dont celui-ci a besoin pour se développer. Ensuite, la photosynthèse qui s’opère via des LED horticoles, et dont le spectre et l’intensité varient au fur et à mesure du cycle de vie de la plante. Enfin, le paramètre climat, invisible mais essentiel, qui passe par le contrôle de la température, de l’humidité, du C02, de la circulation de l’air. On harmonise ces trois facteurs pour obtenir une culture optimale. »
Les premières expériences concluantes ont porté sur des fruits et légumes cultivés pour la grande distribution. Mais Jungle vise désormais l’univers de la parfumerie. En partenariat avec l’entreprise suisse Firmenich, spécialisée dans la production de fragrances et qui est récemment entrée dans son capital, la ferme du futur a ainsi réalisé une prouesse pour le moins prometteuse : créer de l’essence de muguet, ce végétal volatile qui ne fleurit que quelques jours par an, entraînant parfois au passage des pertes considérables. « Nous avons commencé nos recherches sur des plantes rares ou moins rares, qui ont vocation à être utilisées en parfumerie à travers l’extraction d’huiles essentielles, poursuit Gilles Dreyfus. Ces plantes sont généralement récoltées dans des pays émergents (Inde, Madagascar, Sri Lanka, Indonesie). Le réchauffement climatique tape beaucoup plus fort dans ces pays que chez nous et les régulations n’étant pas les mêmes, beaucoup de pesticides y sont utilisés ».
La prochaine étape ? Évoluer vers un modèle Farm to service, c’est-à-dire une ferme collective, qui proposerait des espaces de cultivation clé en main aux acteurs de l’industrie cosmétique. De la production au compte-gouttes suivi pas à pas par chaque marque, qui redonnerait tout son sens au terme déjà bien galvaudé de sourcing.
M.M
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