Voyage
Voyager nous confère une étrange sensation. Nous voilà habillés comme l’as de pique, tentant d’imposer notre façon de voir et parlant fort dans la rue. Misère de misère…
François Simon n’est jamais avare de bon conseils, surtout sur les règles de savoir-vivre. Mode d’emploi pour se fondre en Suisse.
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01. Penser qu’elle n’a qu’une langue…
Ça nous arrangerait tellement que la Suisse ne soit qu’un pays francophone, parlant Franzözen et rayonnant d’humanité avec son logo d’infirmière. Disons que c’est une myriade de subtilités. Vous pensez que les Suisses parlent allemand ? Alors là, vous vous enfoncez encore plus. Le suisse allemand n’est même pas une langue, car on entre alors dans une foultitude de dialectes. Parfois, en un virage, en un bosquet, en un bourg, un autre dialecte se pointe… Même si les Suisses allemands comprennent le Hochdeutsch, l’une des quatre langues écrites officielles. Résumons : à l’ouest, le français ; au sud, l’italien, et dans le reste de la Suisse, le suisse allemand. La quatrième langue nationale est le romanche, qui est parlé dans le sud-est de la Suisse. Verstanden ?
02. Faire répéter
Nous n’allons pas le répéter nonante fois.
03. Laisser ses traces en Suisse
Certes, il y a en nous une dimension artistique indéniable que le monde entier nous envie. Laisser notre trace, pour nous Français, appartient à notre fierté nationale : musique, art, architecture, reprise de volée, brochet au beurre blanc… D’accord. Mais est-ce une raison pour laisser nos pelures de clémentines sur le trottoir ?
04. Se passer de météo
Magnificence de notre suffisance, nous serions capables, au doigt mouillé, de deviner le temps de la journée rien qu’en admirant un ciel bleu. Quelle audace ! En un petit vent déluré, tout peut bouger : pleuvoir sur le lac de Brienz et faire beau à Saint-Gall. Élémentaire.
05. S’enfermer dans le cliché
D’accord, on vous accorde deux jours de chocolat et de fromage à volonté. Une fois bien malade, vous pourriez imaginer de tourner la page suivante : rösti avec un œuf au plat et une saucisse à rôtir, les capuns des Grisons (quenelles à base de pâtes), ça ne vous dirait pas ? Ou encore l’émincé à la zurichoise avec des spätzlis, puis, à la limite, un birchermüesli ? Il est grand temps de sortir du papier alu des tablettes et des vaches Milka. Quant à la gastronomie suisse, attendez-vous à une envoyée aussi puissante que le jet d’eau de Genève… 140 mètres.
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06. Faire ses courses le samedi
Certes, il y a une dimension maso à faire des achats avec tout le monde, l’ivresse de la queue-leu-leu, le vertige de la chenille… Mais, tout de même, il y a des limites. Essayez à la rigueur le dimanche. Ce sera plus calme. Mais tout sera fermé.
07. Faire fondre sa carte de crédit
Il convient de se souvenir qu’elle va cramer. La Suisse est l’un des pays les plus chers en Europe avec l’Islande et la Norvège. Raison de plus pour déjouer les sports d’hiver à Gstaad et prendre régulièrement le contre-pied et des cartes de paiement style Revolut, évitant les taux de change des supermarchés et des distributeurs un peu meuh meuh.
08. Parler argent
Là-dessus, restons stoïques, c’est un sujet qui vous brûle la langue, comme la politique de l’immigration et autres mèches à dynamite, mais mieux vaut éviter et parler de la météo. Ici, on ne parle pas d’argent, on en a. Point.
09. Oublier de dire bonjour en Suisse
Vous n’êtes pas Éric von Stroheim, ou Booba, vous promenant avec une minerve mentale. Ici, lorsqu’on se balade sur l’un des 60 000 km de sentiers, on évite de regarder ses chaussures. C’est d’une impolitesse sans nom. À la montagne, même parfois en France, on se salue. Pas en marmonnant, mais clairement « brüezi », « buongiorno » ou « bun dì ». Voire « bonjour ». Regardez maintenant vos lèvres, elles ne sont même pas gercées.
10. Lancer les sujets qui fâchent
Nous aimerions que vous reveniez sain et sauf de ce voyage. Faut-il placer le fromage de la raclette sur les pommes de terre ou à côté ? Misère de misère, taisez‑vous ! Contentez-vous de boire votre verre de fendant du Valais et de demander à vos amis si, enfants, ils étaient Migros ou Coop ?
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