×
SUV Qamfree 3, de Qoros
Le constructeur Qoros est le fruit d’une joint-venture entre le chinois Chery et l’israélien Israel Corporation. Ci-dessus, son SUV hybride rechargeable Qamfree 3.
melanie2

The Good Business

La voiture du futur naîtra-t-elle à Shanghai ?

The Good Business

Partie plus tard que l’Europe et les États-Unis, la Chine accélère sur le marché de la voiture connectée et électrique. A Shanghai, où se concentrent les centres de R&D et les joint-ventures entre constructeurs étrangers et partenaires locaux, où se déroule, tous les deux ans, le plus grand salon de l’automobile chinois et qui voit naître des start-up innovantes aux ambitions mondiales, l’industrie automobile se réinvente à grande vitesse. La mégapole est devenue, dans un secteur en pleine mutation, un véritable laboratoire.

Centre d’innovation

Shanghai, mégapole réputée être la plus occidentalisée de Chine, est un endroit idéal pour faciliter le recrutement international. Les constructeurs chinois, à l’instar de NextEV ou de Qoros, y ont constitué des équipes d’ingénieurs et de designers très cosmopolites. Par ailleurs, la ville abrite de nombreuses start-up spécialisées dans le marketing numérique. Les constructeurs automobiles y développent cette expertise cruciale de la nouvelle économie et testent des solutions innovantes.

Les pop-up stores, ces stands mobiles installés dans les nombreuses foires organisées dans les centres commerciaux ou les aéroports, organisent régulièrement des démonstrations technologiques très appréciées des jeunes clients chinois. Ce canal de vente enregistrerait déjà une dizaine de commandes fermes par jour et représente une alternative intéressante au modèle coûteux des concessions. L’explosion des market places en Chine est un autre enjeu fort pour les constructeurs, qui doivent mettre en place une logistique ­ultraperformante et s’essayer, comme BMW et Daimler, à la vente directe de véhicules sur les réseaux sociaux ou des sites d’e-commerce.

Nextev a imaginé une supercar ultrapuissante au design futuriste, capable de rivaliser avec l’américain Tesla. Un bolide à 900 000 $.
Nextev a imaginé une supercar ultrapuissante au design futuriste, capable de rivaliser avec l’américain Tesla. Un bolide à 900 000 $. DR

NextEV, une start-up shanghaïenne aux ambitions mondiales

NextEV se construit un écosystème à l’échelle mondiale en allant chercher les meilleures expertises et les meilleures ressources là où elles se trouvent. Elle a installé à San José, en Californie, le centre de développement du software ; à Munich, le cœur du développement et du design ; à Shanghai, l’ingénierie ; et à Nankin, une usine de production. Son fondateur, William Li, a recruté une équipe dirigeante cosmopolite pour piloter le développement de NextEV : principalement Martin Leach, ex-Ford Motors – décédé le 1er novembre dernier –, et Padmasree Warrior, véritable star de de la tech, ancienne responsable de Cisco. Pragmatique, la direction de l’entreprise sait que, dans la nouvelle économie, on ne fait pas tout tout seul. Un accord industriel a ainsi été signé avec le constructeur JAC Motors. Ambitieuse, NextEV voit grand et n’hésite pas à investir massivement dans le marketing pour se faire un nom et une réputation au niveau mondial. Son écurie de formule E, l’équivalent électrique de la formule 1, est pilotée par Nelson Piquet Jr, qui a décroché le premier titre de champion du monde dans cette catégorie en 2015.

Mais, là aussi, les acteurs chinois vont plus loin et prennent la main. Alibaba, géant de la vente en ligne, dont le siège est situé à Hangzhou, à 180 kilomètres de Shanghai, s’est associé au constructeur Shanghai SAIC pour créer une coentreprise dans le véhicule connecté. Pour les grands constructeurs mondiaux, la donne est donc en train de changer à ­Shanghai. Ils ont tous lancé avec leurs partenaires chinois des centres de R&D afin d’adapter le style de leurs voitures au plus grand marché du monde et de répondre à une forte demande de transfert de savoir-faire et de technologies occidentales. Mais une nouvelle tendance émerge, née de la révolution numérique et du virage vers une économie à valeur ajoutée résolument pris par le gouvernement chinois. Celui-ci pousse aujourd’hui ses champions nationaux, qui accélèrent ainsi leur montée en compétences et dynamisent l’innovation.

Voiture connectée

Dans son nouveau centre de R&D, PSA et Dongfeng travaillent ainsi sur l’interface homme-machine (IHM) en collaboration avec l’université Tongji. Multisensorielle, s’appuyant sur la réalité augmentée et l’intelligence artificielle, l’IHM made in Shanghai pourrait bien inspirer les véhicules européens et devenir un standard international. Les équipementiers sont également en première ligne. En juin dernier, Michelin, très présent sur le segment des services à la mobilité, a investi dans une start-up chinoise de services de voiturier via une plate-forme numérique, e Dai Bo, qui avait lancé son premier service d’entretien automobile à l’aéroport international de Shanghai-Pundong.

Désormais, elle s’appuiera sur TyrePlus, le réseau franchisé de la marque au Bibendum en Chine, constitué de 1 400 ateliers. « Il existe un véritable écosystème chinois de la voiture connectée autour de start-up, de constructeurs, d’équipementiers et de géants de l’Internet. L’appétence des clients chinois pour les nouvelles technologies du numérique et leur ouverture au changement sont de puissants moteurs pour innover », confirme Dominique Piolle, directeur technico-commercial Chine de Dassault Systèmes, basé à Shanghai. Pôle technologique important, la ville travaille sur son projet de smart city. Dans une industrie automobile en pleine rupture, les Chinois ne sont pas embarrassés de vieux modèles et inventent très vite de nouvelles routes pour la voiture de demain.

Voir plus d’articles sur le sujet
Continuer la lecture