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Abandonnés par leurs propriétaires, les bateaux ventouses polluent les ports de plaisance de France. Ventes aux enchères ou recyclage, les solutions pour les exploitants sont forcément coûteuses et pénibles.
Entre le voilier de Cannes et le Swift Trawler de Saint-Malo, on en oublierait presque le vieux rafiot de papa dans la marina de La Rochelle. Hop, hop, hop, il est temps de le récupérer et de régler la note à la régie du port ! Blague à part, les rades de France font face au fléau des abandons sur les pontons.
On les appelle « bateaux ventouses ». Des navires, le plus souvent de plaisance, laissés là, à flot et dont les propriétaires ou leurs héritiers ont cessé de payer les droits de port. Le manque à gagner pour les exploitants peut être stratosphérique. Pourquoi ne pas mettre les mauvais payeurs en demeure ? Encore faut-il mettre la main dessus ! « Ça n’arrive que deux fois sur dix de les retrouver », peste Jean-Marie Le Bras, adjoint au maire de Rochefort, à Sud-Ouest.
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Pas de bonne solution
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Pour limiter la casse, les exploitants peuvent tenter de revendre aux enchères les embarcations. Loin d’être suffisant pour compenser la perte. Les bateaux se vendent quelques milliers d’euros tout au plus quand la dette à la régie peut atteindre plusieurs dizaines de milliers. Et si ceux-ci sont à l’état d’épaves, il faut encore sortir le chéquier pour les démanteler. Comptez 100 euros le mètre donc 1000 euros en moyenne par bateau. Pas le choix pour ces ports où les listes d’attente pour amarrer varient d’un an à plusieurs années selon les villes. Ajoutez à cela le risque que représente la présence d’épaves dans une rade (incendie, pollution, etc.).
Les Minimes à La Rochelle, l’un des plus grands ports de plaisance d’Europe, a mis à jour son règlement en janvier dernier pour mieux lutter contre le fléau des bateaux ventouses. Précisant notamment que les bâtiments à flot doivent être en bon état et autonomes. Dans le cas contraire, les propriétaires ont 15 jours pour déplacer le bateau et disposent d’un délai supplémentaire pour le remettre aux normes. Si rien n’est fait, un expert de navigation juge de l’état d’usage du navire et la régie peut se substituer au détenteur pour évacuer et détruire le rafiot.
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Cocorico
En 2017, on estimait que sur les 650 000 bateaux dans les eaux françaises un peu plus de 200 000 étaient hors d’usage. Selon ces chiffres, il faudrait pouvoir détruire quelque 13 500 navires par an pendant 15 ans pour résoudre le problème. Pour y parvenir, l’ancienne ministre de l’écologie Ségolène Royal a instauré une filière de recyclage des navires de plaisance dès 2109, financée par une éco-taxe sur l’achat d’un bateau neuf. Une première en Europe faisant de la France un pionnier en matière de démantèlement. Pas sûr que cela suffise à redonner le sourire au exploitant de port qui continue de perdre de l’argent.
J.M