Voyage
Coiffé par l’unique rooftop du village, l’établissement tropézien peut se targuer d’avoir la plus belle vue de toute la ville. Visite.
Depuis la terrasse, le regard embrasse le clocher de l’église au milieu d’une mer de toits de tuiles et se perd sur les flots de la Méditerranée. On y devine le cliquetis des mâts de bateaux mouillant dans le port. Pas de doute, on est bien dans le village rendu célèbre, entre autres, par Brigitte Bardot et le film Et Dieu créa la femme. Autour de la piscine – chauffée l’hiver –, on hésitera entre la carte des cocktails du bar lounge et celle du restaurant Les Toits. Le soir, sous la magie d’une voûte forcément étoilée, les notes rythmées des musiciens live ou plus syncopées des DJ en font une destination incontournable. Mais le toit- terrasse n’est pas la seule attraction de l’ Hôtel de Paris, loin de là.
Les 90 chambres et suites ont été décorées par Sybille de Margerie, à qui l’on doit, entre autres, les hôtels Le Barthélemy, à Saint-Barthélemy, Cheval Blanc, à Courchevel, Mandarin Oriental, à Paris, et Royal Atlantis, à Dubaï. La designer y distille un style méditerranéen contemporain, jouant avec la lumière chaude du Sud, les effets de matières et la géométrie qu’imposent certains tissus imprimés façon ikat.
Elle fait également référence à son enfance tropézienne, déroulant ici et là des coussins et des plaids aux teintes acidulées très 60’s et 70’s. Dans les espaces communs, dont le lobby, elle égraine des touches à effet « waouh », à l’image de ce lustre magistral composé de 3 500 pétales d’aluminium laqué ivoire. La singularité de l’hôtel réside aussi dans son passé, très étroitement lié à la scène artistique. Inauguré en 1931, l’établissement est rapidement devenu l’un des rendez-vous préférés des artistes en villégiature. « Les peintres y prenaient leur quartier d’hiver et l’intelligentsia parisienne y avait ses habitudes », souligne Libertée Guillot-Sestier, la directrice des ventes de l’hôtel.
Le peintre André Dunoyer de Segonzac y vécut à l’année, Mistinguett et Clark Gable furent des clients réguliers. A partir des années 50, l’établissement voit défiler, dit-on, le tout-Saint- Germain-des-Prés, de Jean-Paul Sartre à Boris Vian. « L’hôtel a toujours été tourné vers les arts. Aujourd’hui encore nous accueillons des expositions temporaires, dont l’une des dernières était de Sylvain Subervie qui présentait son banc de poissons volants sur le toit et ses soldats dans le lobby. »
L’établissement, membre du réseau Preferred Hotels & Resorts, se transforme ainsi souvent en véritable galerie d’art. Il est, par ailleurs, partenaire du Festival des antipodes, un événement consacré au cinéma d’auteurs australiens et néo-zélandais qui se déroule en octobre. L’art comme fil conducteur, donc.
Et surtout l’Art déco, l’une des passions de feu Claude Dray qui racheta cette institution hôtelière en 2001, avant d’y mener de longs travaux d’aménagement et de lui redonner tout son lustre. Sa femme, Simone Dray, poursuit le travail de son mari, qui possédait également le National Hotel Miami Beach, niché dans un bâtiment Art déco de Miami. Une célébration des arts d’une rive à l’autre, de l’océan à la mer.