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Rénové avant que la guerre en Ukraine n'éclate, le terminal international de l'aéroport d'Helsinki ambitionnait de devenir le hub européen des longs courriers vers et depuis l'Asie, fort de temps de vol record. Alors que le survol de la Russie est désormais proscrit, les durées de trajet s'allongent et avec elles s'éloigne son dessein de s'imposer comme le hub principal du tourisme Europe-Asie.
Alors qu’il voit dix ans de chantier prendre fin, l’aéroport d’Helsinki-Vantaa, plus grand, plus beau et doté des dernières technologies, peine à trouver sa place à l’international.
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Les ambitions conjointes de Finnair et Finavia
Les longs courriers opérés par Finnair décollent, logiquement, de l’aéroport Vantaa d’Helsinki (HEL). Acteur majeur des rotations du hub finlandais, la compagnie aérienne a soutenu le projet de son agrandissement et de sa modernisation déployé de 2013 à 2023. Imaginée par ALA Architects (déjà à la manœuvre de la bibliothèque Oodi), la nouvelle mouture (pas encore exactement achevée) articule ainsi ses portes d’embarquement autour d’un food market et de boutiques en tous genres (de luxe pour un brin de shopping duty free mais aussi nationales pour embarquer quelques autres souvenirs) pour faire patienter sans douleur ses passagers en correspondance. Côté international, la signalétique est traduite en Japonais, Chinois et Coréen, les menus des restaurants penchent pour les saveurs de l’Orient et des vendeurs et vendeurs sachant parler les idiomes asiatiques peuplent les boutiques.
Le projet, d’une valeur estimée à 1 milliard d’euros, a été conduit par Finnair avec le concours des autorités locales.
Le chantier a notamment concerné le Terminal 2 de l’aéroport d’Helsinki-Vantaa, débuté en 2019. Sa superficie totale a été augmentée de plus de 45 % — elle atteindra d’ici 2024 environ 250 000 m². Un investissement qui traduit les grandes ambitions conjointes de Finavia et Finnair : faire de l’aéroport d’Helsinki-Vantaa le leader du tourisme entre l’Europe et l’Asie. Un objectif pouvant paraître démesuré compte tenu du trafic modéré l’aéroport — 12,8 millions de passagers en 2022, Heathrow, l’aéroport le plus fréquenté en Europe cette année-là, en comptait 61,5 millions —, de sa taille aussi, pourtant pas si utopique : en 2017, HEL desservait déjà 18 villes asiatiques, alors qu’un aéroport de taille comparable comme celui de Varsovie n’opérait que quatre lignes vers l’Orient. En septembre, Finnair a annoncé ouvrir quatre nouvelles lignes vers le Japon.
« Cela fait 20 ans que nous poussons notre stratégie vers l’Asie », a déclaré Topi Manner, le directeur général de Finnair, au New York Times. Avant la pandémie, la moitié du chiffre d’affaires de la compagnie aérienne était générée par les voyageurs en provenance d’Asie. Les passagers qui transitaient par Helsinki vers d’autres destinations en représentaient 60 %. En 2022, Finnair a annoncé un investissement de 200 millions d’euros pour moderniser de sa flotte avec des Airbus 330 et 350. Trois ans auparavant, elle avait déjà repensé ses deux lounges non-Shengen (Business et Platinum Wing) afin d’accueillir ses passagers privilégiés.
Une ligne plus si directe
La guerre en Ukraine éclate fin février 2022 et entraîne avec elle la fermeture de l’espace aérien russe. C’est un coup dur pour la Finlande qui avait parié sur sa position géographique idéale, aux portes de la Russie, pour faire de son aéroport le pivot du tourisme Europe-Asie. En ces temps-là, Helsinki reliait Tokyo en neuf à dix heures.
Aujourd’hui, il faudra compter environ 14 heures de vol pour avaler le même voyage, mais pas le même trajet. Un survol direct de la Russie s’est transformé en détour jusqu’aux portes du Pôle Nord, offrant au passage un diplôme honorifique à ceux qui l’atteindront — souvent sur le vol Tokyo-Helsinki —, une route déjà empruntée lors de la Guerre Froide, qui rallonge le temps de trajet de 40 %.
Le renouveau de l’aéroport d’Helsinki-Vantaa
Alors que les touristes asiatiques n’affluent pas encore en masse dans le Terminal 2 spécialement imaginé pour eux, les voyageurs ayant choisi de transiter par Helsinki-Vantaa se raviront d’un espace moderne et serviciel. Restaurants, bars, boutiques collent, comme étayé plus haut, aux préoccupations du 21e siècle. L’architecture même du terminal rend également le voyage plus doux. Le cabinet ALA architects a en effet choisi de s’emparer de la hauteur des volumes en place pour convoquer des pièces de design et des formes sculpturales pour occuper l’œil des passagers.
Parce que le confort l’un des axes majeurs du renouveau du terminal, un point de relaxation a été installé au centre du terminal 2, doté d’écrans jouant des scènes de nature pour bercer les voyageurs qui devraient faire une pause entre deux avions. Finie, donc, la sieste sur le banc d’une salle d’embarquement… Bien que ceux-ci aient été repensé sans accoudoir afin de permettre, le cas échéant, la micro-sieste.
Les voyageurs internationaux se raviront également des dernières nouveautés en matière de technologie. Un sas de contrôle permettant aux vols internationaux de rejoindre facilement et rapidement le terminal des vols Schengen a été remodelé. Equipé de machines dernier-cri, il n’est plus nécessaire de sortir de sa valise cabine ses smartphones, ordinateurs ou même liquides. La limite de 100ml par passager vient même de sauter : chaque voyageur peut désormais embarquer en cabine 2 litres de liquide.
De par son design, ses infrastructures et son parcours voyageur, l’aéroport d’Helsinki-Vantaa s’impose comme l’un des meilleurs aéroports européens sans pouvoir s’enorgueillir d’une position confortable parmi les plus fréquentés. « Nous croyons toujours à notre stratégie, soutient Sami Kiiskinen, vice-président en charge développement de l’aéroport. Poutine ne tiendra pas pour toujours. »
Site internet de l’aéroport.
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