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« L’insouciance, c’est important pour nourrir les imaginaires » : l’édito good mood de Paul Miquel

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Le nouveau numéro de The Good Life est en kiosque. Un numéro spécial "good mood" dans lequel on s'interroge sur la recette du bonheur. Peut-être bien que Paul Miquel, le rédacteur en chef de The Good Life, a la réponse...

Cet édito est issu du numéro 58 de The Good Life spécial « good mood », actuellement disponible en kiosque. Pour être sûr de ne pas le rater, abonnez-vous

« Dans l’absolu, je pense que pour qu’il y ait bonheur, il faut d’abord qu’il y ait volonté de bonheur. Or très peu de gens savent ce que peut être leur bonheur. Ils pensent que le bonheur n’est pas dans l’être mais dans l’avoir, dans la possession. Du coup, ils s’enferment dans la souffrance car c’est un puits sans fond : quand on a, on n’a jamais assez. En ce sens, on ne peut pas être heureux si l’on investit dans l’avoir. En revanche, si l’on investit dans l’être, chaque fois qu’on obtient un progrès dans l’être, on progresse vraiment. » 

Michel Onfray, entretien avec Pierre Rahbi 
Philosophie Magazine, Juillet 2013

Comme il ne faut pas confondre vitesse et précipitation, il convient – en ces temps complexes – d’éviter d’amalgamer hédonisme et épicurisme. Pour cela, se plonger dans nos anciens cours de philo se révèle salutaire. La recherche du bonheur, essentielle pour l’être humain, a toujours été au centre des réflexions de ces bons vieux penseurs grecs.

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En résumé ? Pour l’épicurien, le but suprême du bonheur se traduit par des plaisirs de vie mesurés et raisonnables. En revanche, chez l’hédoniste, le bonheur est synonyme de plaisirs immédiats pour jouir, dans l’instant, de tout et de trois fois rien : se divertir, voyager, consommer, satisfaire ses sens et ses envies.

Hédonisme contemporain

Une quête illusoire ? Peut-être. Et alors ? N’est-elle pas pour autant essentielle ? Que signifie être heureux aujourd’hui ? Dans un monde qui ne cesse de bouger, la notion de bonheur est-elle aussi mouvante que nos économies ? C’est pour tenter d’apporter des ­réponses à ces questions – ne mentons pas, tout le monde se les pose – que ce numéro de The Good Life décortique les mille facettes de l’hédonisme contemporain.

Alors, le « Good Mood », ça donne quoi ? Aller à Buenos Aires pour une virée dans la plus européenne des villes sud-­américaines que – même si Messi et ses amis ont renversé les Bleus en finale du dernier Mondial – nous aimons tant. Rencontrer la maire de La Nouvelle‑Orléans, qui a fait de la résilience une vertu pour le moins cardinale. Imaginer, avec l’économiste Marc Fleurbaey, la possibilité de remplacer le PIB par un nouvel indice d’évaluation qui serait le BIB : le bonheur intérieur brut.

Accepter les paradoxes

Se décider, enfin, à manger des insectes ; assumer notre part d’enfance sans culpabiliser ; tester les applis de rencontre, comme ça, pour voir ; choisir des écolodges pour le week-end ; repenser le développement de nos villes en revisitant les toits et les rooftops ; accepter l’érotisation de certaines relations ; mais aussi continuer à aimer tous les plaisirs de la vie : les bonnes tables, les vieilles autos, les œuvres d’art, les belles bouteilles, les montres compliquées et les hôtels de luxe. Être écoresponsable et hédoniste en même temps, est-ce possible ? C’est tout simplement vital. Un brin paradoxal ? Oui. Comme l’est notre monde. Comme l’est tout le monde.

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« On arrive à un tel paroxysme de contexte anxiogène que l’on est aujourd’hui presque dans un basculement, souligne Patricia Beausoleil, directrice des secteurs Prospective, Environnement et Design au sein de l’agence de conseil en tendances Peclers Paris, dans le dossier de présentation du salon Maison & Objet de la rentrée (du 7 au 11 septembre 2023).

On essaie d’être hyper raisonnable et on s’aperçoit que, finalement, on est tous faits de contradictions. Nous avons besoin d’aller sur ces territoires plus réservés, exclusifs, individuels, presque égoïstes, pour conserver une forme de bien-être. Nous avons besoin de retrouver des formes d’optimisme. » Traduction : il faut lâcher un peu du lest.

Le good mood de l’insouciance

D’où cette couverture de The Good Life qui assume à 100 % son penchant régressif avec une installation signée Julio Kowalenko and Rodrigo Armas, le duo d’architectes vénézuéliens d’Atelier Caracas qui mène une quête esthétique entre mode, design et investigation esthétique.

Un truc un peu foutraque, légèrement absurde, clairement irrévérencieux et totalement insouciant. L’insouciance, c’est important pour nourrir les imaginaires fantaisistes et les joies décalées du quotidien. Pour garder le « good mood ». Le temps du hic et nunc est désormais celui des couleurs vives, tranchées et des prises de risques émotives qui peuplent nos désirs.

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Quand l’horloger suisse indépendant Oris choisit Kermit la grenouille pour promouvoir ses créations, il ne dit pas autre chose. Quand Renault relance son monospace historique, même histoire. Idem pour l’explosion des platines vinyle. On peut aimer le passé et croire en l’avenir. Encore faut-il savoir chérir le présent. C’est un peu ça, la good life, non ?

Paul Miquel,
rédacteur en chef de The Good Life.

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