Voyage
À bord du Club Med 2, The Good Life vous en dit plus sur le plus grand voilier de plaisance au monde. Décryptage.
Il a fêté ses 30 ans en 2022 et s’est offert un lifting quasi complet il y a quelques mois sous la houlette du studio d’architecture Sophie Jacqmin. L’iconique voilier Club Med 2 illustre aujourd’hui le parfait combo entre l’exigence d’un resort Exclusive Collection et l’esprit du yachting né sur la Côte d’Azur.
À lire aussi : Bateaux ventouses, qui a oublié son yacht dans le port ?
A bord du Club Med 2
Avec 31 millions de passagers en 2023, dont 20 millions rien qu’en Méditerranée, le secteur de la croisière connaît de beaux jours. Et l’avenir du Club Med 2 ne s’annonce pas moins radieux, puisqu’il demeure à lui seul une expérience quasi unique : plus de trente ans après sa naissance, il demeure le plus grand voilier de plaisance au monde. Un cinq-mâts spectaculaire, qui combine l’esprit des grandes traversées à la voile aux allures de yacht contemporain tout confort.
Au total, 184 cabines sur trois ponts, quatre bars, deux restaurants, un hall nautique, une salle de fitness et deux -piscines qui se partagent les 187 mètres de ce navire baptisé en 1992 par l’impératrice Mitchiko du Japon. Dernier d’une série de cinq paquebots à voiles construits entre 1987 et 1992, il succède à Club Med 1, livré en 1990, revendu, depuis, à l’armateur d’origine.
S’il a d’abord navigué sur l’océan Pacifique, entre Nouméa et le Japon, Club Med 2 a été rapatrié, via le canal de Suez, sur le marché historique de la croisière, la Méditerranée et les Caraïbes – premier espace de navigation de la croisière « moderne » au départ de Miami, dans les années 60.
En 2023, il sillonne une cinquantaine d’itinéraires et passe le plus clair de son temps entre les eaux chaudes caribéennes en hiver, et celles du bassin méditerranéen à la belle saison. Sa signature ? Les transatlantiques au départ de Lisbonne, qui rejoignent, en 15 jours, les ports français de la Martinique et de la Guadeloupe.
« Il y a une clientèle qui ne vient que pour cela, pour le plaisir de la navigation… avec neuf jours sans escales. Cette notion de performance et l’esprit sportif que ce voilier cultive reste définitivement au cœur des valeurs du Club Med », confie Jean-Charles Thillays, directeur Croisières de la maison.
À lire aussi : Hurtigruten lance le premier navire hybride… Quel avenir pour les croisières écolo ?
Un mélange de navigation et d’expériences
Avec un taux de « repeaters » de 70 à 80 % (environ quatre passagers sur cinq reviennent dans les cinq ans), le plus difficile reste de convaincre de monter à bord une première fois. Les clichés ont la peau dure, notamment auprès des moins de 50 ans, même si le secteur de la croisière affichait déjà une progression annuelle de 7 à 11 % avant la crise sanitaire. C’est pourquoi l’équipe (réduite) de Club Med 2 travaille ses itinéraires sur mesure d’une année sur l’autre. S’ajustant au plus près des tendances et des envies en matière de tourisme ; en fonction des succès aussi.
Si l’Italie, la Grèce et les Antilles françaises gardent le vent en poupe, il y a de nouvelles attentes sur des destinations plus confidentielles, sur certains « bouts du monde » jugés plus faciles d’accès dans le cadre d’une croisière, qu’avec les aléas d’un voyage en individuel. C’est le cas, par exemple, du Panama qui rouvre ses frontières et offre des paysages encore peu connus du grand public.
« Nous avons désormais à cœur d’investir également de plus en plus les petites îles, là où les rencontres avec les locaux gagnent en authenticité. Nos clients ont envie de revenir aux fondamentaux, à ce qui fait l’essence du voyage : la découverte de l’autre, l’exploration de sites encore sauvages. C’est d’ailleurs la polyvalence de nos beachers qui nous démarque aussi des autres croisiéristes. Ces petits bateaux qui nous permettent de débarquer partout, même sur les plages difficiles d’accès. Nous notons aussi une nouvelle appétence pour les itinéraires qui incluent de vrais temps de navigation, confie Jean-Charles Thillays. On vient “faire du bateau”. Et la levée des voiles, au coucher du soleil, reste un moment fort du quotidien. »
À lire aussi : L’Harmony of the Seas surfe sur le boom des croisières
L’alliance parfaite du resort et de l’itinérance
Le quotidien, justement. Affranchi de tout a priori, on embarque un dimanche pluvieux sur le port de Nice. Les 2 700 m2 de pont en teck de -Birmanie sont trempés, et le départ a quelque chose d’un peu mélancolique en ce mois de mai. Le contraste est presque saisissant avec le cadre ultracontemporain et joyeux des espaces communs, reliftés avec les codes de la Riviera – du bleu, du laiton, de la toile à matelas aux rayures acidulées, avec le chic lumineux d’un restaurant gastronomique de bord de mer baptisé Monte-Carlo.
Une table avec service à l’assiette, tables nappées et alcôves circulaires pour une ambiance cossue et tamisée au dîner et sur réservation. La rénovation de Club Med 2 s’inscrit parfaitement dans la montée en gamme lancée par la maison il y a plusieurs années déjà, et cette « Exclusive Collection » (la distinction la plus premium de la marque) demeure un produit à part, comme le confirme Jean-Charles Thillays.
Pas de crazy signs à l’heure du premier aperitivo sur cet itinéraire entre la Corse et l’Italie, mais la possibilité d’assister aux conférences de l’historien Franck Ferrand sur la Renaissance, les Médicis, Michel‑Ange… Avec trois bars (trois ambiances) et 207 membres d’équipage pour 368 passagers, on retrouve la signature du Club Med et c’est ce qui nous a plu : un service et une disponibilité qui demeurent une priorité, mais avec, en fil rouge, une décontraction et une approche intergénérationnelles.
Familles, bandes de copains et couples trouvent facilement leur place dans cet espace aux styles multiples : bar à jus confidentiel sur le pont le plus haut, plage à l’ambiance French Riviera autour de la piscine du pont principal… et après dîner, là encore, les sensibilités diffèrent entre l’ambiance jazzy au Yacht Club Lounge et les DJ sets au bar Portofino.
Mention spéciale pour les buffets qui n’ont, ici, rien d’une corne d’abondance, mais privilégient une offre pertinente, « quali » et restreinte, entre petits plats mijotés, pêche du jour, recettes italiennes et crudos ultrafrais en entrée.
Bien sûr, pas de Club Med sans un hall nautique qui tienne la route : concentrés à la poupe du bateau, une quinzaine de sports (plongée, wing surf, paddle, kayak, foil, planche, ski nautique, wakeboard…) sont à la disposition des mordus de glisse, tandis que le partenariat avec ByHeberson (l’une des signatures des Exclusive Collection) permet de suivre les cinq cours quotidiens de yoga, méditation, étirements, respiration… dispensés par Polya.
Avec ce format itinérant et à taille humaine, Club Med affiche un produit assez unique en réalité. Combinant leur savoir-faire en matière de resort à la française, leur ADN à la fois sportif et festif, et l’esprit chic du yachting que l’on vient chercher sur un voilier de cette envergure. Des arguments solides pour convaincre les récalcitrants aux croisières, que l’on croit trop souvent réservées, à tort, au troisième âge.
À lire aussi : Icon of the Seas, le géant marin controversé de la Royal Caribbean
Site internet du Club Med 2.