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Bora-Bora, île de rêve ou cauchemar touristique ?

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Se retrouver coincé sur un bateau entre des perches à selfies et des touristes en lycra : et si c'était ça le vrai visage de Bora-Bora ?

Certes, partir en Polynésie française ne se décide pas sur un coup de tête. Mais pour quiconque aurait déjà réservé son trajet pour traverser le monde à contre-temps, faire escale à Bora-Bora est-il de rigueur ?


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Le voyage d’une vie

Paris-Los Angeles, Los-Angeles-Tahiti, Tahiti-Bora-Bora. Le voyage n’est pas de tout repos. Pourtant, dès le premier pied posé sur le sol polynésien, tout est oublié. Il y a une magie de vivre sur l’archipel, une douceur, voire une lenteur. Les vacances, quoi.

La Polynésie est une Collectivité d’Outre-mer et bénéficie d’une large autonomie au sein de la République. Le Français de métropole ne sera pas déconcerté : tout le monde parle la langue. Malheureusement, le Tahitien comme les autres dialectes polynésiens ne sont majoritairement parlés que par les anciens. Les écoles font cours en Français, seules quelques heures par semaine sont alouées à l’idiome local.

On mange peu ou proue la même chose au Fenua (c’est comme cela que les Polynésiens désignent leur pays) qu’en métropole. Fait d’acculturation forcée comme de volonté de s’assimiler à son territoire d’attache, la cuisine polynésienne, à l’exception de ses spécialités, reprend la base de l’alimentation qu’on connait sur le continent. Certes, on ne se taille pas une bavette tous les dimanches midis mais les rayons des supermarchés sont familiers.

Cap sur Bora-Bora. © Paulina Cadoret
Cap sur Bora-Bora. © Paulina Cadoret Paulina Cadoret / Unsplash

On retrouve dans quasi tous les restaurants des plats français et/ou du monde qui sonnent tout doux à l’oreille. D’où vient cette burrata au menu ? « D’Italie, nous répond-on en tordant la bouche. Elle a fait un sacré voyage mais nous sommes obligés d’en mettre au menu pour nos touristes» Si parfois les frites sont de « uru » (le fruit de l’arbre à pain — c’est délicieux) ou de patates douces, les pommes de terre restent la norme, surtout quand elles accompagnent un bon burger saignant fait dans les règles de l’art.

Cette acculturation culinaire se retrouve sur les îles principales de Polynésie et dans les grands hôtels. Lors d’un séjour aux Îles Marquises, il sera plus ardu de trouver cette fameuse burrata, les locaux préférant cuisiner la chèvre ou le porc. A Tahiti ou Bora-Bora, en revanche, demandez des pâtes à la carbonara, elles vous seront servies sans détour — mais avec de la crème.


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Bora-Bora, l’Américaine

Alors, faut-il s’attarder sur les îles les plus connues de Polynésie ? Si Tahiti est un passage obligé, à minima pour transiter, la question se pose pour Bora-Bora.

Haut-lieu du tourisme nuptial, Bora-Bora est l’une des premières îles polynésiennes a s’être fait un nom. Même les Américains, pourtant peu friands de l’archipel français, lui préférant Hawaii, y viennent en masse. Rainui Besineau, président du Comité du Tourisme de Bora Bora, déclarait en 2021 que les curieux venus du Pays de l’Oncle Sam représentaient 59 % des 100 000 touristes annuels. La preuve : alors que la langue de Molière était jusqu’alors de mise dans nos échanges avec le personnel de nos hôtels en Polynésie, à Bora, on s’adresse à nous d’abord en Anglais.

Le St-Regis dont la clientèle américaine frise les 95 %.
Le St-Regis dont la clientèle américaine frise les 95 %. St-Regis

Bora-Bora fut une base militaire américaine de 1942 à 1946, érigée à la suite des bombardements de Pearl Harbor. En guerre contre le Japon, les Américains avaient besoin d’une escale de ravitaillement entre le canal de Panama et l’Australie. En février 1942, quelques 3500 hommes débarquent donc sur la Perle du Pacifique qui compte alors à peine 1200 âmes.

De cette cohabitation demeurent de nombreux canons hors d’usages et baraquements, désormais points prisés des touristes, mais aussi et surtout la piste de décollage-atterrissage de l’île, construite en 1942 pour faciliter les ravitaillements. On atterrit encore aujourd’hui sur cette même piste, posée comme un cheveux sur un minuscule îlot peuplé d’un unique bâtiment, son aéroport. Les transferts se font en bateau vers les hôtels qui peuplent Bora-Bora.

L’industrie hôtelière à Bora-Bora

La mise en service de l’aéroport de Tahiti-Fa’a en 1961 a permis à la Polynésie de voir son tourisme exploser. Bora-Bora et ses paysages surréels ont rapidement constitué un pôle d’attraction majeur. La même année, le premier grand ensemble hôtelier de l’île est construit à la pointe Raititi : l’hôtel Bora-Bora.

La croissance de la capacité hôtelière est restée modérée jusqu’en 1994 (465 chambres à cette date). Elle double ensuite en 10 ans (949 chambres d’hôtel en 2004). S’en suit, la même année, la construction de trois resorts d’ultra luxe : l’InterContinental, le Four Seasons et le Ritz Carlton.

Le Bora Bora by Pearl Resort.
Le Bora Bora by Pearl Resort. Le Bora-Bora by Pearl Resort

Avant ça, un petit Poucet non moins charmant avait poussé, lui aussi sur pilotis, sur le motu (îlot) de Tevairoa. Le Bora Bora by Pearl Resort est un hôtel rare pour la destination. Alors que les résidences hôtelières se concentrent sur des zones définies, lui est l’unique occupant de Tevairoa. Particulièrement attaché à la culture locale, car fondé et géré, encore aujourd’hui, par la famille Fourcade, polynésienne depuis des générations, il emploie 90 % de locaux, a été bâti selon les codes de l’architecture traditionnelle des fares (habitations traditionnelles) polynésiens et fait la part belle dans ses restaurants comme dans les amenities proposés en chambre aux produits issus du Fenua.


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Le Bora Bora by Pearl Resort a tiré parti de la pandémie pour se refaire une beauté et créer quelques nouveaux bungalows flottants. 28 chambres supplémentaires ont ainsi été inaugurées en parallèle de la réouverture des frontières en 2022, et de l’accession de l’hôtel à la collection Relais & Châteaux, un gage de qualité reconnu dans le monde entier.

Baignade avec les Manta ?
Baignade avec les Manta ? Daniel Bettech / Unsplash

Depuis la terrasse de l’un de ses bungalows, aucun gros resorts n’est en vue. En revanche, lors d’une excursion en mer, l’une de celles qui vous sera proposée pour aller nager avec des requins à pointes noires (inoffensifs) ou des raies Manta, on se rend compte en contournant l’île principale que les très luxueux Four Seasons, St-Regis, Méridien et InterContinental (entre 1000 et 2700 € la nuit) se suivent sur le motu Piti A’au et… se ressemblent, vus de la mer.

Doit-on donc se rendre à Bora-Bora pour un séjour ? Oui, mais court, et organisé dans le bon hôtel… Sinon, faites escale dans les îles voisines de Huahine, Taha’a ou Raiatea qui, dit-on, ressemblent au Bora-Bora d’il y a 50 ans.

F.L.G.


Le Bora-Bora by Pearl Resort
Site internet


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